Haïti : Montana, la remontada!

« Aux initiatives conçues et motivées par l’intérêt collectif, la confiance populaire n’attend point le nombre des années ». Haïti chutait à vitesse TGV en prenant une pente descendante vers la catastrophe. L’urgence de l’heure consiste à stopper cette hémorragie et marquer le virage vers l’homéostasie. Montana promet une remontada.

Prise de conscience citoyenne nourrie dans une multitude de rencontres fructueuses, discussions respectueuses et stratégies de rupture avec un système pervers pour se solder par un rassemblement inclusif au 30 août 2021. L’Accord Montana - approuvé par plus de 800 organisations réparties dans les régions, dans la capitale, au bercail, à la diaspora - procure la sensation d’une espérance de renaissance d’Haïti de ses cendres. Compliments aux courageux concepteurs de ce projet de société qui ont osé lancer le signal pour que cesse la dérive politique. Notre beau pays mérite d’exposer son potentiel économique, artistique, climatique et touristique. Le retour à l’équilibre est amorcé. Puisse ce 7 février 2022 marquer le véritable déclic !

Fairplay entre les concurrents - aux postes de la primature et de la présidence provisoire - qui ne se toisent pas comme des adversaires, encore moins des ennemis. Depuis les débats jusqu’aux élections au second degré, le respect mutuel embaumait les sessions tenues sous le leadership patent d’un ensemble de personnalités indignées de la situation invivable de la nation. Par leurs sens patriotique, engagement citoyen, vision commune définie, notoriété intellectuelle et propositions teintées de la primauté du collectif sur l’individuel, les acteurs du Montana ont offert aux fatigués et rescapés du kidnapping et de la cruauté de la dernière décennie sismique une alternative porteuse d’espoir.

Aujourd’hui, au sein de son propre pays, le citoyen haïtien est cloitré dans une caverne hantée dépeinte par des obscurantistes qui ont fait pulluler des gangs dans tous les coins et recoins. Entretemps, ils rêvent de récidiver à des élections frauduleuses pour continuer de sucer le trésor public et emporter les richesses du pays dans les paradis fiscaux. Le vol est débridé et le terrain est miné depuis l’intronisation de la bêtise politique à l’hypophyse des axes stratégiques de la Cité. Les idiots politiques du pouvoir en place animent un jeu vilain contre leur propre destin puisque demain ils vont se faire emprisonner et dépouiller par l’Occident jusqu’au dernier sou dilapidé.

En contrepartie de maintien en poste et de retour illicite, les artisans et complices du capharnaüm satisfont les désirs du mauvais blanc motivé par le seul enjeu de sucer les ressources de la république riche en ressources minières. « Malédiction de la dotation naturelle », les pharisiens de la communauté internationale y sèment la pagaille en vue de donner des distractions aux esprits qui devaient rester vigilants. Graduellement, traitres locaux et hypocrites internationaux y ont concocté le chaos. Les moins robustes y ont succombé, les plus résilients s’en sont sortis « à qui mieux mieux ».  Trop longtemps dans la psychose, le peuple rêve d’inhaler un nouvel air.

 

Le meilleur scénario

L’ère du changement est enclenchée dans une partition bien jouée par une masse critique de citoyens appartenant à l’élite du pays qui ont présenté une feuille de route transitoire bien charpentée. Certes, à l’instar de toute œuvre humaine, le processus du montage du gouvernement de transition suggéré par l’Accord Montana ne saurait jouir d’une nature perfectible. Cependant, la dialectique a auditionné et visionné - sur la longueur, la largeur et la profondeur - de 7 février 1986 au 30 janvier 2022, elle n’a pas inspecté besogne aussi mûrie et patriotique. Si les prémisses de cet Accord constituent sa force pour la société, aux lentilles des racketteurs politiques, ce serait sa pierre d’achoppement. On comprend clairement la raison pour laquelle quelques groupuscules politiques dérèglés n’y montent pas à bord, car la trame du Montana n’étant pas le partage du gâteau.

Dans ce creux abyssal marqué par une bizarre acéphalie politique qui procure la céphalée où personne ne voyait au bout du tunnel au lendemain du 7 février 2022, l’Accord Montana représente une offre politique prometteuse. Cela voudrait-il dire que les acteurs désignés seraient sans péchés ? Loin de là. Par contre, il faudra analyser les scénarios probables en chiadant à percer leurs coûts et avantages du point de vue social.

  1. Faudrait-il maintenir ce statuquo chronophage et anthropophage ? Du kidnapping au crime le plus spectaculaire, tout le monde est conscient des dégâts de tous ordres causés par le régime en place. Chaque jour vécu sous l’auspice du PHTK équivaut à la multiplication des cas de kidnapping, viols et concussions dans l’administration publique. Cette option de maintien de cette équipe à la tête du pays entraîne avec certitude un chaos intégral. En conséquence, elle est à rejeter, car nous ne sommes pas des cons.
  2. Doit-on choisir de rester coi et invoquer la providence pour délivrer Haïti comme par une baguette magique ? Le miracle est opéré là où l’intelligence humaine serait limitée. On ne peut se vouer à des saints et attendre que Dieu vienne trôner sur les fauteuils pour diriger les affaires du pays. Vous rêvez guérison et solutions à vos problèmes, la prière ne suffit jamais. Il en faut toujours des actions. La main divine invisible requiert la foi ou un effort du nécessiteux pour qu’elle soit véritablement opérationnelle. « Prenez votre natte et marchez » ! Frappez et l’on vous ouvrira !
  3. Devrait-on s’atteler à identifier des citoyens intègres dotés de capacités techniques et politiques pour assurer le destin de la population vers une meilleure qualité de vie ?  Sur terre, on sait que ce sont de tels citoyens que l’on plébiscite en vue de garantir le bien-être collectif.  Cette troisième option se révèle plausible et responsable. Le projet Montana - sans être parfait - est inscrit dans ce cadre. Faisons le vœu qu’il bénéficie d’une plus large légitimité de la population, à témoigner au 7 février 2022 pour que la confiance se rétablisse au sein de notre Haïti.

 

À ceux qui y lancent des flèches, ce n’est pas la faute à Montana si le pays ne bénéficie pas d’une légitimité légale, comme il se doit. Si des élections n’ont pas été planifiées aux pays pendant tout un quinquennat, Montana y est pour rien. Sinon, Montana est une victime de la myopie des amateurs politiques du PHTK. Puisque les provisions juridiques sont muettes dans ce contexte de creux insolite - sans têtes, sans corps, sans bras - pour la sauvegarde de la nation, le devoir citoyen interpelle à mettre des propositions sur le tapis. Montana a bien œuvré à combler ce vide. Parallèlement, nous sommes témoins que les autres du camp champion de la perversion ne font que discuter des miettes à partager entre des petits affairistes en mission de vidangeurs au profit des perturbateurs en poste.

Au cours des turbulences de l’année de toutes les calamités (2021), d’un côté et les milles fois bafoués devenus pessimistes croyaient dans une triste fatalité. De l’autre, les réalistes (ainsi que les optimistes) savaient que les fruits de la persévérance dans l’effort de réfléchir et travailler dans l’harmonie tiennent toujours la promesse des fleurs.  Montana a donné le bon ton en élaborant un programme complet jusqu’à désigner par scrutin des personnalités à piloter la transition de rupture dont l’objectif consiste à déblayer le terrain avant de conjuguer dans la sérénité les verbes se porter candidat, voter et élire. C’est au bon point de départ, sinon une bouffée d’oxygène dans cette vague de pollution engendrée par le PHTK.

La vigilance concerte avec l’intérêt supérieur pour admettre que ce n’est certainement pas une carte blanche accordée au président et Premier ministre désignés. On devrait leur accorder du temps nécessaire pour nettoyer les écuries d’Augias. Par contre, les regards critiques doivent être constamment braqués sur ces personnalités ainsi que celles de tous les organes représentatifs de la transition pour qu’elles respectent les termes de références du mandat qui leur est confié. Puisse Dieu aider les nouveaux dignitaires à gagner en notoriété pour qu’ils transcendent constamment en mettant les intérêts nationaux au-dessus des intérêts partisans.

 

En route vers la dernière transition

Haïti doit se relever la tête pour quitter la caverne et emprunter le sentier de la paix, la justice et la sécurité. C’est à ce momentum que nous sommes arrivés. Cette semaine précédant la date butoir du 7 février 2022 est cruciale pour harmoniser le vox populi dans une synchronie en ténor, alto, basse et soprano pour fredonner le refrain salvateur de demander au PHTK de se déguerpir et faire place à des citoyens honnêtes pour nettoyer le terrain en prélude à des élections crédibles.

Deux ans à la transition c’est le temps d’assainir les villes et les bidonvilles gangstérisés, épurer la base de données Dermalog, entamer le procès Petrocaribe, nettoyer l’administration publique des gangs à cravate, octroyer justice aux victimes du régime sanguinaire PHTK, notamment à la famille du bâtonnier Dorval et au président Moïse quoique trucidé avec la complicité de ses parrains. Mais aussi, c’est le temps de repenser les coopérations et les négociations avec une communauté internationale perverse qui doit cesser de baiser Haïti à la Judas Iscariote.

Dans cet élan de rétablissement de l’ordre et de la récupération de l’autorité de l’Etat, il faudra investiguer sur les crimes de lèse-patrie, particulièrement les mercenariats criminels de février 2019 et de juillet 2021 en identifiant les intermédiaires et les masterminds du crime. Trop longtemps dans l’impunité, la médiocrité, la parasité, la criminalité et le miséréré, Haïti doit opter d’entrer dans le concert de la modernité. 

Œuvre humaine, on ne saurait prétendre que l’Accord Montana serait dépourvu de failles. Cependant, nous devons cesser de verser dans le sophisme suicidaire de fustiger et lapider des personnalités parce qu’on y décèle un péché. Ce n’est pas de la sorte que l’on jauge de la capacité technique et politique des gens. Les jugements de valeurs doivent plutôt porter sur des critères plus vastes.

La bêtise de 2010 n’est surtout pas à réitérer. En effet, pour le poste présidentiel, une candidate expérimentée et bien formée était en lice face à un candidat malfrat, pourtant, une partie du peuple apte à influencer les résultats des scrutins criait : « Ban nou vakabon an ! Il est vrai qu’il ne faut pas oublier les gabegies du CEP de connivence avec l’ingérence internationale. Il demeure tout de même évident que des médias scélérats, journalistes prostitués et « intellectuels petits » avaient choisi de se mettre du côté de la bêtise. L’éthique des moyens était le cadet de leur souci. Non, Haïti doit se résoudre d’adopter des comportements responsables en se servant de la dialectique et du discernement pour démarquer les décisions de société des bais causés par les attitudes impulsives. 

Parlant de dialectique et de geste patriotique, en cette fin de janvier 2022, une lourde  responsabilité a été bien assurée par l’équipe du Montana. À ce stade, il faut la partition de la population qui doit sortir de sa léthargie catatonique pour demander au régime criminel en place de plier bagage. En route vers une nouvelle Haïti.

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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