Haïti piégée dans une kyrielle de rituels criminels

Ariel, Nenel, Pradel, Quitel, Michel, Michel et Michel ; ces médiocres capitaines du navire en péril forment une chapelle criminelle qui s’apparente à une bande de « chanpwèl » cruelle. Par leur gouvernance pestilentielle, ces dirigeants "machiavels"salissent l’image d’Haïti dans une ritournelle de krèy, bordel et makrèl. « Ayiti Fout Bouke » ! Les sentinelles de la sauvegarde nationale doivent incessamment déclencher des stratégies salvatrices pour sauver la patrie en état de syncope. L’heure est urgente.

La mamelle de cette pauvre vache nationale maigrie et kwashiorkor est séchée aux extractions marginales de cette clique malicieuse qui la harcèle à verser une dernière goutte laitière dans l’exaction. La sécurité sur la civière, la paix dans le cimetière, l’éducation dénivelée dans un décor de cerveaux sans matière grise ; le pays est invivable. L’église crispée, la gourde défigurée, la famille démantelée alors que les gangs sont fédérés; l’essor du pays est bridé. Ce n’est évidemment pas une surprise, car cette cité « en malsite » est pilotée par des âmes damnées épinglées dans tous les types de vice et de crime. 

Haïti est fatiguée devant les atrocités de ce clan de brigands évoluant sous couvert de factices politiciens qui l’exterminent à petit feu. Peu après le séisme de 2010, une horrible malédiction est tombée sur Haïti. Tout va mal dans cette société. Enfin, le cartel criminel PHTK s’est révélé une véritable boîte de pandore pour la première république noire du monde. Haïti a trop lésiné pour se débarrasser de ce cercle mafieux.

 

De multiples « Haïti »

D’une part, un groupuscule se la coule douce en des ambiances festives garnies de gâteaux aux fruits renversés et de dessert au sirop miel à déguster au défilé de stripteaseuses où plusieurs centaines de billets verts peuvent se volatiliser en une seule soirée dévergondée. « Malere pa ka lan fèt ». Les gouyads mabouya ne sont réservés qu’aux Zabèlboks aux fesses bombées qui s’autoproclament avocats du peuple. Règne de la déloyauté exposée sans gêne, la compétence avérée se fait ridiculiser par le vide, le bruit et le bouilli vidé.

Ces êtres petits nous rappellent les groupuscules nocturnes maléfiques qui se réunissent mystiquement sous des péristyles effroyables pour leurrer d’être les maîtres solitaires des heures indues. En bandes de chanpwèl sanguinaire, ces êtres sans scrupule prennent en otage les plaisirs à savourer par le plus grand nombre frappé d’une psychose du crépuscule. Profiteurs politiques de la république des mesquins et des coquins, ils accaparent tout par une pratique malicieuse de tirer le drap uniquement de leur côté. Ils s’investissent dans ces mêmes activités opaques de créer la peur dans la Cité - nuits et jours - pendant qu’ils baladent en sirène tonitruante pour régler leurs propres « biznis ».

Opposition sans conviction, mais plutôt à califourchon entre tifosis de Jésus ou de Barabbas, ou entre Mandela ou Hitler, la répugnance se vit sur toute la ligne avec ces supplices exposés dans une fusion incestueuse. « Est-ce de peu » de foi que ces affairistes vendraient leurs âmes en contrepartie de quelques privilèges périssables ? Leaders uniquement derrière le micro d’une presse prostituée, ces gens sont dépourvus de « mounite ».

D’autre part, la majorité populaire croupie dans une pauvreté effroyable boit le calice jusqu’à la lie. Des mangues immatures, du sable, du sel, un morceau de hotdog chaudé pour défier les hostilités de l’intestin grêle déclarées à l’estomac creux, la famine déshumanise plusieurs millions de familles. Les statistiques de Programme alimentaire mondial de l’ONU faisant état de 4.5 millions en situation d’insécurité alimentaire seraient même sous-estimées. Aux lentilles des spécialistes de nombreux facteurs indirects causant une nutrition précaire ne sont pas pris en compte dans la mesure de l’indicateur publié par l’ONU. La liberté de circuler étant prise en captivité, droit de se nourrir aliéné, impossibilité de dormir les deux yeux fermés, couvre-feu involontaire ; ce miséréré multifacette doit définitivement toucher à sa fin. « Quand la politique veut, l’économie peut ». Haïti doit changer ce décor politique monstrueux.

Les plus de onze millions de bafoués pris en otage au sein de cet espace de 27 750 km carrés doivent se résoudre de ne plus percevoir un slogan creux dans le fameux « Vox Populi, Vox Dei ». Faudrait-il rappeler dans une bête tautologie que cette maxime a fait ses preuves partout où la sainte colère populaire s’exprime avec intrépidité. La conscience citoyenne doit agir sans procrastiner. Il vient le temps de foutre un coup de pied ferme dans cette fourmilière ravageuse. Haïti doit se réveiller de cette zombication qui hypnotise plus de onze millions d’âmes vivantes dans une léthargie catatonique.

 

La fin ultime ?

L’école ne se dresserait plus comme un espoir de mobilité sociale. La Faculté des Sciences (FDS) qui vient récemment de cesser ses activités académiques a pris du temps pour comprendre le sens de la maxime de Hobbes « Primum Vivere, Deinde Philosophari ». Le désespoir a envahi les cœurs. Des commerçants, professionnels, professeurs, étudiants, médecins, chauffeurs et piétons sont décapitalisés et surendettés suite à des rançons d’un kidnapping dévastateur dont le mastermind est aux multiples têtes. Aujourd’hui, même le cachet mythique des puissances invisibles est ridiculisé par les criminels à cravates et à sapattes. Les monstres de la jungle kidnappent, exécutent et lynchent même au moment de dévotions religieuses. Aux églises comme aux péristyles, les gangs criblent, poignardent et décapitent. Entre-temps, Ariel, Michel, Nenel et tous les popetwèl de ce pouvoir perturbateur restent muets.

Le récent épisode cynique rendant tristement célèbre à titre posthume l’inspecteur Laleau qui s’attelait à déstabiliser les gangs à la Croix des Bouquets devait être la dernière goutte d’eau à faire déborder le vase de l’exaspération sociale. Bizarrement, les activités quotidiennes sont entretenues comme si de rien était. Lâchement, un inspecteur de Police a été lynché à l’intérieur d’une église, alors que la société n’est pas révoltée.

Quand c’est un commissaire de gouvernement indigné qui se révolte pour dégangstériser certaines régions, les prétendues entités des droits humains seraient choquées jusqu’à demander réparation au profit des familles des bandits exécutés. La société est troublée dans des sophismes sans précédent. Le bon sens continue de recevoir des coups de massue à son tympan. C’est grave que les institutions régaliennes ne fournissent aucune réponse proportionnelle à cet affront. La disparition d’une nation commence dans l’irrespect flagrant de ses symboles mythiques.

En bon « sousou », quand une mouche est tombée à l’étranger, l’ignoble PM intronisé à la Primature comme par une « boule de borlette » tweete en dépêchant des mots de sympathies au gouvernement étranger. Le spécialiste de neurone en état d’ébriété et de déséquilibre psychologique détiendrait même le talent de sortir des larmes de crocodiles pour continuer de bénéficier du support intéressé des Lalime, Merten et Sison. Pourtant, ce numéro un du CSPN garde le mutisme devant le crime odieux opéré par les escadrons de la mort qui avilissent la Police nationale, le Parquet et de nombreuses institutions clés de la Cité délabrée.

Je continue de fouiller dans ce gouvernement de facto, je ne découvre une seule personnalité digne de son statut de dignitaire. Des dignitaires sans dignité, des officiels sans autorité ; au final pour accomplir quelle mission ? Ces actuels officiels démentiels champions de la sinécure continuent de circuler en sirène tonitruante en harcelant les véhicules croisés sur leurs passages. La honte n’est plus un ingrédient de vital au sein de la plupart des institutions.

Ô rage ! ô désespoir ! ô esprits manfouben ! Que fout le conseil épave de la rue Pavée à la tête de la Banque centrale pour réguler le système financier du pays en stabilisant le taux de change et en contrôlant l’inflation galopante ? Qu’est-ce qui justifie qu’Ariel et tous ses acolytes azizwèl puissent respirer un jour additionnel dans la bulle officielle ? Aucune révocation, aucune démission ? Ouf ! Les gens n’ont plus le sens de l’honneur.

 

Haïti vivote

Toutes les artères vitales de la république historique sont assiégées par des forces maléfiques. Haïti savoure le plat complet d’une dégénérescence sociétale qui a atteint son paroxysme au tréfonds d’un abime abyssal. S’il restait un brin de conscience aux élites du pays, un effet domino devait suivre la décision révoltante de la FDS qui a cadenassé ses portes exposées aux projectiles à tout moment du jour. Entre-temps, les forces vives seraient invitées à nourrir des réflexions stratégiques pour renverser le statuquo dans l’intérêt de la collectivité.

La dialectique a constaté déjà que cela fait un lustre que les familles s’occupent beaucoup plus de la survie de leurs enfants rescapés de la jungle ensanglantée. En attendant de déguerpir le pays, le réflexe du sauvetage individuel se développe dans le sens d’un exode rural inversé.

Une palanquée d’élèves et d’étudiants seraient contraints de fermer leurs dossiers académiques pour se réfugier en province. Les plus résilients sauront maintenir leurs positions intègres en claironnant « fontaine du banditisme, je ne boirai pas de ton eau ». Mais qu’adviendrait-il aux plus faibles ? Auraient-ils le courage de ne pas se faire enrôler par les gangs kidnappeurs munis de kalachnikovs qui leur garantissent leur survie quotidienne quoiqu’en des acrobaties périlleuses. En tout cas, derrière ces pseudos et ces cagoules adoptés par les caïds des quartiers défavorisés, des interventions font croire qu’il se cache aussi un bon nombre d’universitaires. Regrettable.

La capitale est crispée. Ceux qui ont des moyens adéquats ont opté pour la République voisine. Jugez-en par des professionnels et des artistes haïtiens actifs sur la toile. Il y en a qui sont « Vakans » pendant une année entière, car du côté de la corruption. D’autres sont en cavale pour échapper aux monstres endiablés de la jungle détraquée qui les avaient ciblés pour les assassiner. En tout cas, en dépit de la xénophobie dominicaine, une flopée de compatriotes préfèrent séjourner à Santiago, Santo Domingo ou au Punta Cana au lieu de se faire lyncher en moins de 5 secondes par les escadrons de la mort qui envahissent la Cité. 

À titre de plan final, il paraît que les parents de la diaspora s’entendent à collecter sur une durée assez grande un dernier montant pour exiler cousins, tontons et tantines vers le Chili ou le Brésil. Le plan transitaire consisterait à fuir le Village du diable pour résider en république voisine pendant quelques mois en attente de la destination finale. La jeunesse est en transit au sein de son propre pays d’origine. L’exode du capital humain est massif. Voilà comment Haïti se détruit graduellement.

Alors que l’on ne devient représentant de l’État pour servir, les dirigeants actuels en profitent pour s‘enrichir illicitement tout en profitant de la vulnérabilité de la majorité appauvrie. Comme à un diner de cons, ils demandent à la jeunesse de nourrir des espoirs derrière des barricades enflammées. Ils nous tiennent en otage en des couvre-feux informels au sein de nos bidonvilles avilis. Pourtant, dans les villes, dans les hauteurs de Pétion-Ville, ils festoient en brulant des liasses de billets verts derrière des bouteilles de vodka. « Malere pa dwe fete », wè monchè !

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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