Triomphe de la vision sur la dotation initiale

Tu joues au 52 ou au 28, la qualité de la main de cartes ou de dominos dont tu disposes constitue sans conteste un atout majeur susceptible de garantir ta victoire et inversement ton déboire. Cependant, les stratégies rationnelles d’un concurrent - sans être empreintes d’antijeu et d’immoralité - se révèlent encore plus décisives dans la perspective de bien tirer son épingle du jeu.

De nombreux miracles opérés quasiment à partir de rien tout comme des désastres enregistrés nonobstant d’énormes allocations initiales ; tant sur le plan individuel que collectif, l’histoire regorge de tels scénarios hallucinants. En effet, pour le maintien d’un succès florissant, l’avoir de base est loin d’être suffisant ; les facultés consistant à pouvoir et surtout savoir cogiter, prévoir, négocier et combiner les actions afin de dégager des alternatives propices sont plus déterminantes. En dehors de la résolution d’imprégner les décisions publiques d’habilités compétitives dans les secteurs porteurs, aucune nation ne saurait ravir des positions dominantes et donc de meilleurs « payoffs » dans le jeu des coopérations modernes.

Témoins oculaires et auriculaires des histoires du développement, nous avons côtoyé plusieurs derniers dignement promus à la tête grâce au labeur et à la persévérance d’appliquer des stratégies et des approches lucides. Par la même idée, à cause de leur paresse et leur ivresse, une palanquée de premiers est à l’inverse reléguée à la queue.

L’illustration biblique classique de la parabole des talents corrobore ce constat dichotomique entre les combattants qui savent multiplier les grains pour maximiser leurs gains jusqu’à créer des externalités positives et les perdants inaptes à capitaliser sur les atouts à leur disposition. La bonne attitude est génératrice de richesse ; ainsi, dans la quête d’une construction pérenne soutenue par des références cognitives, la dialectique est persuadée que l’être prédomine sur le paraître.

Ressources mal acquises, source de secousses

Qu’il me soit loisible de colporter la métaphore chapeautant le texte - qui soutient la primauté de la vision par rapport à la dotation initiale - dans la dynamique de la vie réelle nourrie par des intérêts protagonistes et antagonistes entre simples individus, acteurs politiques et différentes nations. En effet, plein de projets loyaux implémentés sous l’égide de l’intelligence s’inscrivent en droite ligne dans cet agenda d’appuyer le maintien dans l’arène de la compétitivité internationale par le truchement d’un capital humain compétitif.

À la croisée des chemins entre le contrôle des outils de l’innovation et la création de la richesse se dresse une kyrielle d’initiatives à titre d’alternatives à de meilleures conditions de vie dont la politique de la migration sélective - déloyale dans une certaine mesure - et bien d’autres attractions du talent entrepris par les pays émergents et industriels.

C’est à travers des plans intégrés de court, moyen et de long termes conçus par des professionnels et des serviteurs publics consciencieux que les sociétés avancées ravissent des places princières sur l’échiquier de la modernité et du développement soutenable. En amont des réalisations humaines, et plus évidentes en cette ère technologique mouvementée, la matière grise s’érige comme pierre angulaire de l’édifice social. La robustesse, la finesse, mais surtout la sagesse sont à la base des percées économiques et culturelles du siècle présent.

D’autre part, misérables sont les peuples dont les dirigeants minables, incultes et cupides font grise mine à cette mine inépuisable qui raisonne objectivement pour acheminer le destin des nations vers le bonheur. Les gouvernants arrivistes et affairistes bouchés par la myopie de l’incompétence et de l’indignité ne sont pas à même de développer des stratégies et des pensées altruistes pour gravir des échelons et ravir des bénéfices durables de ce jeu vertueux coiffé par l’expérience pertinente, la transparence et l’efficience.

« Cogito ergo sum » ! Quand c’est le factice bien-être matériel d’une clique aux longs droits qui le remporte sur l’intérêt collectif alors que les voraces ne peuvent même jouir des plaisirs rudimentaires de la vie ; à la Descartes, il faut croire que ces êtres à la petitesse cervicale n’y sont même pas, car ils ne pensent pas au sort malheureux qui les attend dans la certitude.

Crispés, perturbés, menacés en raison de leur ego surdimensionné, les « pétrovoleurs », kidnappeurs et acteurs de l’éminence grise criminelle au service de l’indécence officielle ne vivent pas. Le minimum de conscience qu’il leur resterait porte les gènes ataviques d’un mélange d’insomnie, de schizophrénie et d’une paranoïa paroxysmiques qui hantent leurs esprits en permanence.

Vous aimeriez confirmer cette plausible hypothèse : « Juste faites éclater un « klorat » à leur passage et vous verrez la réaction de ces crèmes de kokorat de la classe économique et politique répugnante qui ne construit même pas un hôpital au pays.
Définitivement, à quoi sert le confort inconfortable de ces dealers pervers métamorphosés en faux leaders quand leur âme pervertie est perturbée matin, midi et soir ?

Haïti dépose ses fesses sur ses propres richesses

Là où des nations œuvrent à investir des fortunes visant à créer des zones touristiques et d’attraction balnéaire, Haïti en dispose de manière naturelle dans une authenticité fabuleuse. Sans compter les multiples sites stratégiques, historiques et touristiques, le Môle Saint-Nicolas en représente un exemple patent qui ne saurait échapper à l’attention du moins curieux.

Le quai du Punta Cana de la République voisine - érigé au coût onéreux pour attirer les touristes et les excursions en bateaux de croisière - serait une caricature du site original captivant de cette zone côtière épique du Nord-Ouest d’Haïti. Derrière ce mégaprojet de destination touristique éblouissante - teintée d’infrastructures attractives, d’hôtels luxueux autour d’une belle vue écologique et d’aéroports pour embellir l’économie dominicaine - se cachait une vision de création de richesses dans un partenariat gagnant-gagnant avec des investisseurs étrangers.

En amont de ces accomplissements qui requièrent confiance dans les institutions régaliennes, il faudrait rappeler que des concessions politiques ont été notamment l’élément déclencheur. L’intelligence politique des acteurs dominicains est la véritable source de démarcation économique entre ces deux pays de l’Ile au cours du dernier demi-siècle. Là où des dirigeants haïtiens têtus et mal-élus ont tenu mordicus dans une bête monomanie de proroger leur mandat per fas et nefas à l’encontre des provisions constitutionnelles, les Dominicains savaient plutôt écourter leur quinquennat en des concessions historiques, dans l’intérêt collectif. Et voilà les résultats : d’un côté de l’Ile, tous les indicateurs économiques et sociaux sont verts, et de l’autre, ceux-ci sont au rouge vif.

Sous un leadership mettant la patrie au premier plan, les descendants de Leonel Fernández empruntent le sentier de l’émergence économique pendant que les orgueilleux héritiers du « dechoukay » de 1986 continuent - en raison de leur absence du sens du service public - de s’enfoncer trois décennies après dans la dégénérescence.

Des études croisées établiraient qu’Haïti dispose d’or, de pétrole, d’iridium et bien d’autres ressources naturelles. Au cours de la dernière décennie, plusieurs scandales ont éclaté au Parlement haïtien où des ministres et présidents ont été épinglés d’avoir paraphé- en dehors des normes de passation de contrats publics - des engagements relatifs aux mines du pays.

Pour scandaleux qu’il fût, on sait tout de même que le Parlement jouait un tant soit peu un rôle de contrôle sur l’Exécutif pour notamment lui empêcher de livrer bêtement les richesses naturelles du pays à des étrangers en contrepartie d’intérêts mesquins qui profitent à de longs doigts stupidement installés à l’hypophyse des axes stratégiques de la Cité.

Parallèlement, l’international a tout manigancé pour que les trois pouvoirs de l’État se réduisent à une servile monocéphalie, puis à une débile acéphalie qui donne de la céphalée politique. Aujourd’hui, les pharisiens de la communauté internationale sont entêtés à l’implémentation d’un référendum constitutionnel délirium pour leur faciliter dans leurs projets avides opaques. A qui profiterait alors la cacophonie politique ? Eurêka !

En dehors de vision, pas de création

C’est en raison de l’absence de vision et de leadership que des pays du Sud tels que la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo octroient naïvement leur fève de cacao et leur cobalt à vil prix pour alimenter en intrants les compagnies chocolatières et les géantes firmes technologiques de la technopole du Nord. Une centaine de milliards de dollars sont générés dans la filière du chocolat chaque année ; à plus de 70%, l’Afrique en offre l’input qui lui ramène moins que 7% des revenus générés alors que l’Europe et l’Amérique du Nord en produisent l’output qui leur rapporte des revenus colossaux.

Le cobalt est extrait par des familles appauvries dans les mines de la RDC en des conditions infrahumaines. Exploités, atrophiés, abêtis, les Congolais déployés dans l’extraction du cobalt attrapent le cancer ; ils continuent de patauger dans la pauvreté abjecte. Pendant qu’ils restent dans l’anonymat sinon réputé pour des cons, ce sont grâce à leur cobalt que téléphones, ordinateurs, gadgets technologiques et des véhicules rapportant des profits faramineux fonctionnent à merveille, sans s’éteindre.

Ainsi continue la vie inique et cynique; d’un côté il y a les « visionnaires » qui maîtrisent la pierre philosophale, dont l’argyropée et la chrysopée pour changer les métaux vils en métaux précieux. De l’autre, on y repère les myopes qui pratiquent le mouvement inverse en convertissant leur argent et leur or en chrysocale. Succès ou échec dans les planifications économiques et sociales, la différence réside dans la planification et la vision des gouvernants.

Ce n’est pas un hasard que les États-Unis ont dernièrement raflé la plupart des médailles des J.O 2020 accueillis par le Japon. Car, le talent ne saurait être latent au sein de cette société moderne qui axe son succès sur un capital humain compétitif. Qu’il s’agisse d’une intégration académique, politique, artistique ou sportive, on s’en fout de ton origine. Pas besoin d’une certaine « signature », d’un statut d’enfant « légitime ou naturel » ; compte surtout ta capacité à chiader et à avancer pour dépasser les limites.

C’est le même jeu que la France a su pratiquer en accueillant puis peaufinant les génies du football en provenance de l’Afrique et de la Caraïbe. Les champions du monde Thuram, Desailly et Vieira sont quand même Français, mais non pure laine. Le Canada s’enorgueillit pour octroyer des médailles de distinction académique, culturelle, sportive et scientifique à un nombre pléthorique d’Haïtiens à la double nationalité, dont Samuel Pierre, Dany Laferrière, Dominique Anglade, Michaelle Jean, Huguentz Dort.

Les sociétés modernes valorisent le talent de partout, lui pourvoient des cadres d’évolution pour atteindre son potentiel. Voici comment elles gagnent. Par ricochet, on déduit pourquoi les autres sont des perdants récalcitrants.

Vous voulez changer le décor ? Alors, avalez votre factice fierté illogique en accueillant vos enfants d’ici et d’ailleurs pour les mobiliser dans la gestion et le développement du pays. Vous savez clairement que les Américains, Canadiens et Français qui déroulent tapis rouge au talent étranger pour fouler leurs institutions les plus prestigieuses ne sont pas des cons.

Stupides alors sont ceux qui ne veulent pas jouer le jeu vertueux d’intégrer la double et la multiple nationalité dans les affaires publiques au sommet. Haïti, parts en quête du talent et de la vision au bercail et à la diaspora ; ainsi, tu sauveras les générations présentes et futures.

Carly Dollin, carlydollin@gmail.com
Instructor-PhD Student in Economics
Master Student in Statistics
Washington State University (WSU)
wsu.edu

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