Sous une pluie de balles d’armes lourdes, des voyous assassinent impunément.

Venez voir le sang dans les rues,

venez voir

Le sang dans les rues,

Venez voir le sang

Dans les rues’’ Pablo Neruda

 

Depuis des jours, une pluie de balles s’abattit sur les habitants en plaine.  Oui, cela fait bien des jours, depuis qu’une pluie incessante de balles de tout calibre perturbe non seulement le sommeil de paisibles citoyens, mais elle empêche aussi les enfants d’aller à l’école.

Cette pluie sanguinolente de balles des vauriens force les gens à abandonner leurs maisons pour aller trouver refuge dans des zones plus clémentes.  De sombres spectacles, auxquels avait déjà assisté le pays au mois de juin de l’année dernière.

Oui aujourd’hui, c’est ce qui arrive dans les sections communales de la commune de Croix-des-Bouquets. Comme à Martissant, l’été dernier, des pères et des mères de famille, par peur d’être les prochaines victimes des affrontements quotidiens des bandits rivaux, ils traversent les rues pour, en attendant une autre attaque dans cette zone, afin de trouver un refuge temporaire loin de ces criminels endurcis.

Le plus choquant dans l’affaire, ce sont sous les yeux des autorités incompétentes que cette pluie de balles déferle.  Pendant qu’il y a en fonction : un Premier ministre de facto, un chef de police, un secrétaire d’État à la sécurité publique, un ministre de la Justice…tous, par leur silence, continuent de se faire complices de cette situation dans le pays.  Face à ce constat, l’État haïtien ressemble véritablement au profil de l’État fustigé par Nietzsche comme le « plus froid des monstres froids. » 

Vu son mauvais état, pour un chef de gouvernement qui n’a ni la légitimité, ni l’autorité et la volonté de faire quoi que ce soit, chaque jour, il devient de plus en plus détestable, désagréable, décrié, immoral et nuisible aux yeux de la société de rester en poste.  En effet, le drame socio politique auquel Haïti fait face actuellement est indubitablement lié à la défaillance de ses dirigeants à répondre aux problèmes du pays.

Car, sous les yeux des soi-disant autorités du pays, la situation sociopolitique se détériore chaque jour.  Depuis bien des mois, Haïti vit une situation de tension généralisée qui fait vraiment peur. Quand ce n’est pas à Grand-Ravine, Ti Bwa, Village de Dieu ou au Bicentenaire dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, ce sont dans presque toutes les grandes villes du pays que les armes automatiques se sont fait entendre.  N’en parlons pas de la tuerie organisée contre les pauvres gens de La Saline, Cité Soleil, de Carrefour-feuilles, Pont Rouge et Bel-Air en plusieurs occasions.  Partout, les bandits imposent leurs propres lois.  Face à cette situation, on a l’impression que toutes les institutions nationales n’existent plus.

Quand un pays fait face à de sérieuses crises sociétales de cette envergure, comme l’éclatement de l’espace urbain, l’insécurité, l’impunité, un système de transport défaillant, des problèmes de dépréciation de la monnaie nationale (gourde) par rapport au dollar américain, de la corruption, de l’analphabétisme, de la rareté répétée de la gazoline, de la cherté de la vie… et que rien n’est fait pour résoudre ces problèmes, donc le pays est transformé en un état parias.

Malheureusement, cette situation n’arrive pas à aiguiser l’attention de la société civile au point de fouetter la conscience patriotique et citoyenne sur le fait de devoir agir le plus vite possible sur l’état de pourrissement des institutions publiques et privées du pays afin de lui retourner à sa vraie mission.

                                                                                                     

Prof. Esau Jean-Baptiste

 

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