En biologie, la mélanine est généralement définie comme le pigment responsable de la teinte de la peau, des yeux et des cheveux. Elle est connue pour son rôle protecteur contre les rayons ultraviolets du soleil dans les régions tropicales. Généralement chez les habitants de ces régions on observe une augmentation de ce pigment sur la peau qui parait plus foncée alors qu’elle parait plus claire chez ceux qui en produisent moins. Par contre, l’absence de mélanine est associée à des problèmes de santé au niveau des yeux, de la peau et des cheveux.
En psychologie évolutive, la mélanine jouerait simplement une fonction d’adaptation et de protection permettant au bipède humain, ayant pris naissance et grandi dans les zones tropicales, de se protéger des ardeurs des rayons du soleil en lui donnant une teinte basanée ou très foncée. La migration, la génétique, le climat, l’environnement et le mélange au niveau des différentes espèces humaines seront à la base de la diversité des teintes observées au sein de l’espèce, ce qui se traduira par une catégorisation géographique et colorée en Noirs, Jaunes et Blancs. Bref, la mélanine ne serait qu’ un cadeau de mère nature qui nous a pourvus du bagage nécessaire pour vivre et survivre sur la planète. Il n’ était nullement question alors de “ supériorité” et de différenciation par rapport à la couleur de la peau. C’ était compter sans la loi de la jungle qui veut que “la raison du plus fort est toujours la meilleure” et des préjugés qui en sont issus et y sont associés…
La lutte pour la survie, le désir de conquêtes et de s’accaparer de nouveaux territoires, la recherche du bien-être et de stabilité à l’intérieur des clans et des tribus ont favorisé les grandes migrations et les grandes aventures des premiers représentants de l’espèce qui ont, à travers les guerres et rivalités entre clans hostiles et différents, facilité l’émergence de nouveaux rapports de soumission entre vainqueurs et vaincus, conquérants et conquis, dominants et dominés et de ce fait l’asservissement et la soumission des perdants en fonction des intérêts des gagnants, les plus forts.
Ce nouveau paradigme lié à des contraintes et intérêts économiques renforcera l’idée de suprématie et de domination en fonction de la force et de la puissance des détenteurs du pouvoir et de l’autorité. La consolidation et la pérennisation de ce nouveau type de rapport et de fonctionnement passeront par le déracinement (dans certains cas !) et la déconstruction identitaires de l’autre en lui faisant croire en son infériorité supposée et en le traitant comme tel. Déconstruit, désemparé, perdu il ne lui restera que la foi en ses dieux pour survivre à l’horreur.
Les Israélites ont été des esclaves et ont été assujettis par les Egyptiens d’alors non pas à cause de leur teinte épidermique mais à cause de leur condition de peuple soumis et probablement jugé « inférieur » à l’époque. Etre noir, en ces temps là, n’était pas synonyme de préjugés défavorables d’autant plus que certains des Pharaons, représentants des dieux et de leur puissance sur terre, étaient décrits comme ayant le teint foncé. Il faudra attendre la colonisation et l’importation d’une main d’œuvre servile à travers la traite et le commerce des Africains pour assimiler la condition d’esclave aux captifs vendus et achetés sur les côtes d’Afrique. Il fallait, à l’époque, faire tourner à plein rendement le système économique d’alors au niveau des terres fraîchement colonisées et le processus de déshumanisation de ceux qui produisaient et travaillaient dans les plantations a servi d’idéologie et a été érigé en système. Ces forçats étaient considérés comme la propriété et la chose des riches et puissants d’alors.
On doit donc rechercher les fondements du racisme dans les rapports économiques verticaux et dans les inégalités sociales favorisant et entretenant les barrières entre les humains. Aujourd’hui, la religion, lieu de refuge universel des opprimés a été instrumentalisée pour poursuivre malheureusement les mêmes objectifs de division et de déshumanisation. La biologie et la mélanine n’y sont pour rien. Le cœur, les poumons, le foie, les reins, n’existent que pour remplir la fonction pour laquelle la nature les a créés ! La mélanine aussi.
Le véritable défi dans le monde aujourd’hui consistera à entreprendre une œuvre de déconstruction des illusions et des prisons mentales dans lesquelles nous sommes restés enfermés pendant trop longtemps. Ce n’est qu’à travers cette démarche que l’homme sera libéré pour grandir et construire enfin une humanité plus fraternelle, plus intégrée, plus solidaire et plus juste pour tous…
Samuel E. Prophète,
Septembre 2024