Le blanc est-il vraiment la source de nos crises?

Il y a un paradigme qui soutient que tout le mal du pays vient des étrangers du Nord. Et les adeptes de cette vision accusent le Nord pour avoir non seulement voulu bannir dans l'histoire mondiale la victoire des esclaves de Saint-Domingue sur la puissance de l´époque (la France de Napoléon), mais surtout pour empêcher qu'Haïti soit une grande nation.

Cette tentative d'explication de nos crises sans doute est une classique parce qu´elle fait référence à une forme d'impérialisme et non plus elle n'est pas forcément haïtienne plus que d´autres pays avec un peu plus de preuves tangibles comme l'embargo imposé à Venezuela ou Cuba par les États-Unis utilisent cette version pour culpabiliser les blancs du Nord. Maintenant, dans le cas d'Haïti, dire que nous sommes dans cet état pendant que ces blancs du Nord sont nos partenaires de près n'est-elle pas une analyse purement idéologique visant à montrer que le capitalisme est la cause principale de nos crises, pour cela il nous faut un système socialiste? Être dans une paresse intellectuelle pour toujours donner un seul élément de réponse à une problématique qui embarque plusieurs disciplines? Ou tout simplement c'est voulu de la part des élites que la réponse doit entrer dans cette simplicité?

Contrairement à ceux qui affirment que les coupables sont les blancs du Nord, maintenant il faut aller vers les blancs du Sud. Je crois que nous nous retrouvons dans ce chaos pour les choix que nous avons faits. Cela veut dire que nous acceptons de nous aligner au côté du capitalisme, mais nous avons peu de tête capable pour comprendre comment à travers la production inarrêtable et l'accumulation de garanties ce système mange cru les pays qui manquent de ressources humaines pour discuter son agenda global et défendre les intérêts nationaux. Pour cela, affirmer que les blancs du Nord sans nous imposer aucun embargo sont les responsables directes de nos crises c’est de ne pas reconnaître notre incapacité de gestion publique et l'absence d'une politique extérieure puisque nous avons le droit et de l'opportunité de coopérer avec eux au lieu d'être tout le temps dans un “échange harmonique" d'où nous devons faire à tout prix ce qu'ils veulent.

Le monde capitaliste qui marche côte à côte avec le libre échange ne fait aucun cadeau. C'est le monde des grands, des géants. C´est pourquoi des pays qui ne se sentent pas encore prêts non seulement se mettent à côté dans le but de protéger ses industries, ses productions et ses intérêts nationaux, mais aussi pour trouver d'abord un accord politique, social et culturel avec les acteurs internes pour savoir ce qu’ils peuvent offrir au marché international en cas ou ils ne sont pas des pays industrialisés. Et c´est le cas de la République dominicaine qui renforçait son tourisme en 1955 et devient une référence en la matière à partir des années 90 jusqu'à nos jours. Mais nous autres haïtiens, au lieu de nous prendre au sérieux avec une politique étrangère qui cesse d'être une marionnette au service des blancs du Nord nous préférons soutenir des thèses conspirationnistes pendant que le pays continue d’importer chez le voisin plus de 30% en terme commercial.

J'ai grand peur pour mon pays parce que ce discours qui donne pour responsables à nos désastres les blancs du Nord -malgré que le courant réaliste dans les Relations internationales sous-entend que les États sont toujours à la conquête de pouvoir pour pouvoir être toujours dominants, mais cela n'empêche pas qu'ils coopèrent avec d'autres États- est en train de faire un appel un peu plus foncé au amateurisme, populisme dans la politique et n’importe quel leader avec un discours anti-nordiste peut tout chambarder cette opportunité que nous avons aujourd'hui que d'autres pays comme le Chile en 1976, la Corée du Sud durant la Guerre froide avaient et en profitaient bien pour devenir des pays capables de résoudre les problèmes de base de leur population. Même si je dois reconnaître que nous ne devons pas copier entièrement ce modèle de coopération spécialement en matière de privatisation des biens publics. Mais de l'autre côté, déjà pour un pays qui se montre incapable de se gouverner, couper toutes les relations diplomatiques avec les blancs du Nord pour nous aligner avec les blancs du Sud qui ont aussi des difficultés ce sera le suicide le plus stupide de l'histoire.

Claudy Bastien, étudiant en Relations internationales à l'Université Nationale de San Martin.

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