Par ce lapsus d’un consensus politique soi-disant bicéphale qui est plutôt une multicéphale qui cause une grave céphalée politique, il y a une multitude de figures politiques moribondes qui sont aujourd’hui tirées à neuf. De cette idée géniale d’une présidence originale en Haïti, on y recense neuf présidents tout neufs, mais pour quels résultats ? Neuf budgets, neuf fauteuils bourrés, neuf cabinets, neuf batteries de sécurité, neuf cortèges, neuf résidences officielles, neuf personnels de soutien, neuf services de protocole. De multiples de neuf d’enveloppes de perdiem, de véhicules de sécurité et de voitures d’officiels ; coup dur pour la caisse publique. Un immense passif pour la comptabilité nationale alors que cette équipe présidentielle onéreuse n'y apporte aucun actif concret au profit de la collectivité.
Que dire de cette primature mégalomane qui exhibe une farouche monomanie dans la précocité alors qu’elle a été accouchée par cette heptacéphalie présidentielle thuriféraire qui lui a déroulé tapis rouge même contre ses propres poulains ? La cacophonie avec cette multicéphalie était déjà monstrueuse en raison de la suspicion de ces têtes impliquées dans le détournement et la corruption, notamment le conflit présidentiel tricéphale versus la monocéphalie bancaire devenue paranoïaque. Les polémiques vont s’amplifier entre des têtes enflées d’orgueil qui menacent de décapiter d’autres têtes qui les auraient ridiculisées dans un certain coup d’état diplomatique.
Alors qu’après l’éviction spectaculaire du cynique PM Ariel Henry l’arène politique nécessitait du sang neuf, tout porte à croire qu’Haïti était partie perdante en essayant de faire du neuf avec neuf vieux de la vielle qui se complétaient avec un dixième vaniteux en provenance étrangère. Pendant qu’ils font peau neuve dans les maigres ressources publiques, ces neuf têtes présidentielles issues de la loterie politique tirée à Washington n’y foutent rien de sérieux à la tête de la république, sinon salir l’image du pays de scandales en scandales.
Linges sales à l’ONU
La société continue d’observer cette pratique d’une gouvernance pilotée dans une mégalomanie boulimique dans la disette, au frais de princesse en détresse, pendant que la population vit dans le miséréré. Ces politiques « comiques » sont doués pour les scandales, pas pour les résultats. Du temps où le pays n’était pas « lock », la vitrine de la Croix des Bossales n’a jamais été suffisante aux « zenyèz » et aux « Limenna » pour lever leurs jupons et exposer leurs culottes tanga aux passants. Il leur fallait aussi des étalages plus grandioses comme les rendez-vous de Rara et de Carnaval, devant les groupes musicaux, devant les caméras, pour exhiber leurs faces et leurs fesses sur la scène nationale.
Dans une regrettable analogie, ceux qui nous dirigent ne sont pas satisfaits de leurs prouesses tragicomiques qui s’échauffent et qui s’éteignent au terroir. Dans l’impatience, ils attendent aussi la meilleure occasion pour exhiber leurs comédies et leurs petitesses sur la scène internationale. Pendant que la tribune de l’ONU offre l’opportunité à de multiples dirigeants de tous les coins de la planète de cogiter sur des sujets d’intérêt national et international - tels que le changement climatique, les progrès face aux Objectifs de développement durable (ODD), l’insécurité, les conflits et les crimes de guerre - ces ignobles représentants d’Haïti ont tout planifié pour se faire ridiculiser.
Le monde retiendra de cette 79e Assemblée de l’ONU que plusieurs conseillers présidentiels et la primature ont été chauffés à blanc en des conflits internes qu’ils charriaient avec eux à l’étranger. Les linges sales ne se lavent plus en famille. Haïti continue d’être la risée du monde.
Primature et présidence, ennemies jurées
« Neuf, c'est mieux que dix », la moindre mixtion de cette présidence multicéphale avec cette Primature entêtée à faire le One-Man-Show se solde toujours en un mélange indigeste, voire dans un cocktail explosif. Hier, les scandales arrivaient en des controverses et des polémiques de partage de postes au sein des ministères et des directions générales. Question de mieux se positionner dans leurs projets affairistes et électoralistes, la présidence, la primature et des partis politiques parties prenantes de cette multicéphalie présidentielle n’entendaient pas lâcher prise. En plus de menace de décapitation, des insultes, des gifles et des uppercuts primaturaux peuvent se mêler de la partie. Il y a bien des résidences présidentielles qui s’apparentent davantage à des dojos qui accueillent les arts martiaux au plus haut niveau.
C’est depuis la phase de conception de cette présidence multicéphale que le jeu de la corruption s’animait avec virulence. Vices de fonds et de forme, l’on ne saurait espérer que des chefs de partis malicieux allaient proposer des gens honnêtes pour représenter leurs partis politiques à un conseil présidentiel, à une direction générale ou à un conseil électoral. Ce n’est certainement pas une surprise que le gaspillage y fasse rage suite à ce consensus sans queue ni tête d’une présidence multi-tête qui continuerait de nourrir les pratiques de négociation souterraine de postes administratifs, de pots de vin et de corruption. À l’avenir, à la proximité des joutes électorales, les scandales promettent encore d’être plus scandaleux.
Aujourd’hui, le scandale entre les acteurs de l’Exécutif est signé diplomatique en traversant les frontières pour s’installer confortablement dans les salons de l’ONU. Qui pilote cette mission de l’Assemblée générale de l’ONU, qui voyage, qui bénéficie de la sécurité officielle, qui prend la parole au nom d’Haïti ? Le président, les neuf présidents ou le premier ministre omnipotent ? Confusion totale ! Dans cette tribulation politique où Haïti est constamment en déveine, ce n’est pas une neuvaine qui débarrassera le pays de ses vieux démons.
Les caisses du trésor public sont neuf fois sinon dix fois plus exsangues. En plus de créer des disputes inutiles face à ces conseillers présidentiels qui l’ont « embauché », Garry Conille ne se montre pas bon gestionnaire des ressources publiques. Il aime le galvaudage. La gestion axée sur les résultats devient un slogan creux pour cette équipe qui avaient promis des résultats satisfaisants face aux défis actuels de la population haïtienne.
Les noms de ces derniers heureux élus de la loterie politique résonnent aux décibels de tonnerre dans des vacarmes de corruption, de détournements, d’abus de pouvoir et de conflits d’intérêts. Pourtant, ils sont muets dans des discours rassembleurs et des réalisations tangibles au profit de la population vulnérable. Dans une verbomanie effrénée, ce premier ministre « Kennedy » parle cent fois plus qu’il agit. « Maison par maison, quartier par quartier, ville par ville », il promet de reprendre le contrôle de la Cité. Foutaise ! Au contraire, l’insécurité gagne plus de terrain.
D’une part, cette flopée de présidents atterris dans la gestion publique comme des extraterrestres sont repartis à neuf pour se refaire une santé politique et financière. D’autre part, ils ne fournissent aucun service utile pour que les résultats soient probants en faveur d’Haïti. Attendons voir, rien que le temps d’une grossesse - neuf mois - ils seront sacrés détenteurs de comptes en banques à l’étranger à plus de neuf digits.
Cerise sur le gâteau, à la fin de leur carrière officielle dans une sinécure onéreuse, ils bénéficieront de neuf retraites présidentielles. Où est Haïti dans tout cela ?
Carly Dollin