Invoquons l’Hymne de Vertières

 « Il nous faut invoquer la Bataille de Vertières (1803) quand tout semble aller mal, pour nous rappeler les combats menés.   

Se souvenir du propos de Jean Jacques Dessalines pour nous redonner courage et force : « Je ne veux garder avec moi que des braves. Que ceux qui veulent redevenir des esclaves français sortent du fort. Que ceux au contraire qui veulent mourir en hommes libres se rangent autour de moi ».

À la veille de ce 7 février, date qui nous rappelle le renversement de la dictature Duvalier, j’invite Haïti à un consensus national pour une trêve de paix, à mettre de côté nos intérêts de groupes pour trouver une solution durable commune.

 

Le 7 février date mémorable

Les dates sont porteuses de signification et de sens, elles nous rappellent la conquête, la victoire, l’union, les alliances qui ont été faites dans un moment donné.  Elles sont aussi importantes pour la transmission de la connaissance de l’histoire et pour éviter de répéter les horreurs du passé.

Le 7 février 1986 est né suite à un bilan notoire de 30 années de répression et de violence politique entre les mains des Duvalier père et fils. Cela nous rappelle la course constante de notre société pour accoucher notre démocratie participative, née de la volonté des Haïtiens de mettre fin à un système de tyrannie.

Le 7 février est né suite à des tueries  dont : le massacre des Vêpres Jérémiennes commis à partir du 5 aout 1964. Lors de ce massacre, les membres du groupe « Jeune Haïti » ont tous péri. Le massacre des paysans de Thiotte le 27 juin 1964 ayant causé la mort de plus 600 personnes. Ensuite les émeutes des Gonaïves les 27 et 28 novembre 1985 : un mouvement contre la misère et l’injustice.

Durant cette révolte des milliers de personnes aux Gonaïves ont été tuées par balles dont ces trois innocents : Jean Robert Cius, Mackensen Michel et Daniel Israël. Ce jour-là ils étaient à l’école.

La période duvaliériste se résume en quatre mots : Exil, Prison, Cimetière ou Silence. J’observe un spectacle affreux quand je vois les Haïtiens piétiner le 7 février, car le 7 février est un évènement créé de la farouche volonté des Haïtiens de renaitre.

À la veille de 7 février il faut se souvenir de Fort dimanche, appelé Fort la mort, le grand quartier General,  le Caserne Dessalines, Antigang. Ces lieux étaient servis comme des endroits de torture pour les prisonniers politiques devraient être transformés en musée ou lieu de réflexion pour rappeler les atrocités de la dictature.  Malheureusement ces lieux ont été transformés en commissariat avec une gomme collective qui efface la douleur de ces victimes. Ces hommes et ces femmes qui étaient forcés de boire leurs urines quand ils avaient soif. Si  la conjoncture actuelle nous porte à oublier 7 Fevrier 1986, mais il faut se rappeler du passé.  «  Quand le passé n’éclaire pas l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres »

Nos acquis d’aujourd’hui ont pris naissance après 1986 : la liberté de presse, le droit de circulation, le droit de regroupement, le droit de voyager dans tout pays étranger.

Ces acquis ont été consolidés dans la Constitution de 1987.  Cependant les pro-Duvalier ou les anti-changements ont toujours qualifié cette constitution de chimère.  Pourtant cette constitution proposant un projet de société, de vivre ensemble, de développement économique, reste vouée à l’échec par tous ceux qui l’ont mis de côté pour diriger le pays avec des décrets, ou des agents intérimaires.

 

Regards sur le Sommet du 21 janvier sur Haïti animé par le Canada

Le 21 janvier 2022, sous l’invitation de la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, plus de 20 représentants de pays, membres des Nations Unies et d’autres organisations régionales et internationales ont participé à un sommet virtuel sur Haïti.

À la fin du sommet, ils ont tous réitéré leur soutien à Ariel Henry alors que le Canada a annoncé un investissement de 50.4 millions $ pour soutenir neuf projets en Haïti.  Ce sommet et cette aumône ont-ils apaisé les tensions entre les protagonistes en Haïti ? Ont-ils freiné l’insécurité meurtrière ?

Bien avant la tenue de ce sommet, j’ai partagé un communiqué dans lequel plusieurs membres de la diaspora haïtienne de Toronto ont exprimé leurs attentes.

 Des structures comme le plan Marshall de 1948 pour aider Haïti vers l’autodétermination et l’indépendance économique, l’exclusion du paternaliste ont été énoncés. J’ai prôné un consensus entre les signataires des accords et le Premier ministre intérimaire pour trouver une solution durable.  Cependant à la veille de ce 7 février 2022 la confusion totale règne à Port-au-Prince vis-à-vis le destin du Pays.

Il nous semble évident que nous sommes là où nous sommes aujourd’hui parce ledit Sommet n’a pas intégré les représentants de la société civile haïtienne, les signataires des accords ou des représentants de la diaspora haïtienne au Canada.

Comment peut-on décider pour un pays sans l’avis de ses représentants ?

 

Un Premier ministre échu, soutenu par la communauté internationale

Depuis l’assassinat du président le 7 juillet 2021, le pays continue de plonger dans la dérive.  Même sous présidence de Jovenel Moise qui a préféré diriger le pays par décret, sans tenir compte de la constitution de 1987.

Ce qui laisse Haïti dans l’incertitude totale, sans gouvernance ni parlement. Diriger Haïti après ce 7 février exige inévitablement un consensus entre les signataires des accords et le Premier ministre intérimaire.   

Ariel Henry a été nommé Premier ministre deux jours avant l’assassinat du président Jovenel Moise. Or Ariel Henry, selon ce qui circulait dans les médias étrangers aurait des comptes à rendre à la justice concernant son implication dans l’assassinat du président. Ce qui qualifierait son action tel un coup d’État.

Ariel Henry est aussi un Premier ministre qui avoue avoir été en contact avec le présumé assassin du président et fait obstruction à la justice haïtienne en refusant de se présenter à la cour pour témoigner concernant l’enquête sur la mort du président.

 

Quatre Accords en conflit

Le mandat d’Ariel Henry devrait prendre fin le 7 février 2022. Un consensus doit être trouvé entre lui et les signataires de quatre accords en conflit les uns avec les autres : l'Accord de Montana, de Louisiane, de Pen et du 11 septembre.

Qui contrôle quoi et qui a la légitimité pour aller de l'avant? 

Le 31 janvier, les représentants de l’accord Montana ont élu l’économiste et ancien Gouverneur de la Banque centrale, Fritz Alphonse Jean comme président provisoire et l’ancien sénateur Steven Benoit comme Premier ministre.

Le 7 février le moment est venu pour établir un consensus national vers la paix à commencer par l’organisation d’élections démocratiques. »

 

Amikley Fontaine, membre de la diaspora haïtienne à Toronto

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