Accepteriez-vous l'inacceptable?

Faut il accepter l'inacceptable des troupes étrangères sur le sol d'Haïti sous prétexte que la police nationale d'Haïti est impuissante face aux problèmes de l'insécurité généralisée au pays? 

 

Dans une interview accordée à Wendell Théodore de Télé Métropole, d'un verbe facile du style d'un grand avocat, Dr Jean Fils-Aimé attaquait des familles riches et politiciens locaux qui distribuent des armes dans les quartiers populaires. 

 

Tout en prenant la défense d'Haïti, dans sa plaidoirie, Dr Fils-Aimé montrait que l'intervention que planifie actuellement l'international, sur demande du gouvernement de facto haïtien, est quelque chose provoqué par le Core group, "cette association de nation malveillante."

 

Il y a des gangs qui travaillent pour des familles riches et des anciens politiciens du pouvoir exécutif du Parti politique Kale Tèt. Et de leurs concurrences féroces, bestiales que livrent ces familles et politiciens contre d'autres hommes d'affaires, ils fournissent des armes de guerre et des munitions aux bandits des G9, dénonçait Dr Fils-Aimé au micro du présentateur de Télé Métropole.

 

Il dénonçait aussi l'hypocrisie de la communauté internationale, particulièrement le Canada qui reçoit des ordres du Département d'État qui, pour justifier leur intervention en Haïti, veut laisser pourrir la situation de l'insécurité.

 

Et pour empêcher l'invasion en perspective, Pasteur Fils-Aimé encourageait la population  à manifester sa colère faite de casses, de boycott, de tout, et finalement forcer Ariel Henry et ses 19 ministres qui ont signé la demande d'intervention du pays à quitter le pouvoir.

 

Ce qu’il faut retenir de cette interview, avec l’ingérence à outrance de l’international dans les affaires politiques du pays, les attachés sont plus attachés au pouvoir et avec de l’argent facile, ils perpetuent dans la plus grande tranquillité des crimes d’État. 

 

Tout en distribuant des armes à des jeunes dans les quartiers populaires, les anciens membres du FRAPH et GNB qui sont aujourd’hui des ‘bandits légaux’, comme au temps du coup d'État du 30 septembre 1991, ils frappent plus fort dans les quartiers populaires. 

 

Avec un pouvoir politique illégal, mais supporté par l'oligarchie locale et internationale, sous ordres des bandits légaux, les gangs continuent de tuer les pauvres dans les quartiers populaires pour leur faire payer leur insolence d’avoir cru ou de continuer de croire à un changement démocratique dans ce pays. 

 

Effectivement, il y a longtemps qu’Haïti vit un conflit de basse intensité. Les autorités qui avaient été imposées par l’international n’ont pas vraiment la compétence ou les dimensions d’hommes d’État pour comprendre les moindres petits problèmes du pays, voire en mesure de changer le coup des événements. 

 

Au contraire, avec tous les privilèges et facilités dont jouissent ces autorités en vertu de leurs positions politiques, comme de simples citoyens, elles assistent tout simplement à la dégradation de la situation sociopolitique du pays. 

 

Sans rien faire, ces autorités assistent passivement aux problèmes du chômage, de l’insécurité, de la dégradation de l’environnement, de la bidonvilisation partout, de corruption et du détournement de fonds dans les caisses du Trésor public.

 

De la fuite des cerveaux dans d’autres pays de la région, de l’affaiblissement des institutions, de la montée effrénée du kidnapping, de la prolifération des gangs armés aussi bien de l’explosion démographique et économique, comme un fait accompli, le pays est dans la merde jusqu'au coup.

 

Tout en jouant, dans bien des cas, le rôle de complices des bandits, il y a longtemps, avec des armes et minutions achetées avec de l’argent de toutes sortes de combines, la mort s’éternise dans les quartiers populaires. 

 

Ainsi, plus cela change avec des dirigeants de droites qui sont, aveuglément, soumis à la cause du statu quo local et international, plus c’est la même chose

 

Comme plus cela change ces dernières années, plus les choses sont restées les mêmes pour les classes défavorisées, donc le futur d’Haïti est incertain.  

 

Oui, avec un État en mauvais état, certainement, l’état d’Haïti est incertain.  Et de la MINUHA en 1993, la MINUSTAH en 2004 et finalement au Core Group d’aujourd’hui, le pays continue à se déstabiliser.

 

Face à ce constat, pour certains, Haïti est un état en faillite. Pour d’autres, Haïti présente une situation difficile. Et pour les mauvaises langues, "Haïti est la Somalie en Amérique Latine." 

 

Haïti est le terrible exemple d’une double impuissance, à savoir locale et internationale, écrivait un ancien cadre de l'Organisation des États américains (OEA).

 

Pour d'anciens diplomates qui sont, eux aussi, les complices de tous les maux d'Haïti, ’la situation sur le terrain est très volatile’’.

 

À telle enseigne, ils sont nombreux, les étrangers et Haïtiens qui pensent qu'une intervention militaire est inévitable.

 

Et c’était exactement à ce carrefour que voulait arriver la communauté internationale. Cette "communauté mailvaillante des nations" voulait affaiblir toutes les institutions du pays. Rendre le pays très vulnérable au point d’accepter l’inacceptable.  

 

Dans l'une des dix principales stratégies de manipulation de masse, le linguiste nord- américain, Noam Chomsky fait état de cette situation de créer des problèmes, puis de proposer des solutions.

 

Cette méthode est appelée ‘’problème-réaction solution’’. C'est-à-dire .« il y a un problème, une situation prévue pour provoquer une certaine réaction du public, avec pour objectif que ce soit le mandant des mesures que l'on souhaite faire accepter. Par exemple: laisser la violence urbaine se propager ou intensifier. Ou encore, laisser, voire organiser des attentats sanglants, dans le but que le public soit celui qui exige des lois sur la sécurité et les politiques au détriment de la liberté. Ou aussi: créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire la rétrocession des droits sociaux et le démantèlement des services publics.»

Aujourd’hui, dans le cas d'Haïti, pour justifier leurs actes d'interventionnistes, les envahisseurs représentent leur invasion au pays comme une nécessité face à tous les problèmes comme coup d’État, élections frauduleuses, instabilité politique, crise humanitaire,  et insécurité généralisée, qu’ils ont eux-mêmes créer et alimenter.

De leur mentalité de raciste et de position de pouvoir politique dominante à l’échelle internationale, ces colons du temps moderne dans leur justification de cette nécessité, dont eux seuls, en tireront les profits, décrivent leur prochaine invasion militaire comme une sorte de mission salvatrice.

Donc, faut-il accepter l'inacceptable des troupes étrangères au pays? La vraie réponse salvatrice c'est celle des nationalistes à savoir: une prise de conscience de la réalité politique, économique et sociale du pays. Puis, se battre pour combattre.  Se battre pour déchouquer. Se battre pour exister.   Puisque, « Seule la lutte libère. »

 

Prof. Esau Jean-Baptiste   

 

 

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