Haïti : Fermeture des institutions, doit-on douter d’un effet domino ?

Haïti souffre amèrement en raison d’une gouvernance mazette qui a perduré pendant une décennie de médiocratie funeste instaurée depuis 2011 sous le haut patronat d’une communauté internationale perfide. Situation intenable, anomie sociale, asthénie économique, échec politique, enfer sur terre ; les expressions psychotiques du lexique moderne font défaut pour qualifier cette situation chaotique de toutes les injustices à sa juste valeur.

Kidnapping à l’église, lynchage à l’école, exécution sur le lieu du travail ; toutes les références sacrées sont au désarroi. Seulement des zombis ou des esclaves aux esprits enchaînés peuvent se résigner à végéter dans ce contexte de « demounizasyon ». Les forces vives de la république historique ne devaient-elles pas déjà amorcer un effet domino de la fermeture de ses institutions en vue d’y insuffler une prise de conscience collective ? Tel un « U-Turn abracadabra », il existe de judicieuses décisions qui peuvent s’accoucher trop tard dans un monde trop vieux. En 2011, Haïti a déjà raté le bon timing d’éviter de se faire humilier et martyriser par le PHTK qui est une véritable boîte de Pandore. « Let Bygones Be Bygones ». Quand les techniques du « First-Best » n’ont pas été adoptées pour réaliser un projet, le « Second-Best » s’applique. Une décennie de perdue, Haïti doit se débarrasser du PHTK dans l’immédiat. Sinon, la fin tragique du pays est imminente.

Descendants de Toussaint, Dessalines et Capois La-Mort, nous sommes un peuple héroïque hypnotisé par le slogan stoïque « Liberté ou la mort » qui a su rassembler les énergies positives dans la création d’un faisceau convergent vers le détachement des chaines de la fournaise ardente de l’esclavage. Aujourd’hui, nous sommes comme des morts vivants zombifiés dans une lâcheté révoltante « Pito nou lèd nou la » qui nous tue à petit feu. Inerte, atone, amorphe ; la cité est plongée dans une léthargie catatonique jusqu’à se résigner à vivoter sous la domination luciférienne d’un clan politique répugnant. Le bon sens est atterré de constater que la population continue de lésiner à foutre un coup de pied dans la fourmilière cruelle érigée par des gangs à cravates qui ont perdu le contrôle de leurs criminels à sapattes pullulés dans la jungle ensanglantée.

À la Frankenstein, les petits monstres des ghettos sont en rébellion contre leurs parrains d’en haut qu’ils ont indexés de principaux cerveaux et commanditaires des crimes humains et financiers. C’est la pagaille.  Dans cette flagrante impotence et connivence des représentants des institutions régaliennes dans crimes, conflits et délits, l’élite probe devrait s’atteler à développer des stratégies pour sauver la patrie en état de collapsus. Désormais, que cesse cette folie de vivre dans une survie sans vie qui nous déshumanise. Dans un esprit de solidarité vers un sauvetage collectif, comme par notre passé bicentenaire lumineux, nous avons besoin de renouveler et d’actualiser le leitmotiv « Vivre libre ou mourir ».

La recherche de solutions individuelles d’une vague de professionnels, talents et artistes haïtiens confirmés qui se déguerpissent pour s’humilier en République dominicaine, échouer au Chili et se gaspiller au Brésil posait déjà de sérieuses inquiétudes sur la disparition de notre nation délabrée qui se fout de l’hémorragie de son capital humain. Sous la menace de kidnapping et de décapitation de leurs propriétaires, la plupart des PME, entreprises de commerce et de fabrication ont été contraintes de fermer boutique.

 

Le « Brain Drain » destructeur

Sans surprise, très peu des cadres haïtiens les mieux formés ont choisi de maintenir résidence au sein de leur propre pays. Les statistiques de la Banque mondiale stipulant une fuite massive de plus de 85% des Haïtiens les mieux qualifiés défrayaient la chronique depuis 2015. Cette émigration nette de l’élite haïtienne amplifiée par la vague turbulente de la jeunesse vers l’Amérique latine effraie davantage les démographes et les économistes convaincus du lien consubstantiel entre développement et capital humain. Il y a nécessité d’actualiser de telles données démographiques pour décrire la tendance de l’exode de la matière grise en ce mauvais temps présent qui évince nos belles victoires d’un passé glorieux. Indubitablement, les données actuelles exposeraient avec une plus sévère acuité le risque de la disparition de notre république dépouillée de ses beaux cerveaux.

Destination incalculée vers le Canada, les États-Unis ou d’autres pays de la région Caraïbe-Amérique latine, le raisonnement du fugitif haïtien est pourtant simple. S’il perçoit un salaire mensuel de 2000, 3000 ou 5000 dollars, le grand commis encourt le risque de se faire enlever pour ensuite payer une rançon impossible de plusieurs dizaines de milliers de dollars à des avadras. Définitivement, le jeu de rester pour servir son pays natal ne vaudrait pas la chandelle. Les facteurs dissuadant le cadre à mettre la patte dans le mortier pour construire l’édifice national sont multiples.  La plupart de ces cadres - boursiers de l’État - préfèrent à contre-cœur opérer un plongeon dans l’inconnu à un Canada sans planification, sans moyens d’installation, sans agenda moyennant paix et sécurité assurées.

Aujourd’hui, c’est dans la crispation que des synagogues animent des adorations, des prédications et dévotions ecclésiastiques. Du Nord au sud, de l’est à l’ouest, les artères vitales sont bloquées dans les quatre points cardinaux et les quatre points collatéraux. La traversée de certaines contrées à d’autres se vit dans un cumul de stress susceptible de se transformer en dépression.

Quand dans un pays tu es privé des plaisirs jouissifs de la vie, tu ne peux te rendre à l’école, à l’église, au marché, au travail ou à la banque « sans des battements du cœur au plat du pied », tu ne vis plus, tu végètes. Et pour cause, c’est au quotidien que le pays est en perte de son propre sang qui emprunte l’alternative d’apporter du sang neuf à d’autres systèmes champions de migration sélective qui les accueillent dans un paradoxe de diversité imbibée de xénophobie. Ségrégation au Chili, humiliation en République dominicaine, frustrations au Brésil, discrimination aux États-Unis, les pleurs des artistes coulant sur la toile ne sont certainement pas des larmes de crocodile. « No Place like Home ».

 

Génies avortés

La récente note de fermeture de la Faculté des Sciences (FDS) et de celle de l’École nationale des arts (ENARTS) ont apporté de l’huile au feu du scepticisme des esprits avisés effrayés d’une éventuelle disparition de la république historique. D’autant que des forces maléfiques externes regroupées dans un Core-Group expert du recrutement des esprits diaboliques internes sont extrêmement actives à concrétiser ce projet chtonien, la débandade institutionnelle n’est aucunement un hasard. Les hypocrites aux yeux vairons et aux nez allongés concoctaient la chute drastique depuis la sélection de la bêtise personnalisée à la première magistrature du pays suite au séisme de 2010. L’éminente figure de l’économie moderne, Daron Acemoglu, a clairement théorisé sur cette problématique. La faillite d’une nation s’explique par l’absence ou l’impotence de ses institutions. En voici la source de la tragédie haïtienne.

Par la perte de la notoriété des institutions qui se laissent badigeonner par la présence d’un ensemble d’honorables déshonorables, Haïti tutoie l’agonie dans une fine proximité. Les talents sont restés latents alors que les dealers deviennent leaders dans une factice concurrence entre le savoir et le déboire. Madame Manigat contre Martelly pour enfin jeter son dévolu sur la bêtise personnifiée, c’est à cette période critique qu’une fenêtre s’est brisée avant de marquer l’implosion quasi-intégrale de l’édifice social haïtien. Comment effacer ce tableau de déshonneur pour ouvrir une nouvelle page d’histoire ? Le leadership et la vigilance de l’élite probe doivent réactiver les plaques tectoniques du « Vox Populi, Vox Dei » en vue de défier le laboratoire macabre qui cogite à anéantir le pays par un dernier coup de grâce.

Haïti se décrépit dans une insécurité musclée mixée d’une précarité multiforme qui résulte dans une insouciance gouvernementale paroxysmique qui se conforte dans une sinécure officielle onéreuse. Ces faux gardiens des institutions régaliennes ne planifient aucune stratégie intelligible pour endiguer le mal sociétal. Les coups improvisés du blindé nommé « Ti-Magalie » ne sont que des effets de réponse à une goutte d’eau dans un océan de problèmes. Ce n’est pas dans la banalité officielle que la lumière aura conquis la victoire sur les ténèbres.

De concert avec les ministères régaliens, la PNH devra faire mieux que d’allumer des feux de paille. Le gouvernement a pour mission de traquer tous les bandits et les mettre en cage, hors d’état de nuire. Malheureusement, la requête d’incarcérer les bandits revient à solliciter à des joueurs sinistres de marquer des auto-goals, dans leur propre camp de clan de criminels. Haïti entière a besoin de sécurité. Cette noble mission ne saurait être l’apanage de ministres, directeurs généraux et Premiers ministres épinglés dans tous les crimes.

Inflation galopante dans une précarité insoutenable, ce sont en des acrobaties périlleuses que les couches vulnérables assurent une survie miraculeuse au sein de notre cité gangstérisée avec le support d’un Core-Group répugnant au service d’un cartel politique puant. À titre de réaction aux menaces incessantes du climat sécuritaire inquiétant, la Faculté des Sciences (FDS) a pris la douloureuse, mais l’intelligible mesure de fermer ses portes. L’École nationale des arts (ENARTS), séparée par une clôture mitoyenne de l’édifice de la FDS, a emboîté le pas pour calquer cette décision citoyenne prise par le conseil de l’institut supérieur fournisseur des meilleurs ingénieurs du pays.

Muni des lentilles universitaires, le bon sens ne saurait applaudir cette courageuse mesure au détriment de la culture des génies. Parallèlement, le cachet humaniste qui soutiendrait « rien ne vaut la vie » empêche de s’y opposer. L’absence d’un État fort ou pire la présence d’un État moribond pris en otage par des gangsters en est la cause principale. Tel à un orchestre détonné, quand un musicien manque à sa partition c’est l’ensemble qui est discrédité dans la cacophonie. De son lieu de pilote incompétent, il faudrait même percevoir dans l’État haïtien un maestro malhonnête qui conduit le jazz au désastre. Comme dans une boucle infinie, on ne cessera de réitérer que la solution à cette crise aiguë réside dans le changement des têtes qui occupent l’hypophyse de la sphère publique. « Quand la politique veut, l'économie peut ».

 

Risque d’une chute drastique comme un château de cartes

Il est indéniable que l’ENARTS et la FDS sont exposées aux mêmes menaces de l’insécurité grandiloquente, puisque limitrophes. Des armes lourdes y ont exhibé leurs muscles en laissant des traces de projectiles sur les cours de ces entités académiques. En conséquence, la peur peut devenir contagieuse en atteignant plus d’une dizaine d’institutions dans cette périphérie pourtant voisine du palais national. Ces espaces académiques inviolables dédiés à la préparation des âmes à mobiliser pour le besoin des armes de la dialectique, doivent être constamment stérilisés.

Remarquons que le fameux centre, CTPEA, producteur d’une pléthore d’économistes, planificateurs et statisticiens émérites avait cadenassé sa barrière durant des mois avant de se loger à un domicile plus éloigné de la base des criminels du Village des « baka ». Pareil scénario déficitaire pour l’IHSI et bien d’autres bureaux publics sis au Bicentenaire, y compris le Parquet de Port-au-Prince pris dans un micmac de mèche entre bandits des rues et un ancien prisonnier épinglé de trafic de la drogue à la tête du ministère de la Justice.

Quand par la force de l’opacité institutionnelle un ancien accusé de trafic de cocaïne peut être coiffé ministre de la Justice, il ne faudrait pas chercher l’erreur en profondeur lorsque ce ministre serait impliqué dans des trafics d’armes et de munitions. On ne devrait jamais badigeonner les institutions en installant à leur tête n’importe qui venu de n’importe où et qui faisait n’importe quoi. Au sein de mon pays, les malfaiteurs, les voleurs, les violeurs et les vendeurs d’élections sont immortels. Certains ont été promus à des postes prestigieux tels que secrétaire du palais national, coordonnateurs, ministres, etc. Gravissime !

Par la montagne de difficultés que charrie l’expérience universitaire haïtienne - souvent vécue comme la loi de la jungle - uniquement les contraintes académiques devaient constituer la source de psychose d’un étudiant à fouler la FDS ou tout autre centre d’apprentissage. En des réflexions infinies, l’heureux élu parmi un epsilon d’une centaine d’admis extraits de la foule de plus de cinq milliers de postulants de la FDS est constamment aux prises à des challenges.

Évoluant sous la pression d’un contexte pénible, l’étudiant est sollicité à simplifier des systèmes complexes dans un réel irréaliste et un imaginaire perturbé par la précarité didactique. Il doit pouvoir effectuer des opérations matricielles sophistiquées en des gymnastiques de triangularisation pour apprivoiser des systèmes d’équations algébriques quasiment insolubles. Calcul intégral en permanence sur un intervalle infinitésimal pour échapper aux pièges des âmes primitives qui détruisent même les valeurs résiduelles sur leur passage, les inspirations sont saccagées jusqu’à saper les aspirations de devenir ingénieur.

D’un autre côté, il ne manque pas de matières théoriques et empiriques aux artistes de l’ENARTS, aux philosophes de l’ENS, aux sociologues et anthropologues de la FE et de la FASCH. Cependant, par ces temps détraqués, les hémicycles des débats et des discussions formels et informels sont à éviter afin de sauvegarder le cadeau sacré. Quand ce ne sont pas des « bal mawon » qui endeuillent la famille universitaire, ce sont des bourreaux du palais national qui exécutent nos étudiants au sein même de leurs écoles. Impossible !

 

Parcours de combattant

Jours sans clarté, nuits sans sommeil, sommeils sans les yeux fermés, ils voient très peu de lumière au fond du tunnel. Sont énormes les obstacles à surmonter par nos étudiants majoritairement aux prises avec la précarité économique. Dotés d’un mental d’acier, ils doivent braver divers dangers sur le parcours de leurs domiciles à l’enceinte académique. Certains observateurs les catalogueraient de kamikazes prêts à se suicider pour cette cause noble de la quête de meubler le cerveau.

Nos villes avilies et nos bidonvilles décivilisés, truffés de monstres et de cannibales, sont transformés en une jungle sauvage. La cité est désertique à l’aube et au crépuscule. Ce sont alors en des stratégies géométriques innovantes que les étudiants arrivent à défier les écervelés du Village du diable. Ils doivent se coucher tard, se lever tôt pour ensuite emprunter les axes géographiques les moins garnis d’escadrons de la mort en brisant les lignes droites en des polygones de multiples degrés. Aujourd’hui, vient s’ajouter dans ce panier de peur bleue une menace sécuritaire désastreuse qui a percé les barrières d’entrée des facultés.

Riscophiles en raison du contexte académique périlleux, ces esprits qui cogitent en permanence pour raffiner leurs matières grises ne sauraient nier la maxime de Hobbes « Primum Vivere, Deinde Philosophari ». Aucune initiative pour noble qu’elle puisse être ne vaudrait pas la peine si elle met en péril la santé ou la vie.

Cela fait longtemps que nos valeureux professeurs et étudiants prennent des risques. Mais ces derniers sont calculés. Quand aujourd’hui les escadrons de la mort sont dans les parages des facultés, à proximité des domiciles officiels des chefs inutiles de la cité, on doute de la continuation sereine des activités quotidiennes. Ce n’est surtout pas une PNH aux mains et pieds liés par des barons et des pharaons du crime qui trouvera la solution viable.

 

Extrapolation de la psychose

Dans un périmètre de seulement quelques centaines de mètres, on peut déceler que la FDSE, l’ENS, l’ENI, l’INAGHEI, l’IERAH, la FE, la FMP et la FASCH sont en quelque sorte juxtaposés à la FDS et à l’ENARTS. La plupart des ministères du gouvernement et plusieurs organismes autonomes et déconcentrés sont également concentrés sur une surface géographique très restreinte. Dans une réflexion rationnelle, il ne devait pas être étonnant de constater un effet de contagiosité de la décision de la FDS sur le MEF, le MPCE, l’ONA, la BRH, le MAST, le MJSP, le MSPP. Le vieil adage nous en a persuadés : « Quand tu vois la barbe de ton voisin prendre feu, mouille la tienne ». Les débris de projectiles visibles sur la cour de la FDS a généré une soudaine psychose des corps professoral et estudiantin de la FDS. Mais, devrait-on rester impassible, continuer notre « belle vie de tous les jours » quand dans une claire opacité les autorités ne contrôlent guère l’aire de la capitale ?

En plus des entités très connues de l’UEH, on dénombre une pléiade d’instituts privés de formation supérieure dans l’aire de l’Avenue Christophe qui respirent le même air de panique de la FDS et de l’ENARTS. Le cas de la FAMV ne serait-il pas plus inquiétant quand on sait que nos étudiants en Agronomie côtoient de près le camp luciférien des 400 mawozo de la Croix des Bouquets qui évoluent dans une permissivité étonnante sous les yeux des autorités. Espérons que le transfert de panique transposé au camp des experts « Lanmò» instigué par le char « Ti Magalie » ne sera pas démobilisé par madame Lalime et son Core-Group cynique cachés derrière une fausse revendication de droits humains.

À une autre échelle d’extrapolation plus élevée, l’on pourrait s’interroger sur la miniature de la surface entière de la capitale, voire de la zone métropolitaine. Quand sur le point de la distance pure, l’accès d’un point géospatial du centre à un autre endroit nécessite moins qu’une heure pour toucher l’extrémité de n’importe quel rayon, il faut comprendre que nous parlons relativement d’une maigre étendue. Les spécialistes en sécurité et sureté publique ne sauraient hésiter qu’il existerait deux entités de la zone métropolitaine qui ne seraient pas voisines sur le plan d’une couverture sécuritaire adéquate. Avec l’anarchie de la distribution génocidaire d’armes et de munitions aux différents quartiers, la zone métropolitaine serait très vulnérable en absence d’autorité de l’État. Cela devient encore plus inquiétant quand des officiels corrompus en quête d’une immunité éternelle sont les principaux complices sinon les artisans du décor chaotique.

De nombreux cadres de toutes les institutions mentionnées plus-haut ont été kidnappés, décapitalisés, surendettés. Nous évoluons comme dans une démence de la raison en « bouskan » une vie sans vie, en cherchant à gagner quelques gourdes dans la plus grande difficulté pour plus tard les convertir en billets verts pour récupérer les sinistrés du kidnapping.  Sans doute, plusieurs d’entre nous ont développé un réflexe dans la lâcheté et le « manfoubinisme » pour dire « puisque je ne suis pas la victime, je m’en fiche pas mal ».

Jusques à quand allons-nous réaliser la portée du cachet sacré de la vie ? C’est Martin L. King qui disait, si nous ne prenons pas l’option de vivre comme des frères dans la solidarité, alors nous périrons tous ensemble comme des idiots. Plus que jamais, la solidarité nous interpelle à développer des stratégies intelligentes pour éliminer les monstres et les masterminds du kidnapping. Il se cache derrière cette pratique détraquée de gros intérêts économiques et politiques.

En plus de générer de l’argent facile, les principaux enjeux consistent à renouveler un cartel politique nul et cupide dilapidateur des fonds publics qui leurre de surfer dans la bulle officielle ad vitam aeternam. Un poste politique officiel constitue l’unique moyen de respiration des animaux politiques détraqués. Ainsi, ils sont prêts à tout - y compris le parrainage de bandes armées - pour maintenir cette immunité même au détriment de la collectivité. Dès lors, il revient à la société de déployer des stratégies pour traquer les bêtes sauvages au plus haut niveau pour les mettre en cage.

 

L’école bafouée

Par son cachet transversal, l’école représente un fidèle tensiomètre de la stabilité d’une société. Du bon fonctionnement des institutions, dont la justice, la sécurité, la santé, la communication et le transport dépend la bonne marche de l’école. C’est vrai que la formation scolaire ne devait souffrir d’arrêts successifs non indiqués au calendrier académique. Cette option certaine pour gravir des échelons de la mobilité sociale devait s’imposer en cas de force majeure aux grèves et aux expressions d’exaspération populaire. Cependant, ce serait une chimère d’imaginer qu’une partie aurait pu se détacher du corps pour fonctionner en vase clos.

Le fonctionnement serein de tous les secteurs d’une société, particulièrement l’éducation, requiert inter alia des prérequis de sécurité. Ceux-ci sont absents à notre cité crispée prise en otage par des gangs d’ici et d’ailleurs. Ainsi, le raisonnement des acteurs du ministère de l’Éducation nationale faisant croire que « l’école ne peut attendre » est tout bonnement creux. C’est un pur sophisme dans la mesure où les conditions préalables à l’apprentissage demeurent non négociables.

Par exemple, comment un élève peut-il entrer et sortir de Martissant, Bel-Air, Cité-Soleil et Croix-des-Bouquets pour vaquer à ses occupations scolaires en toute liberté ? L’absence de sécurité amplifie le problème de l’existence de l’école à plusieurs vitesses que le Nouveau secondaire (NS) piètrement intronisé peine à résoudre. L’aggravation de l’hypothèque du climat sécuritaire constitue une source additionnelle du creusement des inégalités sociales. En plus de l'espace d'accueil, il faudrait prendre en compte les moyens d'accès des étudiants à l'enceinte qui devrait constamment être stérilisé. Le climat favorable à une formation adéquate se prépare depuis la maison. La sécurité au cours du trajet que doit emprunter l'étudiant pour atteindre sa faculté est tout aussi important.

Feu de paille, coups d’épée dans l’eau, tête-à-tête inutiles entre des têtes de pioche à la tête de la cité bancale, directeur de la PNH et recteur de l’UEH se sont réunis pour vraisemblablement réfléchir à la réouverture des barrières des entités révoltées devant le tableau macabre dessiné avec la complicité des officiels impotents du pays. Mais, ces dignitaires sans dignité ne sont-ils pas au courant des nouvelles stratégies de survie ignoble que de nombreux étudiants sont obligés de mettre en œuvre pour suivre leurs cours à l'UEH ? En raison de l'insécurité musclée couplée de la précarité économique aiguë, une palanquée d’étudiants établissent leurs domiciles à l'enceinte même de leurs facultés d'accueil.

Dormir de manière acrobatique, sur des chaises et des tables dans des conditions exécrables, puis contraints de se réveiller très tôt pour libérer l'espace au concierge qui doit effectuer des nettoyages avant l'entrée des étudiants et des professeurs. Comment peut-on s'attendre à des résultats académiques en de tels contextes désastreux ? La FDS, la FDSE et bien d'autres espaces de l'université ont été transformés en maison d'hébergement pour nos vulnérables étudiants. Ces officiels sans notoriété qui font de l’imposture en leurs postes de sinécure ne sont-ils pas au courant de cette infamie ? C'est grave qu'une société puisse en arriver à ce stade.

Le problème est profond. Décidément, la solution n'est aucunement en des approches cosmétiques. Il faut endiguer ce mal conçu par le PHTK de concert avec des hypocrites de l’international avec maturité, dans sa racine. Haïti est dans l’urgence d’installer des dirigeants à la hauteur de leurs attributions.

À ce stade critique, la faillite officielle est imminente. Sans lésiner, le peuple doit foutre un coup de pied ferme dans la fourmilière cruelle à titre de sainte colère populaire. Pour éviter une chute des institutions comme un château de cartes, il y a urgence de relancer une nouvelle partie en vue de sauver la patrie en péril. Sans procrastiner !

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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