Aux âmes de bonne volonté

Ce n’est pas tant que nous aimons le titre d’immigrant que nous traînons après mille générations que nous décidons de vivre en terre étrangère sans aucun projet de retour, mais plutôt que nous haïssons l’étiquette de diaspora qu’on nous accole lorsque nous retournons chez nous sur la terre de nos aïeux.

Ce n’est pas tant que la convention de Vienne est inutile et obsolète qu’un voyou à l’étiquette diplomatique ose nous menacer pour nous être objectés contre les pratiques de dinosaures de chefs de gangs constitutionnalisés et constitutionnalisant qui nous terrorisent tous les jours, mais plutôt qu’il contrôle à la fois les armes et ceux qui utilisent les armes pour assassiner nos nourrissons dans le sein maternel.

Ce n’est pas tant que l’autre est fort qu’il arrive à maintenir son genou sur notre cou pendant cinq longs siècles, mais plutôt que nous nous faisons complices de ce jeu lugubre en tolérant les petits voyous qu’il paie pour nous surveiller et nous empêcher de nous révolter.

Ce n’est pas tant que l’autre est puissant qu’il nous écrase comme des cafards partout où nous allons et même davantage chez nous, mais plutôt que nous avons choisi d’être des lâches ignorants qui prient pour qu’il nous laisse la paix au lieu de lui répondre du tac au tac.

Ce n’est pas tant que l’autre est intelligent qu’il sache jouer dans notre cerveau pour nous pousser à nous entretuer, mais plutôt que nous avons choisi délibérément de ne pas éduquer ceux parmi nous qu’il choisit pour en faire nos bourreaux.

Ce n’est pas tant que l’autre est stratégique pour choisir les moyens à mettre en œuvre pour nous contrôler, mais plutôt que nous refusons d’emprunter la voie que nous ont indiquée nos ancêtres pour nous affranchir de son joug.

Ce n’est pas tant que nous n’avons pas assez de ressources pour prendre soin de nos enfants, nous occuper de nos aînés et construire une société prospère pour toutes et pour tous, mais plutôt que nous utilisons nos ressources pour nous détruire les uns les autres au profit de l’autre.

Ce n’est pas tant que nous ne savons pas quoi faire pour sortir notre peuple de la misère lorsque nous arrivons au pouvoir, mais plutôt que nous préférons vendre le peuple au diable pour nous maintenir au pouvoir et appliquer son plan diabolique contre le peuple.

Ce n’est pas tant que l’autre est riche qu’il a les moyens pour nous acheter afin de maintenir le peuple dans la misère et s’emparer de ses richesses, mais plutôt que nous n’avons pas le sens de la mesure pour savoir ce que nous valons et ce que valent nos frères.

Ce n’est pas tant que nos femmes sont moins belles, et que lorsque nous sommes devenus des stars avec un peu d’argent il nous faut regarder chez l’autre pour en avoir pour notre argent, mais plutôt que nous nous faisons son esclave et ne voyons la beauté qu’à travers ses yeux.

Ce n’est pas tant que nous sommes paresseux comme l’autre le répète trop souvent, mais plutôt qu’à force de travailler toute notre existence pour l’enrichir, nous avons perdu l’intérêt pour le travail.

Ce n’est pas tant que notre vie ne compte pas aux yeux de l’autre qui compte, mais plutôt que notre vie ne compte pas à nos propres yeux, question de fournir un alibi à l’autre pour justifier ses cinq cents ans de massacres quotidiens contre nous.

Ce n’est pas tant que nous aimons la crasse qui explique notre cohabitation avec les porcs qui nous y traînent pour nous battre continuellement avec leurs expériences de vie parce que c’est leur habitat naturel, mais plutôt que ces crapules sont soutenues par les colons professionnels internationaux qui veulent notre malheur.

Ce n’est pas tant que nous avons besoin de l’aide de nos bourreaux pour sortir de la merde, mais plutôt que certains d’entre nous ont besoin de la merde pour justifier l’aide de nos bourreaux qui nous veulent crever dans cette merde.

Ce n’est pas tant que nous avons besoin de l’aide de ceux qui font montre d’un peu d’humanité à notre endroit pour finir avec la violence et l’injustice que l’autre utilise pour nous briser l’échine et nous maintenir dans la misère, mais plutôt que nous nous laissons diviser par toutes sortes d’évangiles bidon qui nous convainquent de vivre à genoux au lieu de mourir debout.

Ce n’est pas tant que nous ne sommes pas éduqués qui justifie notre décision de nous mettre au service de l’autre, mais plutôt que ceux qui accèdent au pouvoir sont des esclaves dans l’âme et que servir l’autre est leur seule raison d’être.

Ce n’est pas tant que Dessalines a échoué dans sa volonté de nous rendre libres et indépendants, mais plutôt qu’il avait surestimé notre volonté collective, comme esclaves endurcis, de toujours vouloir toujours servir un maître.

Ce n’est pas tant que les choses ne changeront pas pour de bon, mais plutôt que cette génération est la pire que toutes les générations que le pays ait connues au cours de son histoire.

Ce n’est pas tant que nous aimons l’odeur de la fumée que nous jonchons nos rues de pneus enflammés enduits d’encens, de feuilles de sauge, de piment et de trous d’égouts tous les jours, mais plutôt que nous détestons ces esprits évadés qui nous empoisonnent la vie, et qu’il nous faut chasser à tout prix.

Ce n’est pas tant que nous sommes patients que nous laissons à ces gangsters le droit de faire et d’appliquer les lois dans la cité tout en assassinant nos enfants et en violant nos filles, mais plutôt que cela nous prend du temps pour leur préparer la médecine que justifie leur forfait.

Ce n’est pas tant que nous aimons la violence que nous finirons par faire quelque chose pour mettre fin à cette violence interminable exercée contre nous, mais plutôt que la violence naturellement appelle la violence et que l’autre nous laisse la violence comme notre seul moyen pour améliorer notre condition de vie.

 

Bat chyen an, tann mèt li.

 

Wilner Predelus, PhD

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