«…Il nous faut prendre le temps de nous interroger sur ce que nous aurions pu faire différemment…», dixit Philippe Armand

Chers amis,

 

Permettez-moi de présenter, avec beaucoup de tristesse, mes sympathies à tous ceux et celles qui ont été victimes de ces actes barbares survenus sur la Côte des Arcadins ces jours derniers.

 

Je prends du temps à me remettre de cette violence que je vis sur place et dont les images circulent sur les réseaux sociaux, car à chaque fois que ce genre de situation se présente, je revis, comme ci c’était hier, le pillage suivi d’incendie de mon local au Complexe Délimart de Delmas 30 le 7 et 8 juillet 2018, voyant partir, impuissant, plus de 25 ans de durs labeurs.

Dommage collatéral, je dirais, mais LOURDES PERTES quand même!

 

La réalité est qu’aujourd’hui la violence des rues et l’agressivité d’une frange importante de la population, peut-être manipulée, n’a rien de comparable avec 2018.

 

J’aimerais cependant réagir à une prise de conscience, un mea-culpa que j’ai noté dans une note de mon ami Philippe Armand qui circule sur les réseaux sociaux et je cite : «…il nous faut prendre le temps de nous interroger sur ce que nous aurions pu faire différemment…»

 

Eh Oui, Philippe Armand a touché du doigt un sujet que j’agite depuis quelque temps, mais auquel probablement personne ne prêtait attention trop occupé, peut-être, à gérer le train-train quotidien.

 

Chers amis, mettons de côté notre colère, nos frustrations et regardons la réalité en face sereinement. Si nous voulons continuer à vivre dans ce pays nous devons admettre sans hésiter une seconde que nous n’avons aucun choix que de FAIRE DIFFÉREMMENT.

 

Aujourd’hui le slogan :

«Haïti, love it or leave it»

doit changer en :

«Haïti, change it (for the best) or leave it».

 

La question est donc : Faire différemment, mais comment?

 

Je me permets de remettre sur la table certains points et propositions concrètes que j’ai récemment fait sur plusieurs autres groupes Chats.

 

1.- Admettre que nous (secteur privé) sommes une composante de l’État au même titre, que le pouvoir politique, et que de ce fait nous sommes également responsables de la faillite de l’État.

 

2.- Accepter que nous (secteur Privé) ne pouvons plus évoluer en vase clos, dans notre petite bulle en dehors des réalités sociales du pays et que notre implication dans la chose publique est obligatoire en accompagnement du Pouvoir politique.

 

3.- Mettre en place un mécanisme de collaboration public/privé (pas un partenariat) dans un cadre institutionnel, structuré et transparent afin de favoriser une convergence des efforts au bénéfice de l’État.

.——- Cette collaboration permettra de suivre conjointement l’évolution des recettes et des dépenses de l’État liées au Budget de la République.

.——- Cette collaboration permettra de suivre conjointement l’utilisation des fonds affectés aux projets d’investissements publics et leurs impacts effectifs sur le développement du pays.

 

4.- Rédiger, aux fins d’application, une Charte d’éthique et de déontologie des Affaires du secteur privé haïtien dans laquelle nous pourrons de manière inclusive définir les responsabilités légales, fiscales et sociales de nos entreprises, les saines pratiques commerciales, les concurrences loyales et comportements malsains.

 

5.- Revoir nos priorités de financements divers. Outre le fait que notre rôle, dans la construction de l’État, est principalement d’investir dans la création de la richesse, nous devons finalement comprendre que redistribuer une partie de nos bénéfices à travers des financements de Projets sociaux ayant des impacts élevés et mesurables sur la population et en alignement avec les Objectifs de Développement durable (ODD) adoptés par Haïti, est une obligation sociale pour laquelle nous avons, à date, collectivement failli.

 

6.- Assumer notre rôle de modèle pour la jeunesse qui nous regarde et être des porteurs d’espoir pour la population en général.

 

Rappelez-vous chers amis que dans les films "Western" que nous aimions tous regarder dans les cinémas en plein air de l’époque, les bandits étaient qualifiés de DESPERADOS!

 

Le temps presse, une solution à cette situation de chaos que nous vivons aujourd’hui doit être trouvée en toute urgence, cependant à mon humble avis, si nous n’agissons pas parallèlement sur ces points ci-dessus mentionnés (ou d’autres non présentés), nous vivrons certainement dans les prochaines années des situations d’explosion sociale encore plus violentes auxquelles je n’ose même pas penser tant le DÉSESPOIR prend de l’ampleur et risque d’atteindre des proportions démesurées.

 

Partant du principe que dans toute situation, même la plus catastrophique, il y a une toujours une opportunité à saisir, j’espère que cette prise de conscience et ce cri du cœur exprimé publiquement par Philippe Armand servira d’opportunité pour finalement revoir ensemble et une fois pour toutes nos copies.

 

Haiti, Change it or Leave it!

 

Henri-Claude Müller-Poitevien, ing-arch

Citoyen haïtie

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