Daniel Fignolé, ce modèle d’homme politique honnête qui manque à la scène politique haïtienne

De nos jours, on a à se casser la tête pour trouver sur la scène des  leaders politiques qui sont au-delà de tout soupçon. Au regard de plus d’un, ils sont  très rare ceux qui n’ont leurs noms cités dans de vastes  scandales de détournement de fonds, de surfacturations ou tout simplement de corruption, ou incriminé dans des rapports d’enquêtes comme celui du « Petrocaribe». On peut compter à peine  sur les doigts les parlementaires qui n’ont pas vendu leur conscience au plus offrant dans des marchandages de vote.
 
Qu’on se le dise, l’espace  politique est  en grande partie envahi par des hommes qui recherchent l’appât des gains ou dont leur mobile est de  tout simplement s’enrichir une fois accédés au pouvoir. Cette  pratique est largement documentée dans les livres d’histoire. On fait remonter  les mauvais arrangements depuis la genèse du pays. Qu’on se rappelle la citation de Jean Jacques Dessalines « Plumez la poule avant qu’elle ne crie pas».

On a toujours fait allusion à cette mise en garde lancée par Dessalines à ceux qui dilapidaient les caisses de l’État pour remonter la genèse de la culture de la corruption en Haïti. La majorité des gouvernements qui se sont succédé ont toujours les mains trempées dans la gabegie administrative. Ce qui porte certains à dire que le pays ne produit des hommes intègres et sérieux (yo tout se menm).  On nous fait savoir ce qui manque au pays, ce sont des hommes intègres, honnêtes et sérieux.

En revisitant l’histoire, on est tombé sur un cas exceptionnel en la personne de Daniel Fignolé. Son intégrité est, pour certaines personnes, très proverbiale. Le professeur Daniel Fignolé est ce type d’homme qui a toujours manqué à la scène politique haïtienne.

Le professeur Daniel Fignolé ne s’est pas laissé influencer par les manœuvres de corruption qui sont monnaie courante au niveau de l’administration publique. Comme ministre de l’Éducation en 1946 et député en 1950, il n’a pas vendu sa conscience au plus offrant. Selon ce qui est indiqué, Daniel aurait fait une bonne gestion des ressources de l’État pendant qu’il occupa ces deux fonctions. Étant un parlementaire respectable et respectueux, il n’a pas monnayé son vote comme le font aujourd’hui certains députés et sénateurs. Il y avait plusieurs tentatives  de le soudoyer, mais il a sauvé sa peau dans le milieu gangrénant la corruption.

En laissant son poste de ministre, il a pu déclarer devant les micros de la presse: « Homme que je suis, dans ce milieu tentant et tentateur, je suis sorti avec la main pure et sans tâches». Ce jour-là, la presse a noté que le professeur qui a gardé par erreur dans sa poche une plume, propriété de l’État, a dû retourner au bureau pour aller la déposer. Le professeur Daniel ne s’est pas contenté de prêcher la vertu , il l’a également pratiquée.

Dans la foulée, il est rapporté que le professeur Daniel a retourné au président Estimé un chèque que ce dernier lui a envoyé à l’occasion de l’anniversaire de sa fille aînée au nom d’elle. Le professeur a fait savoir à l’émissaire qu’un bébé ne pouvait pas compter une telle somme. Daniel avait la tête sur les épaules. Il ne s’est pas laissé piéger par un gouvernement à qui il fit opposition.

Toujours fidèle à lui-même, le professeur Daniel ne s’est jamais caché son refus à participer à des manœuvres de corruption. Sur une possible participation à une manœuvre de corruption, il a rassuré ses sympathisants en leur disant: « On sait la part active que j’ai prise aux événements. On sait qu’au lieu de réclamer des satisfactions personnelles, je préférai tenter une Révolution en profondeur, dans le sens du changement de la mentalité du peuple et de la classe dirigeante. Je proposai des institutions avancées. »

L’histoire a aussi retenu que le professeur Daniel a dû retourner un chèque émis en son nom par le gouvernement de François Duvalier pendant son à New York au trésor public.

Quoique fils de la classe paysanne, Daniel n’a pas cédé devant les offres alléchantes. Il a tout fait pour préserver son intégrité.  À date, personne ne peut incriminer Daniel de sa gestion d’homme d’État.

Même s’il est critiqué par l’économiste Lesly Péan pour avoir accepté le poste de ministre de l’éducation nationale du pouvoir Estimé, le professeur Daniel a laissé dans l’histoire de son pays le profil d’un homme intègre et honnête. On peut lui reprocher son radicalisme, son populisme, mais jamais son honnêteté.

Les jeunes aspirant à la politique ont Daniel comme modèle politicien à suivre. Il est le modèle d’homme politique qui a laissé un héritage d’honnêteté. Il représentait alors un modèle parfait de l’honnêteté politique, un leader vertical contre l’injustice sociale, justifié par son comportement et son attitude au passage sur la scène.


James St Germain
Sociologue et professeur de philosophie


 

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