Construction d’un mur entre Haïti et la République dominicaine

Le projet est lancé, aucun dirigeant haïtien n’est présent !

Le gouvernement de la République dominicaine est en train d’ériger un mur mitoyen entre son territoire et celui d’Haïti. Le travail de construction de ce mur de séparation est lancé le dimanche 20 février 2022 à Dajabon, ville dominicaine frontalière limitrophe avec le département du Nord-Est d’Haïti, dont le chef-lieu est Fort-Liberté, en présence du président Dominicain Luis Abinader, vêtu  en costume de chantier, Jeans, Botte, Casque, etc. Ce projet a été annoncé par le président dominicain depuis plus d’une année.

Cette annonce a été divulguée très peu dans la presse locale, mais beaucoup dans la presse  internationale. Les ténors de la presse haïtienne n’en parlent pas.  C’est un projet d’envergure qui intéresse tout le monde sur la planète sauf les Haïtiens et leurs dirigeants, ils sont dans un profond sommeil.  Après avoir entendu la nouvelle dans quelques stations de radio de Port-au-Prince, on peut aussi lire l’information dans les presses en ligne et les presses internationales dont aucune ne constate, dans ce lancement, la présence d’un dirigeant haïtien, et je cite quelques-unes:

 1- https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/21/la-republique-dominicaine-entame-la-construction-d-un-mur-a-sa-frontiere-avec-haiti_6114551_3210.html

2- https://www.challenges.fr/monde/la-republique-dominicaine-entame-la-construction-d-un-mur-le-long-de-sa-frontiere-avec-haiti_801680

3- https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/la-republique-dominicaine-entame-la-construction-d-un-mur-a-sa-frontiere-avec-haiti-1237630.html

4- https://www.lopinion.fr/international/entre-la-republique-dominicaine-et-haiti-un-mur-en-passe-detre-dresse

5- https://www.rtbf.be/article/la-republique-dominicaine-lance-un-mur-frontiere-avec-haiti-1093956

6- https://maghaiti.net/lancement-de-la-construction-du-mur-frontalier-entre-haiti-et-la-republique-dominicaine/

 

Dans tous ces organes de presse consultés, il n’est dit nulle part qu’une délégation haïtienne était sur les lieux.  Cela dit que tout cela se passe hors de la vue des dirigeants haïtiens qui sont là pour protéger et défendre le territoire national.

La construction de ce mur rappelle la construction du mur de Berlin en 1961 après la Deuxième Guerre mondiale ou l’Allemagne était occupée par Les Américains, les Français, les Russes et les Anglais. Le mur de Berlin était érigé dans une situation de guerre froide après-guerre.  Ces quatre puissances étaient alliées, mais la rupture de l’alliance  va provoquer la division et l’érection du mur,  mais en 1989, il était brisé et l’Allemagne  réunifiée.  La construction du mur qui sépare Haïti de la République dominicaine est un pas en plus dans l’anti-haitianisme dominicain bien établi et démontré par Dr Ernesto SAGA dans son ouvrage titré « Race et politique en République dominicaine » et par Jean Price Mars dans son livre «  la République d’Haïti et la République dominicaine »

dénoncer ce profond sommeil des dirigeants haïtiens face à cet acte illégal de la République dominicaine est une façon de les secouer et les motiver à faire quelque chose pour racheter cette situation qui livre le territoire d’Haïti à la République dominicaine. La construction d’un mur mitoyen entre la République d’Haïti et la République dominicaine par les Dominicains unilatéralement, est un acte illégal parce qu’il n’y a pas de convention y relative entre les deux pays.

La longueur totale de la ligne frontalière Haitiano-Dominicaine  est approximativement de 380  kilomètres, mais les travaux sont prévus pour une longueur de 164 Kilomètres dans les zones les plus peuplés et sensibles, et seront terminés dans neuf mois à partir de la date de la pose de la première pierre.  Le mur sera en béton armé, de quatre mètres de hauteur, de 0,20 mètre d’épaisseur et 70 tours de contrôle y seront annexées ;

Le président dominicain, Luis  Abinader,  étant sur le chantier sans son homologue haïtien qui aurait été le Premier ministre de facto Ariel Henry,  déclare que ce mur sera utile aux deux pays, mais l’objectif est de combattre la migration illégale, les trafics d’êtres humains, le trafic de la drogue et les ventes illégales d’armes à feu.  Pour citer le chef d’État dominicain : « « Cette barrière  bénéficiera aux deux pays, car elle permettra de contrôler beaucoup plus efficacement le commerce bilatéral, de réguler les flux migratoires pour lutter contre les mafias de trafic d’êtres humains, de lutter contre le trafic  de drogue et les ventes illégales d’armes » 

L’ile d’Haïti est toute petite, elle mesure 76 192 kilomètres carrés dont 27 750 km2  pour la République d’Haïti  et 48 442 km2 pour la République dominicaine.

On se rappelle, historiquement,  que toute l’ile était occupée par les hommes de Christophe Colomb d’Espagne. Les Espagnols subissaient beaucoup d’attaques et d’emmerdement des boucaniers et flibustiers français et c’est ainsi qu’en 1697, pour racheter sa paix,  l’Espagne céda à la France la partie occidentale de l’ile.  De cette année jusqu’au 1er janvier 1804, la partie ouest, Haïti, était occupée par les Français.

 

C’est un géotopographe Franco-Almand du nom de Louis Gentil Tippenahuer qui aurait été le premier à faire  le décompte de la superficie de l’ile d’Haïti. C’est lui qui en 1893, attribuerait le total de 27750 Km2  à la République d’Haïti.  Ce travail aurait été fait de concert avec d’autres Topographes qui travaillaient sur l’ile entière depuis  bien avant, au su des autorités de la République dominicaine.

Depuis lors on a adopté conventionnellement cette superficie à Haïti et les deux parties en présence d’alors l’ont bien accepté. La République dominicaine était bien d’accord que cette partie de l’ile appartenait à Haïti et cette reconnaissance a duré jusqu’à date, mais au fur et à mesure qu’Haïti perd sa réputation comme pays, elle perd de son territoire parce que de temps en temps les Dominicains déplacent et avancent les bornes sur le territoire Haïtien ce qui fait qu’en matière de superficie et comme toute autre matière d’ailleurs, Haïti n’est plus ce qu’elle était dans le temps.

Haïti est un pays qui va decrescendo, elle dépérit, elle s’effrite et finit de plus jusqu’à ce que rien n’existe pour elle. Haïti perd son indépendance, sa liberté, ses hommes, sa culture, sa beauté, sa réputation, ses relations, ses valeurs, son drapeau, son armée, ses armes, son industrie, son commerce, son agriculture, son école, son université, sa jeunesse, ses scientifiques, ses intellectuels, ses cerveaux, ses voies ferrées ;  Haïti perd tout et aujourd’hui elle perd encore et encore son territoire;

Cela fait des années que les paysans de Belladere clament haut et fort que les Dominicains avancent les bornes et entre sur leurs terres, mais les dirigeants ne font rien pour freiner l’hémorragie, donc les dominicains avancent et avancent… Et personne pour les freiner… et ce qu’ils font à Belladère, ils le font dans toute la ligne frontalier, à savoir, ils déplacent les bornes et prennent des terres haïtiennes et ils les prennent de façon exponentielle,  alors,  est-on aujourd’hui encore à 27750 km2 ?

Regardez aujourd’hui que le président dominicain est sur la frontière en train de discourir l’érection d’un mur de séparation entre Haïti et la République dominicaine en absence du président haïtien ou de tout responsable haïtien.  La Frontière haïtienne est alors abandonnée aux dominicains et ils vont poser leur jalon ou ils veulent et pourront prendre n’importe quelle valeur de terre du territoire Haïtien parce qu’aucun dirigeant haïtien n’est présent avec eux.

En réalité, par analogie, le territoire d’un pays est comme un simple terrain d’un citoyen.  IL est arpenté, borné et acté.  Lorsque deux personnes sont voisines,  si l’une veut arpenter son terrain ou fixer d’autres haies, elle doit inviter l’autre à superviser et à assister son travail sous peine de faire opposition, c’est ce que prescrit le décret du 26 février 1975 sur l’arpentage. C’est aussi le même cas pour les pays, si un territoire veut arpenter et refixer ses bornes ou dresser un mur de séparation,  il doit inviter l’autre pays à assister son opération,  s’il ne l’invite pas, ce pays non invité doit intervenir volontairement pour opposer à cela jusqu’à ce qu’une entente soit trouvée entre les deux pays pour monter ce mur ;

En matière de droit territorial qui est une branche du Droit international, chaque pays a son territoire ; chaque pays gère son territoire et si deux territoires sont voisins, les deux pays gèrent la frontière ensemble.

En Haïti, les choses se font autrement. Le gouvernement dominicain a depuis plus d’une année, annoncé qu’il va ériger un mur de séparation entre la république d’Haïti et la République dominicaine, les dirigeants haïtiens ne répondent pas et agissent comme si cela ne les concerne pas. Ce sont des dirigeants inconscients, incompétents, qui n’aiment pas et ne défendent pas leur patrie, qui ne s’occupent que de leur pouvoir, de leur argent, de la corruption qu’ils font,  donc ils délaissent totalement le territoire et la population; ils paupérisent la population, ils détruisent la constitution et délaissent le territoire et néantisent ainsi l’Etat d’Haïti ;

C’est l’inconscience,  l’incompétence et l’antinationalisme des dirigeants haïtiens qui favorisent la grande corruption qui gangrène le pays, cause de son effondrement. Si Haïti qui connait ses grands moments historiques et indélébiles des prouesses de 1804,  où elle a repoussé l’armée de Napoléon pour racheter sa liberté et son indépendance ; sa  participation à la création de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ; son statut de  membre fondateur de  l’Organisation des États américains et j’en passe….ne veut plus rien dire dans le monde international et diplomatique et si les Haïtiens n’ont plus aucune valeur sur le plateau où que ce soit, c’est à cause de nos dirigeants et nous avons ici la preuve ;

Actuellement,  Haïti est gangstérisée et la police, la justice et l’Etat en général ne disent et ne font rien ; le kidnapping  fait rage, les autorités, l’armée et la police font comme si cela ne les concerne pas, la police préfère tuer des manifestants  (fusillade effectuée par la Police nationale d’Haïti dans la manifestation du 22 février 2022 des ouvriers de la SONAPI dans laquelle des journalistes sont blessés par balles et le journaliste Maxihen Lazzare a été assassiné) qui réclament un ajustement de salaire et des journalistes qui couvrent cette manifestation, au lieu de s’attaquer aux bandits qui sèment la terreur dans la société ; la faim tue la population et le peuple demande à manger, les autorités restent en mode sourdine ;  des monceaux d’immondices jonchent toutes les rues de la capitale et des villes de province, l’État central ne dit rien, les mairies  restent inactives ; aujourd’hui Abinader décide de couper le territoire et de s’approprier des terres des paysans haïtiens qui vivent dans les frontières, l‘État reste comme si cela ne le concerne pas ;  d’où viennent ces dirigeants ?  Où est le Premier ministre, même s’il est de facto ? Où est le ministre de l’intérieur ? Où est le ministre de la Justice ? Où est le chef de la police? Où est le ministre des Affaires étrangères ?

En conclusion, comme je l’ai toujours dit, après l’effondrement spectaculaire de l’État d’Haïti, l’effondrement des trois pouvoirs de l’État, la souveraineté populaire retourne à son maitre : le peuple. C’est le peuple qui doit prendre le contrôle de la situation pour retirer ces dirigeants délinquants et choisir des dirigeants honnêtes, capables, conscients, compétents, nationalistes et respectueux de la loi pour rebâtir cette nation ;

À la frontière Haïtiano-Dominicaine, Abinader fait ce qu’il veut, il pose son mur où il veut parce qu’il n’a pas de résistance, la voie étant libre parce que le gouvernement haïtien ne sait pas que les dominicains sont sur la frontière en train d’ériger un mur mitoyen. C’est le meilleur moment de fixer les bornes de ces deux pays et de reconquérir les terres des paysans des zones frontalières, volées pendant longtemps déjà, donc il faudrait que les dirigeants haïtiens soient là du commencement à la fin, avec des experts pour recalculer et confirmer les 27750 KM2 qui forment notre territoire, mais malheureusement, nos dirigeants ignorent leurs rôles à la tête de ce pays et je vous assure que si les dirigeants haïtiens ne font rien, Haïti perdra beaucoup de terres après la construction de ce mur, mais il sera trop tard ou très difficile de les récupérer.

C’est avec peine que l’on constate sur les réseaux sociaux une déclaration théâtrale du ministre haïtien des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, datée du 23 février 2022,  qui concerne la frontière Russo-Ukrainienne, au bord de laquelle l’armée russe a envahi deux villes de l’Ukraine.  Le ministre Généus exprime sa préoccupation sur la crise frontalière et la guerre Russo-Ukrainienne alors qu’il ignore les problèmes de la frontière Haitiano Dominicaine jusqu’à ce qu’il ignore que le gouvernement dominicain érige un mur furtif dans les frontières du pays dont il est ministre des Affaires étrangères, quelle démagogie ! Quelle hypocrisie, quand aurons-nous des dirigeants dignes en Haïti ?

Le pays de Dessalines ne peut pas subir cet affront. Le Premier ministre Ariel Henry, le ministre des Affaires étrangères Jean Victor Généus, le ministre de l’Intérieur Litz  Quitel doivent quitter leur bloc de glace ; le ministre de la Justice Bertho Dorce doit défendre le territoire; cessez de faire la sourdine, donnez des tapes à vos fesses,  laissez un peu votre confort bureautique et allez sur place pour constater ce que fait Abinader sur notre frontière,  défendez le territoire,  car c’est vous qui êtes là et bien payé par cette pauvre population  pour le faire, alors faites quelque chose au moins, car la violation du territoire est une violation grave des droits de la personne humaine haïtienne,  c’est une violation du droit territorial, c’est une violation du droit international aussi. Allez sur les lieux et faites opposition jusqu’à ce qu’il y ait convention entre vous deux sur l’érection de ce mur. En cas de rébellion de la République dominicaine, saisissez la Cour Internationale de Justice, CIJ,  seul Tribunal compétent pour statuer en ce sens. Faites quelque chose pour sauver l’honneur d’Haïti.

 

Todt ROYER, Av. Docteur en Droit

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

9 COMMENTAIRES