Haïti : L’ouverture de la saison des charognards

Dans la nature, il existe une relation de symbiose incontestable entre les charognards et la plupart des virus dangereux, comme le virus du charbon, qui attaquent et exterminent les bétails dans certains milieux. Pour les gens qui n’ont jamais vécu à la campagne, non seulement c’est un peu difficile de comprendre cette relation, mais aussi cela risque de leur échapper l’essence de certains phénomènes à partir desquels ils pourraient tirer des conclusions intéressantes. On parle de relation de symbiose parce que les virus attaquent et tuent les bétails, et lorsque la carcasse est décomposée, les charognards commencent leur parade et prennent le contrôle du territoire.

 

En grandissant, j’entendais souvent les paysans parler de malédiction des charognards. En effet, lorsque les virus frappent les bétails et que les pauvres éleveurs ne savent pas quoi faire face à ces situations désespérées, ils sont obligés de rationaliser pour essayer de comprendre ce qui leur arrive. Ils regardent leurs bétails tomber matin et soir sans qu’ils ne puissent absolument rien faire pour les protéger. Faute de connaissances suffisantes sur le phénomène viral et sur les activités des charognards, ils ne peuvent pas protéger leurs animaux. Ils ne savent non plus comment utiliser les antiviraux puissants qui se trouvent pourtant dans leur environnement pour freiner la propagation de ces virus. En fait, la logique de la malédiction des charognards n’est pas bête lorsqu’on sait que les charognards sont des agents vecteurs de ces virus. Néanmoins, si l‘attaque des bétails par le virus donne à ce dernier un hôte pour se reproduire, ce sont toujours les charognards qui profitent du crime. Ce qui explique pourquoi le charognard qui est un agent vecteur est toujours pressé de propager le virus parmi les bétails. D’ailleurs, dans le milieu paysan haïtien, lorsque les gens voient un charognard sans qu’il n’y ait une odeur perceptible qui peut justifier cette présence, ils le désignent sous l’appellation de messager de mauvaises nouvelles, une sorte d’oiseau de mauvais augure ou oiseau de malheur. Car, la présence de charognards précède souvent la multiplication de virus qui exterminent les bétails.

 

D’où viennent les virus et comment fonctionnent-ils?

 

En fait, les virus existent dans la nature, et ce, partout où il y a des organismes vivants. Il faut faire remarquer que ces derniers avaient toujours vécu en parfaite harmonie avec eux. On peut d’ailleurs même dire que les virus font partie de l’existence des organismes vivants sans lesquels il leur aurait été impossible d’exister. Chaque groupe d’animaux ou chaque milieu est favorable à l’existence et à la propagation d’un certain type de virus. Par exemple, selon certaines hypothèses, le coronavirus, qui fait des ravages à travers le monde, aurait été transmis aux humains par une chauve-souris infectée. D’autres parlent d’une transmission à travers la consommation par l’humain d’un pangolin infecté, tandis que d’autres enfin parlent d’une fuite probable (volontaire ou même involontaire) au moment de la manipulation du virus en laboratoire par l’humain. Cependant, si toutes ces hypothèses sont à la fois plausibles, il n’en demeure pas moins que le coronavirus est connu dans le milieu scientifique comme un virus qui est très fréquent, en général, chez les mammifères et les oiseaux.

Comme je viens tout juste de l’expliquer plus haut, contrairement à ce que peut croire le commun des mortels ou le virus lui-même – s’il avait un sens pour comprendre –, si ce n’est que pour sa multiplication, ce dernier ne tire aucun intérêt réel en s’attaquant aux bétails ou à quelque hôte que ce soit. En effet, contrairement aux bactéries qui sont des organismes vivants et qui peuvent se reproduire toutes seules dans un environnement favorable (un bon ph), les virus ne sont pas des organismes vivants. Ce sont des parasites, des agents infectieux qui ont toujours besoin d’un hôte pour se reproduire. Ils s’animent seulement lorsqu’ils prennent une cellule en otage, comme on peut le voir partout dans le paysage haïtien. En fait, une fois qu’un virus envoie son matériel génétique dans la cellule, cette dernière devient prisonnière du virus et incapable de remplir ses fonctions. Dans ce cas, la cellule devient une sorte d’usine au service du virus, et son travail se résume uniquement à la reproduction de ce dernier. Ainsi, en un rien de temps, l’organisme hôte qui est colonisé par le virus arrive à céder, ce qui entraine la mort. Ce qu’il faut comprendre c’est que certains types de cancers sont d’origine virale. On pense par exemple aux virus du papillome humain (VPH) qui sont à l’origine de certains cancers, dont des cancers anogénitaux.

 

Mais, qu’en est-il des virus qui tuent les bétails en Haïti?

 

En Haïti, les bétails sont souvent exposés à des virus introduits ou manipulés par certains vautours qui cherchent à détruire ou à neutraliser de manière indiscriminée tous les organismes vivants du pays. Selon le mode opérationnel connu des virus, tout ce que cela prend c’est un agent vecteur qui va porter le virus pour ensuite infecter d’autres bétails. En un rien de temps, c’est toute la ferme qui est contaminée et on commence à compter les morts par dizaines, par centaines et même par milliers. Lorsque vous voyez les charognards se parader dans les airs un peu partout dans la région, vous comprenez que les virus ont accompli leurs tâches et que le repas est prêt.

 

En effet, avec l’activité des charognards dans les cadavres des animaux en décomposition viennent toujours d’autres problèmes, dont celui lié à l’apparition de nouveaux virus ou de nouvelles bactéries. On pense, par exemple, au cas de  l’éclosion du choléra qui a tué plusieurs dizaines de milliers d’individus en Haïti. Un autre problème posé par le mouvement des charognards est la montée de l’odeur pétrifiante des cadavres décomposés des bétails. Je me rappelle lorsque j’étais gosse, combien ces odeurs empoisonnaient l’existence dans la cité. Même si vous n’habitez pas trop près de l’endroit où opéraient les charognards, le vent remplissait toute la cité de l’odeur incommodante que raffolent naturellement les vautours.

 

Au cours des dernières décennies tous ceux qui comprennent le mode opératoire des vautours devaient détecter des signes avant-coureurs qui indiquent que de nouveaux variants du virus qui détruit les bétails en Haïti allaient émerger. J’en avais même parlé dans mon livre intitulé : « Haïti, Caverne de charlatans », publié aux éditions Voies libres en 2017. J’ai grandi à la campagne, et je pouvais reconnaitre les activités pré-opérationnelles des charognards au pays. Selon toutes les prédictions et même selon certaines observations, ils ont pu activer certains virus – les uns plus virulents que les autres – qui ont infecté tout l’espace haïtien. On le sait parce que nous avons vu les virus à l’œuvre et nous avons pu constater les résultats.

Quelle solution?

Comme je l’ai déjà expliqué, les virus font partie de notre existence. Un spécialiste en biologie a même expliqué que si les virus avaient la grosseur d’une tête d’aiguille, la quantité que nous avons dans notre corps couvrirait une distance de 1 500 mètres. Dans ce cas, il est complètement impossible de se débarrasser même de ses propres virus. Étant donné que tous les virus ne sont pas mortels pour les bétails, il faut donc prêter une attention à ceux qui sont les plus mortels et qui font le sale boulot pour les charognards. Dans ce cas, il faut emprunter les solutions antivirales qui ont déjà fait leur preuve et donné de bons résultats ailleurs. Nos ancêtres avaient inventé des solutions qui fonctionnent autant sur les bactéries nuisibles que sur les virus. Nous devons rouvrir les livres d’histoire pour voir comment ils combattaient les virus mortels pour protéger leurs bétails. S’occuper d’une ferme est une tâche laborieuse, donc il n’est pas question de laisser les virus tuer nos bétails au profit des charognards. Il faut en finir avec ces virus par tous les moyens. Je dis bien : tous les moyens. On dit aussi que prévenir vaut mieux que guérir. On peut aussi s’attaquer directement aux charognards qui répandent les virus mortels dans notre ferme. Là encore, nous n’avons qu’à regarder comment nos ancêtres avaient combattu les charognards de leur époque. Encore, lorsque j’étais gosse, les Haïtiens utilisaient les moyens du bord, comme des frondes, pour combattre les charognards, mais on ne peut pas imaginer de telles solutions aujourd’hui pour faire face à ces rapaces, car avec le temps ils sont plus rusés. On peut, soit empoisonner les cadavres des animaux ou calciner les carcasses des bétails pour en extraire la poudre afin de faire face aux charognards.

 

Peu importe la solution que l’on retient pour faire face soit aux virus ou aux charognards, l’essentiel c’est la survie des bétails. Lorsque vous voyez les charognards se parader partout et se consulter pour donner l’assaut final aux cadavres décomposés du bétail, sachez que le virus a fait son travail. Il faut s’y préparer. Nous savons toutefois que le virus est condamné à disparaitre parce que sa seule chance pour continuer à se diviser est d’habiter un organisme vivant. En Haïti, on peut dire qu’il coupe la branche sur laquelle il est assis.

 

Wilner Predelus, PhD

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