Des enfants embrigadés dans des gangs armés en Haïti: un nouveau problème social à creuser

Dans un récent article sur les enfants embrigadés dans des gangs armés à Port-au-Prince, nous avons tenté d’explorer un nouveau problème social à l’horizon. Il est encore tôt de se faire une idée finie sinon poser quelques jalons dans une perspective analytique. Nous avons, de ce fait, révisé des perspectives aptes à définir des aspects de la réalité sociale qui puissent définir le problème donné, sujet au changement à partir de l’intervention planifiée. Jusque-là, les caractéristiques retenues en abordant ce point crucial des Enfants embrigadés dans des gangs armés renvoient au premier plan des mécanismes indubitablement autoritaires de recrutement des adolescentes et adolescents. Plus d’un s’accorde à assimiler cette réalité à la présence de garçons et laisse les filles embrigadées dans l’invisibilité. La tendance générale de la représentation des filles et des femmes dans les activités quelconques est manifeste.

En effet, nous nous faisons qu’une approximation vers la délimitation du problème-objet avec des possibilités viables d’intervention professionnelle et de la communauté dans la perspective d’une orientation à partir des aspects positifs, en promouvant l’intégration communautaire immédiate comme facteur immédiat. Il y en a qui sont sceptiques de cette question, à leur avis, ce sont de cas perdus ou d’irrécupérables dont la solution unique concerne l’action policière apparentée au nettoyage social. Delà, il se pose un dilemme éthique tant à la fois aux valeurs humanistes inhérentes au travail social qu’aux principes de légitime défense dans les champs d’opérations policières.

Ces considérations restent encore hâtives par rapport à l’effort encore non abouti à pouvoir définir le problème social qui renvoie aux enfants embrigadés dans des gangs armés, concernant notamment la situation des filles, dont des mineures à conduites extralégales socialisées dans un milieu à faible éducation des parents, d’une culture de pauvreté instituée voire de violence intrafamiliale avec des retombées comme la marginalisation des filles.  

Nous sommes dans un dialogue avec l’interactionnisme symbolique pour faire ici la part de choses. Quant à l’approche` fonctionnelle, elle peut stipuler « l’abandon parental des enfants à l’adolescence qui sont enclins à la cooptation par des gangs armés. Pour revenir au mode de recrutement des enfants dans les gangs armés, s’il est vrai que la manipulation est l’un des premiers moyens utilisés pour le recrutement, d’autres procédés sont aussi à l’ordre du jour.

Des enfants itinérants le plus souvent en fugue sont des proies comme des informateurs communément appelés » toutè » en créole. Quant aux fillettes, elles sont draguées par des soldats pour servir d’esclaves sexuelles aussi bien que s’occuper de la garde des personnes séquestrées. Elles font aussi la cuisine et le ménage. Une catégorie d’enfants a fui la violence familiale, une fois fouettés chez eux, ils vont porter plainte auprès du caïd en la circonstance, ils sont gardés dans le fief du caïd, abandonnés leur toit familial et utilisés comme informateurs pour le compte duquel caïd.Les enfants en domesticité se réfugient dans des fiefs de groupes armés pour des maltraitances subies et paradoxalement vont se mettre dans un contexte de socialisation à une culture de violence.Les adolescentes et adolescents sont devenus,par là, des êtres endurcis avec un sentiment d’invincibilité et de héros prêts à défier l’ordre.C’est généralement une prédisposition chez les jeunes adolescents qui n’ont jamais peur d’affronter les plus hauts dangers et participent à des aventures périlleuses et pour exercer leur bravoure.Les bandes armées sont l’affaire des adolescents dans la nature même de ces groupes.On comprend bien la raison qui porte à se diriger vers cette catégorie comme boucliers humains et des soldats « advance » d’autant plus ils sont contraints d’abuser des drogues dures à la portée de tous,soient de mélange à base de lotion spéciale.Ce qui renforce davantage leur entêtement sur les champs de combat face aux forces de l’ordre.Par contre,il serait encore tôt de les considérer comme des enfants-soldats qui sont assujettis à une discipline militaire , endoctrinés ou manipulés pour des actions macabres . Ils ont intériorisé l’illusion d’agir au nom de la ferveur du patriotisme .Ce ne serait pas le cas pour les enfants embrigadés dans des gangs armés en Haïti pour le moment.

C’est une réalité complexe du fait d’un enracinement communautaire dans les poches de violence dans la complicité innocente et la naïveté de la population sans angéliser les couches populaires comme étant incapables de se mêler dans des projets macabres ni les stigmatiser non plus.La lumpénisation à outrance liée aux effets du chômage massif aurait servi de terrain propice à une armée de réserve que représentent des chômeurs structurels d’un point de vue critique. Les recrutements de fait se font à travers certaines écoles destinées prioritairement aux plus déshérités. Les décrochages scolaires survenus à la phase d’adolescence laissent généralement aux enfants une fenêtre ouverte à l’option de devenir membres de gangs armés. L’accès ou l’orientation à un métier est un déficit dans ces quartiers précaires qui ne laissent d’issue qu’aux voies à l’économie de violence.

 

Hancy PIERRE, professeur de Travail social ,Université d’État d’Haïti et a University of Findlay, Ohio, USA

 

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