Depuis des décennies, Haïti est enfermé dans un carnaval politique incessant, où le pouvoir n'est qu'une parade grotesque d'incapables, de jouisseurs et de prédateurs avançant avec arrogance, piaffant et vociférant sur le dos d'un peuple exténué. Chaque régime, plus désastreux que le précédent, transforme l'État en un théâtre d'ombres où règnent mensonge, corruption et soumission.
Dix mois se sont écoulés, et neuf présidents se disputent la fonction suprême, transformant la présidence en une farce tragique, dénuée de toute légitimité. Cette absurdité politique a davantage propulsé Haïti au rang de curiosité mondiale, au point de figurer dans les annales du Guinness Book des Records. Mais derrière cette dérision se cache une tragédie nationale : un pays exsangue, trahi par ses élites et soumis aux caprices d'une communauté internationale qui impose ses volontés avec le mépris du maître envers l'esclave.
Devenu le théâtre d'une tragédie où se mêlent drame et comédie, le pays sombre inexorablement dans l'effondrement. Alors que sonne le glas, ses dirigeants s'offrent un bal masqué à la Villa d'Accueil, réunissant les architectes du chaos sous des airs feints de respectabilité. Là, se dressent ces faiseurs de rois et fossoyeurs de la nation, venus célébrer le couronnement du troisième Roi des Mardis Gras, grand manœuvrier et vainqueur d'une infâme partie de chaise musicale.
L'acharnement à maintenir les festivités carnavalesques obéissait à une logique bien précise : accumuler les ressources nécessaires pour financer cette farce politique. Fort-Liberté, quant à lui, a été floué puis sacrifié. En guise de dédommagement, l'agent exécutif intérimaire n'a reçu qu'une maigre pitance de cinq millions de gourdes, loin des 170 millions pompeusement annoncés pour la cité fort-dauphinoise. Pendant ce temps, les infrastructures de la ville, notamment ses routes et bâtiments publics, restent en ruine. Le siège de la Direction Départementale de la Police Nationale du Nord-Est n'a bénéficié que d'une couche de peinture de façade, gracieuseté d'un mécène opportunément venu faire un reportage pour l'occasion.
Enfin, sous les applaudissements des fêtards déguisés en chats, chacals, vautours et chiens aux longues canines, Alphonse Ier, fraîchement sacré roi, est invité à prononcer son discours de circonstance. L'assistance, ébahie, s'attendait à l'entendre ressasser son habituel verbiage sur le « budget de guerre ». Surprise ! Fidèle aux dernières consignes de Washington, comme ses deux prédécesseurs, le nouveau chef du Conseil de Protection des Truands (CPT) n'a soufflé mot contre les gangs-milices, alliés sûrs du pouvoir. Il a dû confesser aux nobles de sa cour que le fameux « budget de guerre » n'était qu'un simple slogan de campagne, un artifice pour conquérir le trône qu'il avait failli perdre par excès de mégalomanie.
Mais il se ressaisit. Lex-duc de Tabarre devenu roi se fixe alors trois priorités : une sécurité sous contrôle des forces d'occupation, sans budget de guerre ; un référendum piégé ; et des élections truquées, taillées sur mesure pour désigner les prochains serviteurs du royaume.
La sécurité : un mirage soigneusement entretenu
Vive le roi nu, dans son noble souci ! Voilà des décennies que les dirigeants haïtiens brandissent cette promesse comme un talisman, tandis que le pays s'enfonce inexorablement dans le chaos.
Dans le théâtre politique haïtien, les mots suffisent là où les actes font défaut. Tandis que le roi technocrate disserte doctement sur la nécessité de « restaurer l'ordre », cette fois-ci sans budget de guerre, les chefs de gangs-milices règnent en maîtres absolus. Les quartiers assiégés ploient sous leur joug, leurs lois s'imposent. Ils paradent en pleine rue, exhibent un arsenal d'armes sophistiquées, à l'abri des silences complices et des transactions occultes des élites dirigeantes.
Si la sécurité était réellement une priorité, il ne suffirait pas de la proclamer. Il faudrait briser les réseaux de connivence entre ambassades, politiciens, oligarques et mercenaires du désordre. Mais ce serait trop demander à un système qui prospère sur l'instabilité. Peut-on relever ce défi en s'en remettant aux quatre volontés du Blanc et du Pape, comptant sur quelque divin chapelet récité en faveur d'Haïti ?
La parole au peuple : une farce bien rodée
Le roi Alphonse Ier jure, la main sur le cœur, les gros orteils fermement ancrés au sol, qu'il veut « donner la parole au peuple » par le biais d'un référendum. Laissez-nous rire ! Dans ce pays, chaque consultation populaire a été une mascarade, surtout en période d'occupation. Qui peut croire qu'un texte concocté dans les officines de l'ambassade américaine, rédigé par des collabos, puisse réellement servir les intérêts du peuple ? Ce projet n'a qu'un but : instituer un régime présidentiel au-dessus de la nation, au service d'une minorité prédatrice.
Sire, votre référendum est un piège mortel qui sera exécuté par les gangs-milices, creusant une fosse commune sous les immondices des rues, où vous espérez qu'ils enterreront l'avenir d'Haïti. Après dix mois de gestion erratique, vous voilà soudainement intéressé par la voix du peuple, mais uniquement pour légitimer votre pouvoir.
Rassurez-vous, le peuple parle toujours. Il prend la parole pour réclamer votre arrestation pour pillage systématique des caisses publiques, pour détournement des fonds de « l'aide au sous-développement », pour votre complicité avérée avec les gangs-milices. Mais dans cette démocratie de pacotille, toute parole qui dérange est étouffée. Vous la noyez sous les promesses creuses, les manœuvres dilatoires et le fracas des balles. Le peuple, pour vous, n'est qu'un décor, que l'on exhibe au moment opportun avant de le renvoyer à sa misère sitôt le scrutin terminé.
Quelle ignominie ! Vous osez même faire parler ce peuple démuni, parqué dans des camps insalubres, exilé sur son propre territoire. Ce peuple qui meurt de faim, privé de travail, que vous continuez à manipuler à coups de mille piastres. Un peu de décence ! Un peu d'humanité ! Mais l'aveuglement des assoiffés de pouvoir ne connaît décidément aucune limite.
Des élections irréprochables : l'illusion suprême
L'organisation d'élections « irréprochables » est le dernier tour de passe-passe du discours officiel du roi. Une promesse rabâchée à chaque cycle électoral, avec l'assurance d'un prestidigitateur trop sûr de son public. En Haïti, les élections ne sont pas des compétitions démocratiques, mais des rituels bien huilés où la fraude, l'intimidation et l'achat de votes ne sont pas des anomalies, mais des règles de fonctionnement. l'Internationale dicte le tempo, finance le spectacle et attribue les résultats en fonction de ses intérêts. Les urnes ne sont qu'un décor ; le verdict est écrit d'avance. Rarement un candidat populaire gagne.
Et pourtant, la même farce se rejoue à chaque échéance : promesses de transparence, envolées lyriques sur la démocratie, et au final, un peuple berné, une nation trahie.
Sa Majesté, le roi nu, avez-vous déjà transmis la liste de vos prétendants et celle de votre confrérie d'usurpateurs du Conseil de Protection des Truands (CPT) pour vetting auprès de la section politique de l'ambassade américaine ? Assurez-vous que les autres dignes fossoyeurs de l'héritage dessalinien ne vous contestent pas dans le comté voisin de votre fief seigneurial de Sainte-Suzanne.
Un pays pris en otage
Haïti oscille entre mascarade et tragédie. Le monarque Alphonse Ier, comme tant d'autres avant lui, vend des illusions avec l'éloquence de ceux qui savent que rien ne changera. Sécurité, référendum, élections irréprochables : trois leurres agités sous les yeux d'un peuple qu'on voudrait croire naïf. Pendant ce temps, les fonds publics continuent d'être dilapidés au gré des alliances politiques du moment.
Les festivités du bal masqué sont terminées, mais le véritable carnaval, celui des scandales et de la mauvaise gouvernance, ne fait que commencer. Jusqu'à quand cette farce tragique pourra-t-elle durer avant que le peuple, las de subir, ne décide de renverser enfin la table ?
Les masques ne tomberont que lorsque ce Conseil illégitime disparaîtra. Haïti n'est pas condamnée à subir éternellement la parade des imposteurs. La vraie fête ne viendra que lorsque ceux qui saignent le pays auront enfin à répondre de leurs actes.
Juger pour agir
Ne soyez pas complices. Cette proposition de sortie de crise constitue une alternative pour écarter les dirigeants corrompus, criminels et inféodés au Conseil de Protection des Truands (CPT), afin de redonner vie à la patrie commune.
Le Conseil de l'Université d'État d'Haïti (UEH), en collaboration avec des personnalités respectées telles que Suzy Castor, Monseigneur Willy Romélus, Père William Smarth et Bérard Cénatus, devraient, à partir du consensus suffisant trouvé entre eux, lancer de vastes consultations inclusives dans les 10 départements du pays et au sein de la diaspora haïtienne. Ces échanges aboutiraient à la sélection de 20 personnalités de haute crédibilité, 10 femmes et 10 hommes, chargées de :
1- Élaborer une feuille de route claire et ambitieuse, visant à restaurer l'ordre et la sécurité, amorcer une réforme institutionnelle en profondeur, poser les bases du redressement national sur les plans économique, social, politique, et organiser à moyen terme, des élections véritablement souveraines et démocratiques, affranchies de toute ingérence extérieure et du clientélisme politique qui gangrène nos institutions.
2- Désigner un(e) président(e) de transition, sur la base d'un large consensus national, une figure intègre et indépendante des influences politiques, économiques et étrangères, incarnant l'intérêt supérieur de la nation avec obligation d'observer et de faire respecter la feuille de route par le gouvernement.
3- Former un gouvernement de salut public restreint sans Premier ministre, dirigé par le président de la République, composé de personnalités compétentes et intègres, indépendantes des influences politiques, économiques et étrangères, et ayant l'obligation stricte d'observer la feuille de route.
4- Les 20 personnalités resteront en fonction jusqu’à l'installation de la prochaine législature, percevant des émoluments liés au statut de sénateurs de la République. Elles siégeront en permanence, exerceront un contrôle rigoureux sur l'action gouvernementale et pourront en cas de crime, prévarication, corruption dûment constatés renvoyer le membre du gouvernement ou le président accusé et pouvoir à leur remplacement.
Dans la solidarité nous surmonterons tous les défis et reconstruirons ensemble Haïti!
Grand Pré, 07 Mars 2025
Hugue CÉLESTIN
Membre de :
Federasyon Mouvman Demokratik Katye Moren (FEMODEK)
Efò ak Solidarite pou Konstriksyon Altènativ Nasyonal Popilè (ESKANP)