Merci Toussaint, merci Dessalines…

Figures emblématiques de la liberté, personnages mythiques de l’égalité, promoteurs iconiques de la fraternité ; par leurs prestigieuses plaidoiries et leurs prodigieuses prouesses de libérer une multitude d’âmes de la fournaise ardente de la servitude bestiale, les super stratèges de l’indépendance de la première république noire du monde sont l’émanation du symbole vivant de la dignité humaine.

À l’instar de tout évènement fabuleux que l’humanité est censée festoyer au quotidien, mais gravé dans une date fétiche, le 1er janvier stimule la mémoire de l’être reconnaissant dans l’introspection d’une histoire universelle glorieuse célébrée par une victoire surréaliste qui a auguré l’abolition de l’esclavage. Portes étendards de la bannière de l’émancipation intégrale de l’humain, Toussaint, Dessalines, Capois, Pétion, Christophe et consort se positionnaient en avance de phase par rapport aux conventions internationales qui allaient cataloguer l’esclavage de crime contre l’humanité, plus d’un siècle après l’œuvre légendaire des héros haïtiens. « Par la vertu de l’altruisme intergénérationnel qui consacre la passation du flambeau de l’excellence et la jouissance d’un héritage jouissif un rituel majestueux à pérenniser, nos ingénieux précurseurs de la plaidoirie du partage de bonheur à tous les enfants de l’orbe terrestre se sont immortalisés dans toutes les références spatio-temporelles. Que tous en soient reconnaissants !

 

En des sons audibles au décibel de tonnerre, traversent les âges et les espaces une pléthore de noms sublimes - dont Mandela, Teresa, Galilée, Einstein, Newton, Marie Curie, Socrate, Platon, Descartes, Mozart, Beethoven, Van Gogh, Picasso - panthéonisés dans les galeries mondiales de la science, la philanthropie, l’art, la culture et la littérature. C’est de bonne guerre. En effet, projecteurs spirituels ils sont devenus pour illuminer le chemin du succès de toutes les générations futures les esprits surhumains qui ont marqué l’histoire par les augustes plaidoiries, œuvres holistiques et des gestes fascinants qui nous guident et nous inspirent à tout instant. Les génies de la lignée divine - chacun dans sa zone de confort conçue dans l’effort consistant - sont estampés d’un cachet transcendantal qui embaume les cœurs et les esprits de génération en génération.

 

Cependant, en raison de l’orgueil étouffant d’un Occident condescendant qui se croit omnipotent, mais à la vérité obstiné à manipuler les narratives dans le sens qui le plaît - quitte à fourrer le couteau dans la plaie d’un passé outrageux d’exploitation et de prédation sauvage - occulte fort souvent la véracité des faits historiques. C’est de cette tendance rancunière intéressée sur le plan psychologique et économique que les adeptes des anciens colons, particulièrement ceux de la France, empêchent aux tifosis des œuvres magnanimes de déguster les exploits gravés à l’aube du 19e siècle qui se soldaient par l’inauguration de l’indépendance d’Haïti à la date salvatrice du 1er janvier 1804.

 

 

Génies de la même trempe, mais traités différemment

À travers la maïeutique, la dialectique et le doute méthodique légués en héritage, la justice détient des armes imperturbables pour qu’à travers des stratégies efficaces la vérité dame le pion au mensonge. Une cinquième symphonie pour évader toute âme stressée à se récupérer dans la délectation d’une kyrielle de sons hypnotisant, « la musique est du bruit qui pense » pour panser des plaies émotionnelles et faire tutoyer l’ataraxie en des plaisirs épicuriens que l’on souhaiterait interminables. Picasso, Leonard de Vinci, Monet ; il existe des détenteurs des outils de la peinture d’une dextérité hors-pair pour embaumer la toile d’une virtuosité à laquelle les admirateurs des œuvres imaginaires et utopiques ne sauraient échapper.

 

À sa disposition la théorie de la relativité, la théorie de la gravitation universelle, la loi des corps tombants et les trajectoires paraboliques, la science puise constamment dans les sacerdoces d’Einstein, de Newton et de Galilée pour développer des outils technologiques aptes à dominer le cosmos et à faciliter la création de produits innovants. Le crédit de l’évolution technologique ne saurait être attribuable exclusivement à Gates ou à Jobs dans leurs idées innovatrices qui tiennent captifs nos poches, nos yeux, nos rêves et nos pensées. Tout professionnel du siècle présent est pris au piège incontournable de l’addiction aux gadgets technologiques, fruit de l’audace de l’ingénieux Bill Gates qui a arbitré entre la Harvard et sa petite chambre de concentration à collecter des fils magnétiques et des puces jusqu’à les synchroniser pour in fine transformer tout un millénaire.

 

Cependant, il faut toujours se rappeler qu’en amont des recherches avancées, point d’orgue des innovations éblouissantes, se situent les œuvres des pionniers de la science qui se sont évertués à fournir des réponses tangibles aux questionnements abstraits émis par les philosophes de lumière. Les modèles de société conçus par Platon dans sa Cité référentielle demeurent un référent suprême qui continue de conquérir les concepteurs des politiques publiques modernes. L’esprit des lois de Montesquieu demeure une boussole dans les épilogues pour éclairer les chapitres de la cohabitation des pouvoirs au sein des sociétés démocratiques.

 

En plus de bénéficier d’un cadre incitatif à l’exposition de leur talent et de leur intelligence pour surmonter les défis du cosmos, les réalisations des scientifiques sont disséminées et ancrées au sein des universités et des institutions de promotion des valeurs qui parallèlement les sauvegardent selon les prescrits des droits d’auteur. Tant qu’il n’existe de meilleurs modèles à substituer aux pensées liminaires qui ont fait leurs preuves face aux épreuves telluriennes et aux nouvelles donnes économiques et sociales, les pratiques de la modernité postulent que les raisonnements philosophiques et scientifiques des pionniers guident les pas des générations futures.

 

C’est ainsi que des idées lumineuses s’appliquent dans leur entièreté des décennies voire des siècles plus tard. Au fil des ans, même si de nouveaux paradigmes s’y sont contrastés ou sont améliorés et actualisés en se greffant sur les anciens, on ne saurait louper d’attribuer le crédit méritoire aux précurseurs qui ont d’ailleurs concrétisé la tâche la plus ardue d’y poser la première pierre. Les bases revendicatives solides posées par les héros haïtiens pour éradiquer de l’esclavage ont été indiscutables pour sauter les relations coloniales cruelles maître-esclave qui faisaient le déshonneur de l’humanité.

 

Cette source d’inspiration magnanime qui imprégnait nos aïeux - pour expulser les genoux de la métropole sur leurs coups endommagés, leurs corps châtiés, leurs membres estropiés, leurs visages souffletés et leurs esprits ostracisés pendant plus de trois siècles - a été transportée dans diverses régions comme un vent salvateur pour inspirer et fouetter la dignité d’une palanquée de peuples sujets à ces mêmes pratiques ténébreuses. Un triomphe de la lumière sur les ténèbres non seulement pour l’Ile qui a été pris en otage, mais pour la planète entière dont les institutions protectrices convergent vers les objectifs similaires soutenus par l’acte de l’indépendance d’Haïti.

 

Sur les plans de la vision, du leadership, de la philanthropie et dans tous les domaines, le monde s’attèlerait à attirer les esprits sur les merveilles et à honorer les patrimoines mondiaux. Malheureusement, le lobby et le fanatisme bouché obstruent l’esprit d’objectivité qui devait emballer les prix et crédits à octroyer selon la contribution et l’impact des œuvres extraordinaires dont les sociétés bénéficient. Sinon, une pléiade de talents haïtiens d’une dimension galactique, percés notamment depuis le début du 19e siècle, devaient briller en marbre dans le panthéon des plus illustres accomplissements humains.

 

Si les trophées décernés aux personnalités exceptionnelles étaient octroyés dans la justesse, les places publiques et les salons des plus nobles multinationales auraient été truffés des effigies de Toussaint et de Dessalines. Juste de l’hypocrisie et de l’ingratitude au sein des représentations pharisaïques de la coopération internationale qui claironnent dans une péroraison tonitruante des approches impartiales, de reconnaissance, de chance égale, qui ne concordent pas au demeurant avec leurs actions. Du tort causé par des humains bornés à la magnanimité ; mais cela n’enlève guère la valeur grandiose de nos valeureux soldats qui nous ont gratifiés du précieux « legacy » de la paix et la liberté. Certitude absolue qu’ils sont assis fièrement près du père. Merci Toussaint !

 

 

Les génies haïtiens occultés par rancune

De cette vision suprême de perpétuer les références sublimes en les explorant puis en préservant leurs œuvres à travers les âges, les sociétés modernes passent pour championnes de la protection et la promotion des patrimoines mondiaux. Parallèlement, au niveau des nations appauvries par l’ingérence internationale dont la plus haute magistrature est prise en otage par l’inculture et l’imposture, on y compte des résultats inverses. L’ineptie politique et l’avarice économique de quelques groupuscules affairistes, égocentriques et cyniques couplées de l’hypocrisie des coopérations internationales font que des génies éclos sous certains cieux aient rarement eu l’opportunité de scintiller. Sur les plans artistique, culturel et scientifique, l’Haïti d’aujourd’hui serait le plus fidèle prototype déceptif des pays infanticides qui exterminent leurs propres prodiges.

 

En remontant à un ou deux siècles, on observe que cette manie d’occulter les génies de chez nous, par nous-mêmes et contre nous-mêmes, avec la complicité malveillante des pharisiens étrangers, date depuis l’empereur. Dessalines et l’arsenal des belles têtes de la création de notre fière patrie faisaient montre d’un dépassement de soi inégalable : i) en sachant répandre la liberté à tous les fils du globe ; ii) en prenant position pour les plus vulnérables « Et ceux dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils donc rien » ; iii) en exigeant un traitement digne de tout humain sans tenir compte de sa teinte épidermique.

 

Si la raison et la justice ne souffraient d’aucun syndrome de parti-pris à la lumière des traités et conventions politiques paraphés dans un certain esprit de modernité biaisé, les noms de Dessalines et de son collège de dignes collaborateurs adhérents aux vertus divines devaient résonner avec tonicité dans les sommets internationaux qui réunissent les chefs d’État du monde en des cycles et des hémicycles qui soutiennent le triomphe de l’égalité, la paix, la liberté et la prospérité partagée. Un leadership empreint des stratégies de communication efficaces avec des lambis pour réunir les « exploités révoltés » autour du slogan idéal « Vivre libre ou mourir » jusqu’à défaire une garnison napoléonienne chtonienne armée jusqu’aux dents. Dans un faux semblant, les hypocrites font semblant de ne pas comprendre la portée mystérieuse de ce salut en tentant d’arracher cette page d’histoire fabuleuse. Il viendra un jour où la vérité le remportera sur le mensonge dans une universalité époustouflante. Merci Dessalines !

 

Les pères fondateurs de la nation haïtienne n’étaient animés d’aucun sentiment de vengeance aveugle ; ils savaient distinguer la qualité de l’être humain non selon la couleur de la peau, mais en fonction du cœur et de l’esprit. Pendant que nos braves héros réclamaient à juste titre de passer les anciens bourreaux aux guillotines revanchardes afin de ne plus récidiver dans la cruauté esclavagiste, les principes établis par les libérateurs indiquaient d’épargner les merveilleux Blancs et mulâtres catalogués selon les référents du moment de « bons nègres ».

 

En dépit du joug séculaire d’un esclavage luciférien, au lendemain de son indépendance, Haïti accueillait toutes les couleurs, de l’Amérique, de l’Europe, etc. Les stratèges haïtiens partaient en mission de libération dans toute la région et partout sur la planète pour y détacher les chaines de l’esclavage, peu importe la race, l’âge et le sexe tout en rappelant que tous sont égaux en droit et doivent jouir au même titre des délices de la paix et de la liberté. Les avenues de la fameuse déclaration des droits humains ont été tracées par Haïti un siècle et demi avant son édition plénière à une Hexagone jusqu’aujourd’hui hypocrite entre les actes perpétrés et les conventions signées.

 

Les génotypes se transfèrent à travers toutes les générations. Par exemple, les gènes d’humains en avance sur leurs temps ont été clairement observés chez l’illustre figure intellectuelle et politique du nom d’Anténor Firmin. Par sa classe, ses actions lumineuses et particulièrement son papier monumental précurseur à la déclaration universelle des droits humains, Firmin s’est également immortalisé dans le « Hall of Fame » des grands esprits. En réponse au raciste Arthur de Gobineau qui a publié la perfide réflexion « De l’inégalité des races humaines » A. Firmin répondait péremptoirement par son chef d’œuvre hors du commun « De l’égalité des races humaines » pour condamner avant la lettre les agissements stupides des nazistes de la moitié du 20e siècle.

 

Dans les arts plastiques, dans les domaines culturels, littéraires et scientifiques, Haïti détient une multitude de brillants qui frôlent l’excellence dans une fine proximité. Malheureusement, anthumes et posthumes - quand ils n’ont pas été déguerpis pour être honorés par le Canada, les États-Unis ou la France - cette Haïti prise en otage par la bêtise crache sur ses propres prodiges. Faisons le vœu qu’une nouvelle tendance de fuite inversée des cerveaux s’amorce dans une dynamique de sauver le pays dans la victoire de la méritocratie sur la médiocratie. Ainsi, sera plaidée à cor et à cri la noble cause de l’exploration et l’épanouissement des talents restés trop longtemps latents ainsi que celle de la place princière de nos ascendants au musée mondial qui sied aux œuvres universelles spectaculaires qu’ils ont concrétisées. 

 

Les génies fondateurs de la première république noire de la planète n’ont pas été des libérateurs uniquement pour Haïti ; ils sont dotés d’une dimension planétaire. Qu’ils soient honorés à la dimension de leurs œuvres et de leur être en voyant leurs noms gravés dans les plus prestigieuses galeries de l’humanité.

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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