Que disent les autorités de Port-au-Prince dans la crise haïtiano-dominicaine?

Contrairement aux dirigeants haïtiens qui sont restés passifs quand leurs citoyens sont en danger, dans bien des cas, quand la sécurité nationale des États-Unis est menacée, les autorités américaines sont sur pied de guerre. ‘’Tous ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous’’, disait l’ancien président George Bush (fils). 

 

Pour mieux comprendre le discours du président américain, il fallait le placer, exactement, après les actes terroristes contre les États-Unis le 11 septembre 2001. Discours exceptionnel dans une circonstance exceptionnelle d’un leader fort de son temps. 

 

C’est comme l’empereur Jean-Jacques Dessalines après l’indépendance d’Haïti en 1804 qui tout en voulant faire de la nouvelle nation un pays libre ou règne la prospérité, l’égalité, l’unité, et surtout la souveraineté, le fondateur de la nation, disait à toute critique concernant le massacre des Français: ‘’Peu m’importe le jugement de la postérité, pourvu que je sauve mon pays’’. 

 

Mais, plus de deux cents ans après cette déclaration de grande portée politique, Haïti est dans la merde jusqu’au coup. Face à une situation où les autorités sont complètement soumises aux diktats du Core Group, la communauté internationale fait ce qu’elle veut au peuple  haïtien, y compris les voisins dominicains.

 

 

Alors que la crise haïtiano-dominicaine, une fois de plus, suscite un état de tension qui devrait retenir l’attention de l’international, mais elle révèle au grand jour des années de rancune des dominicains contre les Haïtiens. 

 

 

Quand des citoyens dominicains brûlent le drapeau haïtien, violent et tuent par pendaison des jeunes Haïtiens, ce ne sont plus que des actes anti-haïtiens, ce sont des actes de guerre qui requièrent que le peuple haïtien s’unisse avec une détermination et une résolution sans faille contre l’animosité du voisin. 

 

Malheureusement que la diplomatie haïtienne soit inoffensive face à l’offensive des autorités dominicaines. 

 

 

Le sentiment anti-haïtien a atteint son paroxysme. Ce sont la liberté et la fierté haïtienne qui sont attaquées. Il faut rappeler que les dominicains ont toujours témoigné une grande haine contre les Haïtiens, particulièrement depuis l’occupation de leur pays par l’administration de Jean-Pierre Boyer durant la première moitié du dix-neuvième siècle. 

 

Comme l'histoire l'a tristement montré, ‘’longtemps après leur indépendance, les Dominicains en ont conservé un profond sentiment antihaïtien. En 1937, par exemple, entre 12 000 et 25 000 Haïtiens vivant le long de la frontière ont été massacrés par les forces armées dominicaines. Le ressentiment ne s’est jamais réellement calmé. Dans les années récentes, il s’est manifesté sous la forme d’une opposition violente à l’immigration en provenance d’Haïti’’, écrit Jeneen Interlandi.

 

De plus, le commerce entre haïtien et dominicain pose aussi des problèmes. ‘’Un second aspect non négligeable dans la compréhension de cette crise dans les relations entre la République dominicaine et Haïti, c’est sans nul doute l’aspect économique soit en particulier les grands enjeux économiques et les grands intérêts économiques à la fois des grandes puissances impérialistes’’

 

Pour un pays qui était essentiellement agricole, aujourd’hui, non seulement les terres sont dévastées et les productions agricoles sabotées, il n’y a pas vraiment une politique agricole basée sur le long terme. Comme conséquences négatives, la survie alimentaire des Haïtiens dépend en grande partie du voisin dominicain. 

 

Une chose est certaine: la République dominicaine tire de très grands bénéfices de ces marchés. Des données prouvent qu’Haïti a toujours été le second partenaire commercial de la République dominicaine et que le commerce bilatéral a connu un grand essor au cours de la dernière décennie’’. 

 

Bien que le marché haïtien soit important pour l’économie dominicaine, mais depuis des décennies, les dominicains sont devenus de plus en plus violents contre les jeunes haïtiens qui font le déplacement en République voisine pour faire des études universitaires.  Des investisseurs sont aussi victimes. N'en parlons pas de simples citoyens haïtiens qui travaillent dans les Barteys.

 

Chaque jour, la crise entre la République dominicaine et Haïti se détériore. La passion suscitée par cette crise met en danger la souveraineté nationale d’Haïti. 

 

Face à ce sentiment anti-haïtien, force est de constater que l’État haïtien reste impuissant. Dans leur état de compliance, on brule le drapeau haïtien, on viole, on vole, on arête illégalement, et on tue les Haïtiens les autorités ne disent absolument rien.   

 

On se souvient encore de la pendaison de Claude Jean Harry sur une place publique en République dominicaine le 11 février 2015. Cet acte barbare avait secoué toutes les classes confondues en Haïti, mais le gouvernement d’alors avait d’autres choses beaucoup plus importantes à régler avec leur voisin dominicain que de se soucieux d'un petit cireur de chaussures. 

 

Il était visible que la diplomatie haïtienne d'alors était incapable par ce que au départ, le rapport de force n’était pas équilibré. On n'a jamais vu un plus fort accepter les propositions diplomatiques de l'autre, spécialement quand c'était "une diplomatie d'affaires".

 

Certes, Claude Jean Harry était un cireur de chaussures, mais il était comme nous tous, un haïtien, petit-fils de l’empereur Jean Jacques Dessalines le Grand. 

 

C’était sept ans de cela. Dans l’intervalle, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis lors. Mais, aujourd’hui encore, par rapport à ce qui se passe actuellement contre les ressortissants haïtiens en terre voisine l’État haïtien est si faible, qu’il est incapable de donner une réplique à leur voisin dominicain. ‘’Les Haïtiens en République dominicaine se font courir après comme des monstres, attraper comme des bêtes et expédier en Haïti comme d’encombrants colis. Les images sont terribles. Et la politique officielle de notre principal voisin est affichée : dehors les Haïtiens. Ceux en situation irrégulière, mais aussi tous les autres si on les attrape’’, peut on lire dans l’éditorial du Quotidien Le Nouvelliste,  Yo vann nou nan zobop, publié le 16 novembre 2022.

 

 

 

Mais que dit le ministère des Affaires étrangères? Probablement, si le chef de la diplomatie haïtienne ne le trouve pas nécessaire de dire ou de faire quoi que ce soit, c'est par ce que tout simplement, tout est sous contrôle. Un contrôle que même le Chancelier n'a pas de contrôle.

 

Esau Jean-Baptiste

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES