D’après les autorités de la Transition, 2025 est censée être une année électorale.
Qui aurait dit le contraire?
Ainsi, selon le calendrier, le peuple aura tout d’abord à se prononcer sur la nouvelle charte fondamentale (la Constitution) par voie référendaire.
Au stade où nous sommes, n’y a t il pas un biais dans la démarche du Conseil Électoral Provisoire donc des autorités politiques, en divulguant le calendrier électoral sans attendre les résultats du référendum sur la nouvelle Constitution.
Ou bien c’est déjà cousu avec du fil blanc.
Ou bien on nous prend toutes et tous pour des zombis.
Le pourquoi?
En principe, la nouvelle Constitution définit la charpente de la société, le nouveau projet sociétal et quel type/forme de pouvoir politique correspondant.
De ce fait, l’organisation des élections pour les postes électifs devrait découler du résultat du référendum. Déclarer péremptoirement la date des élections avant le résultat de la consultation populaire c’est « mettre la charrue avant les bœufs ».
Un autre élément crucial qui ne devrait pas nous laisser indifférent. C’est le contenu de la nouvelle Charte fondamentale dite Loi mère.
Toutes celles et tous ceux qui aujourd’hui sont dans la cinquantaine et plus, peuvent témoigner de la qualité et de la vigueur des débats, échanges et discussions qu’il y avait autour de la Constitution de 1987 pour préparer le peuple au moment du Référendum. Les organisations socio politiques, les médias, les organisations paysannes, les clubs de jeunesse, participaient à des discussions pour s’approprier du document. Et les échos retentissaient jusque dans les organisations paysannes. D’où cette chanson célèbre de Gwoupman Peyizan Tèt Ansanm de Jean-Rabel, un mouvement paysan à l’avant garde des luttes paysannes à l’époque: « Nan batistè peyi a fòk gen lwa k ekri pou yo jije kriminèl yo. Kriminèl yo pa gen dwa gen pwoteksyon…».
Avec l’insécurité grandissante, avec la peur qui gagne tous les esprits, avec les territoires perdus, quels mécanismes en termes promotionnels à date, utilisés par les rédacteurs de la nouvelle Constitution pour permettre à la majorité de se l’approprier?
Comment débattre en toute liberté et en toute quiétude d’un document si vital pour le futur de la République avec les armes sur la tempe.
En outre, nous constatons une faiblesse de taille dans la nouvelle charte fondamentale: *rédiger dans la langue de Voltaire* . Pourquoi pas dans les deux langues: créole et français?
Un tel choix, prouve une fois de plus, la volonté manifeste des élites: sociale, politique, économique, intellectuelle d’empêcher au peuple de participer dans la construction démocratique et d’être acteur du développement socioéconomique du pays. Une de plus, quelle honte pour ces élites!
Il est clair que si le calendrier divulgué par les autorités politiques et le Conseil Électoral Provisoire se maintient c’est une façon classique de mettre le peuple hors jeu du processus et de remettre le pouvoir aux bandits de tout poil pour perpétuer le cycle infernal de destruction du pays et de son peuple.
Marcel Poinsard Mondésir
02/01/2025