Repenser l'Université d'Etat d'Haïti: Ensemble pour la reconstruction physique du Campus

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Dans le quotidien Le National en date du 22 novembre 2024, publié est un article sur Repenser l'Université d'État d'Haïti (UEH) (https://www.lenational.org/post_article.php?tri=2001) par Jean Poincy, vice-recteur aux affaires académiques et candidat au poste de recteur pour les prochaines élections à l'UEH. Il est évident que cet article est publié dans le cadre de nous faire part de sa vision pour l'UEH.

 

Repenser une université est un grand rêve ou une grande décision. Il faut créer une synergie entre des acteurs ayant de fermes volontés et un esprit de persévérance. Une université peut  prendre du temps ou même plus de 50 ans pour se structurer ou se restructurer physiquement et académiquement. Jusqu'ici, vers près de deux cents ans de fondation, l'UEH n'évoque sérieusement ni l'idée de se structurer, ni celle de se restructurer finalement. Il parait qu'elle est encore à son début. Dans le cas de cette analyse, voyons le côté physique de l'évolution de l'UEH.

 

Disons à l'exception de la Faculté de Médecine et de Pharmacie depuis le 19e siècle, les autres facultés ne sont dotées d'aucune structure physique digne de ce nom. L'on n'a pas besoin pour comprendre cette situation de refaire le portrait ou l'histoire de chaque faculté ainsi que celui ou celle du Rectorat de l'UEH. Il suffit de jeter un coup d'œil sur la plupart des bâtiments.

 

En bref, le Rectorat n'est jamais logé à un lieu décent à notre connaissance. Pendant les années 80, l'on se rappelle qu'il était logé à la Rue Bonne Foi, dans un petit bâtiment à deux niveaux  entre la Rue du Centre et Grand-Rue. Alors quelle image que ce coin commercial peut offrir pour la représentation d'un Rectorat d'une Université d'Etat d'un pays? L'UEH est malmenée et n'est jamais une priorité pour les dirigeants haitiens de construire un campus standard voire toute une université digne de ce nom.

 

Maintenant, le Rectorat est logé à la Ruelle Rivière, dans une zone et une maison purement résidentielles. Pas trop critique, mais l'espace est inapproprié pour gérer 11 facultés et écoles éparpillées par-ci par-là à différents quartiers de la capitale.

 

Descendons, plus bas dans les structures physiques des facultés! En dépit du fait qu'il n'y ait pas un campus central pour regrouper plusieurs entités, des administrations adéquates, des salles de classe confortables, des bibliothèques, des laboratoires, des cafétérias, des dortoirs, des salles de loisirs, des facilités sportives et tout autre service relevant d'un campus digne de ce nom, nous pouvons dire que les facultés sont très mal équipées. Comme le Rectorat, elles sont toutes placées à des endroits non appropriés et presque dans le voisinage des ghettos. Elles sont également attaquées de nos jours par des gangs pour ne pas dire qu'elles sont des repères des bandits.

 

Récemment la Faculté de Médecine,  la Faculté des Sciences et celle des Sciences Humaines sont reconstruites après le tremblement de terre de 2010, mais compte tenu de leur campus qui est restreint ou situé dans les parages des marchés et des gangs, est-il possible de parler de campus viables et fiables. La même observation peut être faite pour les autres facultés et écoles incluant INAGHEI, FE, Droit ou FDSE, IERAH, ENARTS, ENS, etc. Leur apparence physique ressemble à celle des milliers de petites écoles borlettes qui pullulent à travers la capitale.

 

Appelées des caciquats en dépit de leur localisation et mode de gestion incohérents ou éparses, les facultés ne peuvent pas être sécurisées et harmonisées dans un plan global. Leur situation et fonctionnement sont même chaotiques.

 

Franchement, le pays n'a pas une Université Nationale ou d'Etat ainsi appelée. Cette université, sur le plan physique est dépassée par certaines universités privées en construction dans le pays, lesquelles comprennent Quisqueya, Notre-Dame, UNICA, UNIFA, etc. Cette approche exclut le Campus  de Limonade.

 

Comme l'article de Le National de la semaine dernière (22 novembre 2024) le recommande: l'Université d'État d'Haïti doit être repensée. Mais un travail qui peut se faire à plusieurs niveaux. Alors, il faut ici penser à mettre en place en tout premier lieu les structures physiques. Dans le  "marketing for non-profit organization," l'apparence physique du bâtiment doit correspondre au service à fournir. Par exemple, le bâtiment d'une église doit ressembler à une église, celui d'un musée ou d'un théâtre doit refléter ses activités culturelles.

 

Ainsi nous voulons repenser l'université ou plus précisément la reconstruire physiquement dans le cadre d'un nouveau projet, il faut penser grand et reconstruire le campus suivant l'apparence physique dont elle a besoin pour son rayonnement.

 

Comme il est dit, l'habit ne fait pas le moine, mais il aide à le reconnaître. Si l'apparence physique des bâtiments de l'université ne dit pas la compétence ni la qualité des études, mais elle fait partie de la morphologie sociale et la capacité des dirigeants et des enseignants qui la construisent.

 

Rappelons, il faut opter pour la construction d'un nouveau campus. En matière de changement, la vision et les idées sont fondamentales. En ce sens,  nous pouvons partager sans esprit de partisan le concept de Jean Poincy, vice-recteur aux affaires académiques et  candidat au poste de recteur pour les prochaines élections à l'UEH. Nous avons discuté à propos de son article dans la matinée du 27 novembre 2024.

 

Nous avons exploré les stratégies en cas de la mise en place de ce projet s'il parvient à être élu recteur. J'avais remarqué qu'il a une vision globale de cette reconstruction, mais malheureusement nous étions intéressé à seulement discuter de la reconstruction sur le plan physique considérant que l'UEH a deja en place une certaine structure académique. L'amélioration de cette structure va dépendre du nouveau Campus Central à construire, des enseignants présents, de nouveaux autres à être engagés et des coopérations avec des partenaires locaux et étrangers.

 

En effet, la discussion s'arrête sur la construction d'un campus digne de ce nom afin que l'UEH puisse non seulement être une institution confortable pour les nationaux mais de faciliter aussi des échanges avec celles des pays de l'Amérique, d'Europe et d'Afrique. Par exemple, dans une tentative  de coopération bilatérale discutée avec la Faculté de Droit et de Sciences Politiques (FADESP) de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) en vue d'envoyer des étudiants haitiens chez eux  afin qu'ils puissent en retour nous envoyer leurs étudiants.

 

Cette tentative était tombée à l'eau avant qu'elle touche le Rectorat pour être approuvée. Comme Première République Noire indépendante, il est formel d'avoir une université de renom pour attirer des enseignants et étudiants de partout et faire des échanges considérant comme une grande stimulation dans le progrès de la formation et de la recherche scientifiques.

 

Tout doit commencer par la construction d'un campus standard suivant une architecture moderne, l'on ne cesse d'envisager. Dans le même ordre d'idée, nous avons discuté de l'emprise du campus sur les propriétés de la zone de Monseigneur Guilloux, des rues Oswald Durand, de la Réunion et de l'Enterrement qui déjà agglomèrent "éparsement" la plupart des facultés de l'UEH comme FE, FDSE, Faculté de Médecine et son centre hospitalier, ENIP, FDS, ENARTS, Ecole de sage femme et ENS. L'idée est de déclarer, suivant un plan global à suivre, d'utilité publique d'une manière progressive les espaces compris entre des rues du Champ de Mars et Saint-Honoré à Oswald Durand (bloc stade) et des rues Magloire Ambroise à de l'Enterrement.

 

Il est bon de situer un Campus Central dans le centre-ville en tenant compte de désuètes infrastructures routières en dehors dudit centre-ville. Voilà pourquoi, envisager un campus à Damien demande une autoroute ou un métro pour desservir la zone métropolitaine qui passerait par le village de Damien. Il est prévu qu'à défaut du centre-ville et Damien, un autre endroit peut être sélectionné.

 

Cependant, où est cet endroit, et quelles infrastructures à envisager?  L'environnement de la rue Monseigneur Guilloux n'est pas l'endroit idéal, mais il est déjà dans la tradition universitaire. Il n'a besoin que des structures et de la construction d'une clôture imposante pour bien caser des forces de l'ordre spéciales au campus comme il est le cas dans des universités américaines. Après tout, l'accès des étudiants et étudiantes à ce campus serait plus facile.

 

Dans cette analyse, l'atout primordial vise non seulement un campus spacieux, mais aussi à agrandir la doctrine sociale de l'UEH ou d'augmenter son effectif universitaire, organiser des dortoirs et contrôler la restauration des étudiants. L'UEH comprend environ 30,000 places qui sont très peu pour la seule Université d'Etat dans une transition démocratique très rapide dans le pays. Son campus doit être imposant, lequel pourra jouer un rôle majeur dans sa réputation.

 

Rappelons qu'en effet les membres du marketing de Florida International University (FIU) sont toujours fiers de dire que la FIU fait partie des 150 plus grands campus des Etats-Unis avec ses 342 acres (FIU, 2024). Le South Campus (University Park) de la FIU est depuis des années 70 en train d'être construit progressivement. Le premier bâtiment de 5 niveaux baptisé Chuck Perry où est logé le Rectorat, est construit avant, puis viennent les autres constructions. En dehors des bureaux et  services spéciaux, des cours de quelque soit la faculté étaient donnés à une époque dans des salles disponibles dans le Rectorat. La latéralisation des cours par faculté se font à mesure que chaque faculté construit son propre édifice.

 

Paris n'est pas construit en un jour. Celà a demandé des ressources et du temps. Disons en vertu de celà qu'il faut de grands moyens ou d'importantes subventions de l'Etat, celles de la part de toute personne physique et morale. Des levées de fonds jouent un très grand rôle dans les grandes œuvres communautaires. Des experts en levée de fonds, des étudiants et des "alumni" de la FIU peuvent être en même temps des membres des activités de collecte de fonds. Ils ont bien atteint beaucoup d'importants supporters. Par exemple, pour la seule bibliothèque de la FIU,  "FIU Green Library (GL)," Steven et Dorothea Green ont fait un don de 2 million de dollars.

 

Comme celle de la FIU, la construction d'un Campus Central de l'UEH a besoin de la participation de tout le monde incluant des membres du secteur privé, des organisations socioprofessionnelles tant du pays qu'à l'étranger, etc. A l'instar de la réalisation du Canal de Ouanaminthe, il faut rester convaincu que la construction de ce campus fera appel à la conscience collective des haïtiens ou à leurs distinguées contributions. Si c'est permis, il y aura plusieurs stratégies non dévoilées par le vice-recteur, lesquelles peuvent être mises en place pour atteindre les supporters qu'ils soient dans le pays ou à l'étranger.

 

Pour démarrer, l'UEH a besoin de nouveaux visionnaires ou dirigeants pour prendre de nouvelles dispositions et de meilleurs techniciens pour que l'idée de reconstruire le campus de l'UEH puisse faire son chemin. Plus, loin, il faut faire des démarches pour l'acquisition de l'espace visé et trouver des firmes de génie et d'architecture charitables pour le design du campus. Finalement, il faut planifier pour les subventions ou tout genre de supports utiles pour la construction. Par dessus tout, il  faut de la volonté et du courage pour avancer et atteindre l'objectif de la reconstruction.

 

Rhodner J. Orisma

Départment de philosophie et science politique

Ierah-Iserss

Université d'Etat d'Haïti

 

Références

 

Poincy, J. (2024, nov. 22). Repenser l’Université d’Etat d’Haïti : vers une expansion physique graduelle. https://www.lenational.org/post_article.php?tri=2001 (consulté le 27 novembre 2024).

 

FIU. (2024, nov. 28). Emplacements:

Dans le sud de la Floride et autour de laMondehttps://www.fiu.edu/locations/index.html (consulté le 28 novembre 2024).

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