L’épopée de Vertières, l’apogée de la liberté !

L’apothéose de Vertières ayant conduit à l’abolition de l’esclavage (un crime contre l’humanité) a donné de l’inspiration et de la matière consistante à la rédaction de la fameuse Déclaration des Droits Humains rédigée à Paris en décembre 1948, soit 144 ans après la proclamation de l’indépendance d’Haïti.

À l’initiative des génies de l’indépendance, la bataille de Vertières, soit la plus farouche qu’a engagée l’ancienne colonie la plus abusée par la France, a couronné la plus grande révolution de l’histoire du monde civilisé. Vertières est le souvenir le plus émouvant d’un phénomène indicible, un miracle, un ultime combat empreint d’une rare ingéniosité et d’une remarquable intelligence pour la mise en œuvre de plans d’actions et de stratégies efficaces. C’est à partir de ce déclic historique dans une farouche rupture de la relation odieuse maître-esclave que des humains abêtis sont parvenus à savourer les délices de la paix, du sommeil, de la justice, de la quiétude d’esprit, de la liberté, de l’amour.

Le 18 novembre 1803, des héros, de braves hommes et femmes intrépides et courageux - créatures de Dieu comme toute autre de la planète - ont été animés d’une volonté surhumaine jusqu’à adopter l’arbitrage entre la liberté et la perte spectaculaire de leurs vies. Le slogan « Vivre libre ou mourir » a galvanisé les esprits des victimes séculaires pour les amener au stade psychique inébranlable de ne visualiser le cachet vivable de la vie que par la garantie de la liberté. Dans une conscience généralisée, les martyrisés concevaient et implémentaient des schémas stratégiques pour défier l’ordre bestial établi depuis plus de trois siècles par des « humains » aux cœurs endurcis qui les oppressaient, les maltraitaient, les ostracisaient et les exécutaient de manière avilissante sur des places publiques, en présence de leurs frères, sœurs, compagnons et enfants.

Du génie, du talent, de l’intelligence, de la planification, de la communication, du leadership ; tel le sacré miracle de la libération de l’Israël sur les Pharaons de l’Égypte - supportés par la main divine invisible - les fondateurs de la Première république noire allaient offrir Vertières au monde entier. Victoire de l’inclusion sur la discrimination, triomphe de la paix sur l’horreur, succès de la justice sur l’iniquité, gloire de la lumière sur les ténèbres, Vertières représente le couronnement de plusieurs décennies de tactiques et de stratégies pensées, repensées, revues et améliorées avant de sortir définitivement sous la domination diabolique de la fournaise ardente de l’esclavage. 

 

Vertières, un patrimoine mondial

Les sociétés industrielles de l’orbe terrestre toujours en quête de compétitivité même dans le moindre avantage comparatif auraient véhiculé via les images, les histoires, les emblèmes et les productions culturelles l’expertise avérée qui coiffait le déploiement des êtres exceptionnels de l’Ile dotés du juste minimum pour défier une armée napoléonienne garnie jusqu’aux dents. Dommage qu’Haïti ne puisse jusqu’à date être représentée par des interlocuteurs valables capables de charrier cette œuvre magistrale au sein de toutes les galeries d’art, des universités. Les élections frauduleuses manœuvrées par l’Occident dont l’objectif consiste à trôner des crapules à la tête de la Cité poursuivent la mission macabre de néantiser cette république qui donnait du fil à retordre aux vieux bourreaux d’antan. Jusques à quand cette rancune infondée disparaitra-t-elle des coopérations prétextant le développement alors que dans l’essence elles visent à nous maintenir dans un assistanat ignoble ad vitam aeternam ? Le jeu ne peut continuer de s’animer avec autant d’hypocrisie.

Vertières représente une œuvre constructive. Bien sûr que des têtes méritaient d’être décapitées à l’époque. Evidemment, les bourreaux devaient être déguerpis pour cesser de maintenir leurs pieds sur les enfants, les femmes et les hommes innocents de cette terre prolifique sur le plan économique pour les métropoles prédatrices.

Cependant, la bataille de Vertières a été de coiffée par un leadership antiraciste, anti-racial, car les héros Haïtiens avaient pris le soin de faire la décantation entre les bons Blancs épargnés de la vengeance des opprimés révoltés et les mauvais Blancs qui en payaient les frais de leur atrocité.

Haïti était en avance dans la conception des paradigmes modernes qui font la promotion du partage du bonheur, du développement inclusif et condamnent le trafic des humains, la corruption, le viol. Cela fait uniquement quelques années que la Banque mondiale adopte le concept de la prospérité partagée. Pourtant, en 1804, Dessalines préconisait déjà « Et ceux dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils donc rien ! ».

Dépassement de soi, grandeur d’âme, altruisme, les fondateurs de la nation haïtienne étaient assoiffés de voir propagées la paix, la sécurité et la justice partout à travers le globe, peu importe la race, la couleur et la région géographique.

Cette merveille de l’ultime bataille de la conquête de l’indépendance du 1er janvier 1804 aurait dû servir de référence pour donner de l’espoir aux peuples meurtris, pour rehausser leurs images, émerveiller les enfants, les jeunes et agrémenter les documents des institutions internationales de vigie. La bataille de Vertières a tracé les avenues de liberté, d’égalité, de paix, de fraternité et de justice qui sont les prémisses qui supportent les plaidoiries des nobles entités et des fondations caritatives et philanthropiques de la planète. Je meurs d’envie de savourer les références de Vertières dans les préambules des traités élaborés par les institutions multilatérales. 

Pour peu que je sache, nulle œuvre contemporaine n’a propagé autant d’externalités positives sur le plan psychologique. Le génie des héros haïtiens allait être sollicité au sein de toute la région jusqu’à même traverser l’océan atlantique au profit de la première puissance mondiale. Le crédit de la victoire de Savannah pour libérer les États-Unis de l’atrocité des Anglais en 1779, est en grande partie attribué aux huit-cents chasseurs volontaires haïtiens qui sacrifiaient leurs propres vies à la rescousse de femmes, d’enfants, d’humains aux prises de la bestialité sous un autre ciel.

Se référant à l’exploit haïtien, le Cuba, le Venezuela et l’Équateur ont décidément cru que leurs destins devaient changer dans une percée salvatrice bloquée trop longtemps dans la procrastination et le manque d’estime de soi. Outre ce cachet intangible de percevoir dans la fascinante conquête de l’indépendance d’Haïti un cadre psychologique stimulant, les peuples de la région bénéficiaient de consultations techniques, de moyens humains et financiers pour arracher leur liberté des colons que les oppressaient.

Par sa portée intemporelle et universelle, dans toutes les langues, cette « Masterpiece » aurait dû être lue à travers les grandes encyclopédies, visionnée à la Hollywood et présentée dans les meilleures salles de spectacle à travers les cinq continents.

 

Vertières, le souvenir d’une rançon actualisée à 28 milliards de dollars

Haïti a été insultée, humiliée et rançonnée par la France à cause de son indépendance. Pendant plus de deux cents ans, l’Hexahgone a utilisé de manière intéressée tous les stratagèmes pour enterrer l’apothéose de Vertières dans le cimetière des oubliettes de l’histoire. Au lendemain de la chute de la robuste armée de Napoléon Bonaparte, la France et ses alliés ont ostracisé et marginalisé la première nation noire libre du joug de l’esclavage.

L’acte de l’indépendance d’Haïti a été qualifié par les colons de jadis comme une anomalie, un défi et une menace. Car ils craignaient que cet exploit des nègres d’Haïti ne constituât un « mauvais exemple » pour les autres colonies de l’époque en leur indiquant les avenues d’un monde de justice et de fraternité. Plus que tout autre alibi, le cachet du crime économique et financier constitue un enjeu d’importance majeure pour que la France occulte les histoires cachées derrière le phénomène de Vertières.

Absent dans les dictionnaires et les encyclopédies jusqu’à janvier 2019, nous a révélé l’écrivain Claude Ribbe, Vertières a été l’objet d’une lutte dialectique à l’Académie française où Dany l’a remporté bel en février 2019 dans une magnanime victoire en persuadant ses pairs de la dimension historique de ce phénomène.  Ce triomphe du Noir sur le Blanc n’est pas anodin ; cependant, il doit aller plus loin en se concrétisant mieux à travers le retour des 90 franc-or exigés en des menaces d’invasion par Charles X à Jean Pierre Boyer. L’économiste Français Thomas Piketty a récemment estimé cette rançon à 28 milliards de dollars.

Longue et diversifiée est la liste des beaux esprits animés, sans équivoque, par le sens de l’équité, la liberté et la justice pour réclamer la restitution de la dette de l’indépendance versée arbitrairement par Haïti sous les pressions verbales et écrites d’agressions cruelles et sanguinaires du roi Charles X en 1825 pour incendier, décapiter et exterminer les hommes, les femmes et les enfants échappés aux meurtriers affrontements du 18 novembre 1803.

 

Responsable de l’asthénie et de l’adynamie du seul pays pauvre de l’hémisphère Nord jusqu’en 2021, cette injustice économique cinglante a mis Haïti à genoux et continue d’alimenter le chaos dans ce pays résilient que l’Hexagone assiste hypocritement dans son décollage et son développement économique.

On ne peut louper de réitérer l’immense gratitude exprimée constamment avec exaltation et enthousiasme par Christiane Taubira devant les exploits de nos ancêtres. L’ancienne garde des Sceaux du gouvernement de Jean-Marc Ayrault témoigne toujours qu’elle a été fascinée par les prouesses des nègres face à une armée napoléonienne garnie jusqu’aux dents de bourreaux, d’assassins et de tortionnaires équipés de fusils, de guillotines, d’une forte artillerie et de munitions pour humilier, mutiler, amputer et décapiter à la moindre désobéissance et à la moindre erreur.

Le professeur d’histoire à l’Université de Sherbrooke Jean Pierre Le Glaunec s’évertue depuis des années à lever le voile sur la machine de propagande et d’occultation à propos de la bataille de Vertières. Conférences, livres, interviews, le professeur québécois utilise un ensemble d’approches pour prendre le contre-pied de la velléité de l’Hexagone à reléguer aux oubliettes l’illustre histoire de Vertières.

En mai 2018, le fondateur du puissant média en ligne Média Part, le français Herve Edwy Plenel a interpellé la conscience de la France à restituer fonds prélevés injustement à Haïti pour avoir osé rompre avec les pratiques esclavagistes. Plus récemment, l’illustre économiste Français Thomas Piketty y abonde dans le même sens tout en calculant ce montant qu’il évalue à environ 28 milliards de dollars.

La restitution de la dette de l’indépendance injustement imposée à Haïti est une plaidoirie tenue par tous les esprits avisés. Je ne fais qu’en indiquer un échantillon qualitatif ; par contre ce cri de restitution de la dette de l’indépendance est poussé par un nombre incalculable d’universitaires, d’intellectuels, d’humains d’ici et d’ailleurs pour que justice soit rendue.

 

Pour rester cohérent dans sa démarche de promotion de la Déclaration des Droits Humains et pour mériter sa place dans le concert des nations modernes, en plus des voyelles et des consonnes composant le vocable « Vertières », l’Hexagone doit reconnaitre les tortures, les cruautés et les injustices qu’elle a causées à Haïti et elle doit prendre les dispositions pour lui restituer la dette de son indépendance décrochée au prix fort le 1er janvier 1804.

 

Carly Dollin

carlydolin@gmail.com

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