Déconfiture sociétale en Haïti: La faute aux institutions régaliennes !

Vous avez dit kidnapping, délit, crime ? Décidément, le criminel n’est pas le problème per se, car d’un point de vue réaliste le brigand fait partie intégrante des systèmes humains. Par contre, au sein des sociétés modernes, le vilain ne saurait recevoir feu vert, carte blanche, encore moins acclamation, pour jubiler puis se cacher derrière une immunité officielle interne ou sous le jupon toxique d’une communauté internationale perfide pour détruire, vandaliser et se moquer des valeurs à sa guise.

De la rue jusqu’à leurs salons diplomatiques, il se dessine en cette ère moderne tant de républiques archaïques qui souillent le cachet sacré des institutions. Celles-ci sont constamment violées et badigeonnées par le truchement d’imposteurs aux cœurs démoniaques. Une palanquée de corps sans têtes, têtes sans cerveaux et cerveaux sans matières grises sont installés arbitrairement à la tête des nations dotées en richesses naturelles. Celles-ci sont estampées d’une gouvernance mazette afin d’être constamment persécutées et aisément appauvries par la convoitise externe. À titre d’exemple actuel, Haïti est un cas patent d’une république historique punie par ses « faux amis » rancuniers et trahie par ses enfants cupides. Un retour à l’équilibre s’impose. Il faut redorer le blason des institutions.

« Nul n’est au-dessus de la loi ». Les sociétés modernes sont guidées par cette vertueuse institution juridique qui infère quel que soit le statut d’un fautif, la justice doit trancher les yeux bandés pour tabler sur son sort. À preuve, dans les sociétés civilisées, les bandits finissent par être cloîtrés en taule pour purger leur peine. En dépit de gloires ou de prouesses artistiques dont il aurait joui, le citoyen se souvient toujours que « nemo est supra legem » est une prémisse inviolable pour préserver l’équilibre sociétal.

 

Le biais

La voix légendaire de R-Kelly a fait danser toute l’Amérique en des styles divers ; il n’a pourtant pas été exempté de la prison en raison de ses dérives sexuelles et pédophiles. Que de bonheur Bernard Tapis a apporté à la France en ressuscitant Marseille et en faisant acquisition d’entreprises florissantes à l’Hexagone. Cependant, les accomplissements de l’ancien CEO d’Adidas ne pouvaient lui servir de circonstance atténuante pour ne pas subir le verdict de la justice en sa défaveur. Il n’est permis à personne de violer les normes et les balises institutionnelles régulatrices de la bonne marche des systèmes démocratiques.

Mike Tyson, Ronaldinho, Higuita, Silvio Berlusconi ; interminable est la liste de célébrités et figures politiques de grande réputation qui ont écopé des peines de prison à cause de leurs fourbes de violer des principes républicains. En Asie, en Europe et en Amérique latine, une kyrielle de chefs d’État corrompus ont expérimenté le triste parcours de la présidence à la prison. Rafael Correa de l’Équateur, Jacob Zuma de l’Afrique du Sud, Luiz Lula da Silva du Brésil, Alberto Fujimori du Pérou, Lee Myung-bak de la Corée du Sud, tous d’anciens présidents condamnés pour fraudes.

Plus récemment, le rouleau compresseur de la justice a été passé sur Nicolas Sarkozy épinglé de corruption et de trafic d’influence. C’est bizarre qu’aucun des présidents haïtiens aux « dwèt long » n’allonge la liste du parcours « présidence à la prison » alors que ces derniers baignent dans toutes les dépravations. Par ailleurs, les conventions internationales classent la corruption comme un crime extrêmement grave. Au Nord, les coopérations internationales font corps pour incarcérer les corrompus ; au Sud, les ambassades s’érigent en « Core » répugnant pour défendre, voire parrainer les bandits.

Si au Tiers-Monde la justice se vend aux plus offrants, les pharisiens de l’international y sont pour beaucoup. Ces partenaires bluffeurs ont la manie de jeter leur dévolu sur les crapules pour occuper les postes les plus décisifs. C’est avec la complicité étrangère que des caïds du proxénétisme et du banditisme pavanent dans les couloirs des entités de vigie qui ont la vocation de les incarcérer. Eux qui devaient se référer aux conventions de paix, ils font plutôt l’éloge du banditisme jusqu’à fédérer les fous alliés qui kidnappent et tuent. Merci Helen ! Tout le temps, comme un poison violent, Sison, Merten et consort mettaient le déshonneur à l’honneur. Ils répandent le signal regrettable d’accueillir des crapules notoires sur tapis rouge. C’est quoi l’incitation de ces vilains diplomates qui imposent à Haïti une Primature immature et impotente ?

Sous leurs yeux « vairons », sinon avec le support de ces indignes représentants de l’ONU, le dealer de drogue siège comme leader. D’une part, il est fait interdiction à celui qui a pissé dans la rue au Canada ou aux USA d’occuper une haute fonction publique. D’autre part, ces hypocrites ont tenu un farouche plaidoyer pour que le rejeton Ti-Simone - qui descendait son pantalon d’ici et d’ailleurs pour harceler hommes, femmes et enfants - devienne le premier des citoyens haïtiens. « Deux poids, deux mesures ».

 

L’impunité

Les fraudeurs se fondent en des accolades fraternelles avec des ministres, sénateurs et députés dépravés et immoraux. Ensemble, ces géniteurs irresponsables s’entendent à violer des servantes, des femmes nécessiteuses et des filles vulnérables jusqu’à leur laisser traîner avec des enfants orphelins. Exploitation des filles et des garçons, au Ranch, au Champ-de-Mars, au Centre, dans les périphéries ; trafic d’influence résultant de couplage involontaire entre président octogénaire et fillettes impubères. Pourtant, aucune sanction s’en est suivie.

La société a déjà oublié les accusations de viols résultant « vraisemblablement » en une naissance ignorée portées contre l’ancien ministre du PHTK - s’il vous plaît de l’Éducation nationale - Josué Agénor Cadet. « Ressemblance physique n’est pas test génétique certes ; mais, la coïncidence est de trop ». En dépit de la sombre lumière jaillie sur le dossier ombrageux impliquant de hauts cadres de la FHF et nos petites grenadières prometteuses, Dadou Jean Bart et consort demeurent libres de leurs mouvements pervers.

Les Accra, les Brandt, les Biggio, les Abdallah, etc. ; il fut un temps, c’était des noms de nantis « honorables », quasiment sacrés. Il a fallu attendre le règne du PHTK pour qu’une triste vérité se révèle au grand jour : derrière la prospérité économique de ces brasseurs se cachent la drogue, le kidnapping et l’extorsion. Les entreprises de ces contrebandiers servent plutôt de paravent pour qu’ils entreprennent leur négoce déloyal. Ils deviennent de plus en plus « intelligents ». Aujourd’hui, ils se font coiffer consuls. Ce qui leur facilite dans leurs brassages indus et cargaisons souterraines. Passeports officiels, avions privés, bateaux privés, véhicules blindés ; ils sont détenteurs de tout ce qui leur facilite à contourner l’ordre établi. 

Les nouvelles ont circulé sur des cas de kidnapping, d’assassinats, de trafics de cocaïne épinglant ces prétendus riches de la Caraïbe; pourtant ces familles souillées de tous les crimes détiennent le même statut. Au bout des doigts, ils contrôlent le système pourri de la tête aux pieds. « Ensemble, les racketteurs économiques font un avec les bandits « legal » à l’hypophyse des axes politiques. Difficile de rompre ce lien fatal pour Haïti. Il faut croire qu’ils ont fait le serment : « Jusqu’à ce que la mort les sépare » !

On n’a non plus jamais entendu le département d’État menacer d’ôter les visas de ces faux investisseurs qui sont plutôt des acheteurs-revendeurs et profiteurs de la défaillance d’État. « La sanction suite au scandale du kidnapping de Brandt - sans doute parce que c’était sur des Moscosos « bien souchés » - est l’exception qui se perd parmi la foule de malversations impunies de ces faux-nantis ». Dans la pratique des pays sous-développés, on dénombre une flopée de noms hors-la-loi au-dessus des lois. La débandade !

De la mairie à la présidence ; en Haïti, aucune balise réelle n’est observée pour que médiocres et malfrats n’occupent les postes prestigieux. Mauvais signal à la culture de l’excellence ! À force d’un laissez-faire séculaire dans l’impunité et le « bouilli vidé », le pays traverse aujourd’hui l’impasse d’une médiocratie suffocante où le « bandit légal » surfe dans une sinécure onéreuse au sommet des positions publiques stratégiques.

De quelques fenêtres brisées au cours des années ex ante au séisme, Haïti chute drastiquement depuis 2011 jusqu’à atteindre le stade de tout un édifice effondré. Certains y perçoivent le règne de la vengeance des cons comme si l’intelligence aurait pu déclarer compétition avec la stupidité. Boudant l’invitation de Desmund Tutu et de Martin L. King, le citoyen « neutre » de la société déloyale passe le chemin de l’injustice sans mots dire, sans maudire. Par cette factice complaisance qui tue l’excellence et qui sert d’engrais à l’impunité, la société se déconstruit. Nous en payons les conséquences au prix fort.

 

L’insolite

Si dans le temps un escroc savait qu’il devait s’octroyer lui-même carton rouge - quand il n’a pas été lynché après son exaction - de nos jours, n’importe qui aspire à devenir n’importe quoi. Même la présidence n’en est exception. Plus que des indices, les faits avérés ont prouvé que le vice et le cannabis ont envahi les espaces institutionnels qui devaient être en permanence stérilisés et pilotés par la sagesse. La gouvernance du pays est prise en otage par le sauvage. Et pour cause, absolument rien n’est sous contrôle.

Les dynamiques cosmiques et économiques au sol, au sous-sol, à la mer et aujourd’hui dans les airs de cet espace caribéen pollué par le cartel politique PHTK nous effraient jusqu’aux tripes. Ce clan politique sanguinaire est une véritable boîte de Pandore qui transforme la plupart des boîtes de l’État en des boîtes de nuit. Au lieu d’emprunter le sentier de la modernité, Haïti devient un mouton noir qui se fait rattraper par un paysage sauvage au décor moyenâgeux.

Mortellement, les voitures font télescopage avec les brouettes ; les avions heurtent les motocyclettes ; les ânes et les chevaux font obstruction au décollage et à l’atterrissage des avions. Accidents entre blindés et cochons; la Lexus klaxonne la brouette, l’hélicoptère sollicite le passage aux bourriques ; la cohabitation malsaine ne gêne plus.  Le luxe mal acquis côtoie la crasse sans aucun inconfort. Une motocyclette - de capacité deux places - circule avec cinq passagers ; des camions sans frein et sans lumière parcourant des routes dépourvues de feux de signalisation. Le désordre est déchaîné.

D’un autre côté, suite à des accidents provoqués par la négligence des institutions régaliennes, à l’image du plus récent télescopage aérien-terrestre insolite enregistré sur la route de Carrefour, les investigations budgétivores vont s’alimenter dans le sens de la recherche d’une boîte noire introuvable telle une aiguille dans une botte de foin. Pourtant ministre du TPTC, DG de l’OFNAC et DG de l’AAN n’auront pas à « Four-le-Cand » pendant qu’ancien sénateur continue son négoce obscur de se procurer des rejetons d’avions « remblais » des années 1970. Les « pèpè » ramassés des poubelles de l’Occident nous envahissaient par la mer, et aujourd’hui par les airs. « L’importation destructrice » !

 

La pourriture 

Lorsque sont sautés tous les verrous de la probité et de l’exigence de résultats, ce sont tous les secteurs vitaux qui en paient le prix. Plus visibles aujourd’hui que toute autre référence temporelle de toutes les franges de notre histoire de peuple, les effets négatifs de la perversion et de la mauvaise gestion administrative du dernier régime politique sautent aux yeux. Faute d’interlocuteurs politiques valables ; sur les plans culturel, économique et géostratégique, Haïti a raté de nombreuses opportunités.

« Why Nations Fail ? », ce fameux livre du célèbre économiste du MIT Daron Acemoglu dresse avec une friction fiévreuse les raisons des hétérogénéités des standards de vie entre les pays modernes et les nations du Sud. Pour plaire à un être posthume qui vivait dans une posture d’imposteur, on aurait pu résumer les myriades de coupables du sous-développement à seulement cinq : institutions- institutions- institutions- institutions- institutions.

Toutes les structures et superstructures sont flanchées. Les ministères, les organismes autonomes et déconcentrés tels que BMPAD, FAES, FDI, BRH, AGD, CAS, ONA, etc. ont failli à leur noble mission. Au lieu d’investissements productifs dans les domaines industriel, sportif et artistique qui bénéficieraient à toutes les couches sociales, ces entités étatiques se confortent plutôt à enrichir illicitement des députés, ministres et sénateurs ravisseurs. En plus de chantages de révocations implicites et explicites, les connivences dans des surfacturations et les commissions indues y sont épinglées.

Le sénateur de brandir : « Accordez-moi des postes à votre boîte ou à la diplomatie que je négocierai avec des corrompus et vous serez de tout repos à votre poste de gouverneur, de coordonnateur et directeur général ». « Facilitez-moi l’acquisition de l’argent facile, des prêts remboursables sur 150 ans, des franchises, des pots de vin, des contrats sous le tapis et je voterai en votre faveur». C’est le refrain entonné par le député à chaque fois qu’on parle de convocation d’un ministre ou d’un Premier ministre au Bicentenaire fétide. Ainsi va la république des coquins depuis bien des lustres. La corruption y fait rage. Même les fils et les femmes des présidents indécents y jouent le même jeu de brasseurs en des conflits et des délits. Les institutions sont tombées sur la tête. Gravissime !

 

L’indignité

Au sein de notre Haïti post-séisme qui attirait tous les projecteurs salvateurs, l’ingérence occidentale s’associait avec l’indécence locale d’une présidence cleptomane et mégalomane qui n’a d’yeux que pour des projets de concussion. N’était le cas, Haïti n’aurait pas encaissé cette extrême dégénérescence sociétale. Le terrain politique est miné, truffé de vilains et marqué par le sceau de la déloyauté ; les bons grains repérés sur les doigts de la main sont arrachés de leur propre racine natale pour faire fructifier des arbres poussés sous d’autres cieux.

 

Règne de la stupidité aux axes stratégiques les plus décisifs, Trump au Nord et Martelly au Sud comme deux frères jumeaux. Aux deux extrémités de l’Hémisphère Nord, l’Amérique a connu la tragédie politique du siècle pendant un quadriennat. Dieu merci, le Nord s’en est débarrassé pour le bonheur des références et des valeurs suprêmes. Maintenant, pourquoi le Sud continue à lésiner à chavirer la chaudière ardente pendant que le kidnapping prend le large et que l’arrogance de la famille présidentielle malicieuse ne s’estompe pas. Les voleurs et violeurs d’hier occupent encore aujourd’hui les fauteuils bourrés de nos prestigieuses institutions. Le bon sens est atterré.

 

La voie

Maintes tentatives échouées, la curiosité a perçu un désespoir populaire qui s’est confirmé à la date butoir du 7 février 2022 vécue dans un ordinaire surprenant devant l’arbitraire installé.  Puisse cette attitude défaitiste ne se matérialiser surtout pas dans la fatalité. Les sains d’esprit doivent cesser de se résigner ou de passer la main à des malandrins qui ternissent l’image de la nation.

Le peuple doit prendre son courage à deux mains pour foutre un dernier coup de pied dans la fourmilière et déposer la main au collet des dilapidateurs qui ont gâché son avenir en lui offrant un décor apocalyptique. L’impunité est un boulevard à la récidive. Il ne faut jamais oublier l’importance du procès Petrocaribe. Peuple, élevez vos linteaux ! Placez aux institutions des citoyens honnêtes et compétents. C’est ainsi que vous jouez pleinement votre partition dans le sens de l’atteinte du bien-être collectif. Vox Populi, vox Dei !

 

La faiblesse, sinon l’absence des institutions, constitue le nœud gordien au salut collectif.  Quand un cartel national déloyal s’entend avec un « Core » international ignominieux pour néantiser les valeurs, seul un miracle saurait empêcher l’atteinte d’un tel objectif malsain. Le sauvetage, cela se veut, cela se peut. Seul le peuple en détient le bâton « Moïse ».

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

1 COMMENTAIRES