Le football, l’opium du peuple. Ariel Henry en profite !

À l’instar d’une drogue aux vertus ensorcelantes d’emmener l’être épicurien au septième ciel, le football détient la propriété mythique de produire des joies sublimes qui feraient taire l’amplitude des douleurs atroces de l’insécurité et du miséréré de ses tifosis. Devant le petit écran, dans une passion multicolore « jaune et bleu », « bleu et blanc » ou « bleu et rouge rêve-t-on tant », le sport roi est capable d’ajourner les verdicts politiques de la population bafouée. Dans un parc, sur le macadam, chez le voisin, devant une « bank bòlèt », sur la place publique, derrière une bouteille de prestige ; toutes les divergences multiformes peuvent être apprivoisées pour se converger autour du ballon rond. Les dealers métamorphosés en leaders en sont bien conscients. C’est ainsi qu’ils tirent leur épingle de ce grand jeu sportif quadriennal planifié cette année par le Qatar. Dommage pour eux, la jouissance de l’externalité politique générée par la coupe du monde sera très éphémère. Le siège éjectable du neurochirurgien sera à nouveau surchauffé au plus tard le 18 décembre prochain.

Victime de toutes les dérives politiques et économiques, le peuple exaspéré du mauvais traitement du PHTK serait adouci dans un mois aux yeux immobilisés devant les géants-écrans. Les criminels à cravates du PHTK feraient des criminels à sapattes - leurs familles et alliés détraqués - des agents de développement à distribuer des téléviseurs aux meilleurs endroits des bidonvilles gangstérisés.

Un peuple tellement docile. Il suffit du minimum minimorum pour animer les discussions footballistiques du matin jusqu’au crépuscule du jour et ces dirigeants sadiques achèteraient leur paix factice. Une fois que le Brésil et l’Argentine restent dans la course, les ténèbres, l’insalubrité, l’insécurité et le ventre creux ne seraient plus un problème. Soudain, les yeux des bourses vides sont fermés sur le taux d’inflation en flèche. Le taux de change ne ferait plus de mal au faible pouvoir d’achat du consommateur. « Happy Game, Happy Life » !

Utopie. Car, les dirigeants illégitimes inaptes à générer des plaisirs durables en faveur de leurs populations vont se rendre à l’évidence du karma du cauchemar politique. Leur confort va être très bientôt saboté par le cachet éphémère de la récréation procurée par le ballon rond.

 

Hors-jeu et antijeu évident contre la population

Les arbitres ferment les yeux face aux outrages et aux arbitrages indus perçus au sein de tous les secteurs, notamment celui de la finance. Ariel semble savourer une victoire cynique d’étrangler le peuple en sa décision cavalière de doubler le prix du carburant pour faciliter son clan politique cleptomane à continuer à s’exhiber dans une mégalomanie dans la disette. Ces crapules politiques, sauraient-ils ignorer qu’aucune société munie d’un minimum de conscience ne puisse être abêtie à un stade où un plat chaud devient quasiment un luxe ?

La mafia bancaire continue de thésauriser le billet vert que la diaspora envoie généreusement à sa famille, mais qu’un oligopole corrompu échange manu militari en contrepartie d’une gourde de plus en plus dénigrée. C’est en des acrobaties périlleuses que même la classe soi-disant moyenne se procure régulièrement un gobelet d’huile, une marmite de riz, un sachet de spaghettis. Que dire de la masse ? La famine est perceptible dans les cuisines et sur les tables qui exposent des miettes pour assurer le souper familial. Cela va très mal.

Les institutions financières, les ambassades et les entreprises commerciales fixent leurs taux de change usuraires comme bon leur semble. Elles ne cesseront de prendre la régulatrice de la rue Pavée comme une vulgaire épave que quand celle-ci se laisse piloter par un conseil digne. Cette BRH sans scrupule évolue dans une pratique ignoble de prétexter monter son jupon à chaque fois qu’elle est décriée.

Les yeux de lynx avaient clairement perçu un canular quand la BRH claironnait qu’elle allait - de concert avec le MCI, le MEF, l’UCREF et d’autres entités de contrôle des transactions financières - mettre en œuvre des mesures de correction pécuniaire en faveur des consommateurs et des récipiendaires des transferts. C’est à la Saint-Glinglin que la population verra les effets positifs de telles dispositions.

Faux bond des bons, injection sans résultat, ce Conseil champion de procrastination a encore passé la population dans la farine. Cela s’empire. Les queues s’allongent devant chaque succursale de banque avant que le client humilié ne soit informé après 5 heures de misère sur ses deux « bitchelo » qu’il ne peut tirer de son compte que 50 ou 100 dollars. Imaginez la frustration du client quand sa fiche de retrait exprimait un besoin de 1000 dollars en vue d’honorer ses engagements qu’il ne peut ajourner.

C’est quoi définitivement la vraie mission de la Banque des banques qui devait réguler le système financier du pays ? Les champions du 400 % bulshit ont définitivement mis leur empreinte sur le système bancaire haïtien. Ce badigeonnage financier doit cesser. Il faut un coup de sifflet final pour mettre fin à ce jeu macabre où Haïti risque un carton rouge du GAFI. Il y a urgence de jouer une nouvelle partie avec du sang neuf pour que la patrie marque enfin des buts.

 

Du plaisir dans la souffrance

Le kidnapping continue son petit bonhomme de chemin. Les prix des produits de première nécessité poursuivent leur tendance à la hausse. L’école ne fonctionne même pas à un régime Tipa-Tipa où les élèves auraient pu jouer au Monopoly. Dans ce monopole de crime économique et de violence sociale échappée au contrôle de l’État, la vie demeure invivable dans les villes et les bidonvilles pris en otage. Pourtant, Ariel et consort pensent qu’ils auraient offert une certaine stabilité au pays. Erreur de mesure !

Partant de cet axiome que le sport roi est un vecteur menant à l’extasie même dans la pénurie, les dirigeants déliriums surfent paisiblement au podium politique pour un mois supplémentaire. Quoique des « idiots utiles » en mission de trahison de leur propre patrie, ces parachutés au sommet de l’État ne seraient pas totalement cons. Ou du moins, ils disposent de conseillers spéciaux qui leur indiquent le meilleur momentum pour entreprendre certains projets macabres.

Pendant qu’Aboubakar fait saliver les Camerounais en des buts d’anthologie, Richarlison en ses magnifiques retournées acrobatiques pour le Brésil, Messi en son leadership dans une rage de vaincre à la sélection d’Argentine et surtout un Mbape fascinant qui guide les bleus vers le bonheur, Ariel Henry marque des autogoals et des goals à main contre Haïti. Pendant que le Mondial s’anime dans une recréation jouissive au Qatar, le mouvement politique bancal se poursuit à notre capital. En cavalier seul, dans les ténèbres institutionnelles comme dans un « Dieu seul me voit », Ariel Henry révoque et recrute des têtes des institutions régaliennes.

 

Corrélation entre lock et Mondial

Dans les mêmes conditions de température et de pression, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Cette fin-décembre 2022 sent l’odeur du 6 juillet 2018. Il est fort plausible que cette nouvelle version du PHTK en concubinage avec une fraction de l’opposition « bouda chire » sans conviction vive l’expérience similaire qui avait mis Jomo K.O.

On se rappelle que c’était en raison de sa ténacité à taxer l’essence dans une vitesse monomane, bon pour lui-seul, en solo, dans une masturbation tournée au vinaigre qu’Apredye se rendait compte que son pouvoir était fébrile comme des biceps de marengwen. En tout cas, les mêmes ingrédients sont perceptibles. Il en manque uniquement une étincelle pour chauffer au rouge les muscles des protagonistes dans ce dojo qui rappelle le baptême du lock.

J’imagine si c’était plutôt le Brésil au lieu de l’Allemagne. Ariel n’en connaîtrait-il pas de mauvais tour depuis le premier tour dans ce jeu de procrastination cynique ? Le mondial touche à sa fin au 18 décembre 2022, c’est quoi la prochaine carte de ce régime politique associé à juste titre à un cartel narcotique qui ne fait que s’enrichir illicitement quitte à décapitaliser le dernier citoyen haïtien jusqu’au dernier centime ?

Ariel est lui-même un nommé hors-norme qui n’a jamais connu un bain de foule, et donc qui n’a nulle idée du revers de la médaille qui est l’exaspération de la foule. Très probablement par son cerveau ou par sa main, Jomo n’est plus dans l’arène pour lui en parler de manière abracadabra. Puisqu’Ariel ne peut apprendre la leçon via l’histoire des autres, de sa même famille en litige, espérons que son patron devenu persona non grata partout il foule les pieds lui expliquera le stress de tels moments susceptibles de se convertir en cancer.

Lorsque de tout cœur le peuple rejette un leader, vrai ou faux, il n’y a pas moyen que celui-ci regagne son cœur en dépit de poésies ou de mélodies flatteuses à lui dédier. Martelly et Lamothe peuvent en dire long. Les stratagèmes des pharisiens qui percevraient les « petits dirigeants » comme leur marchepied pour escalader l’estrade de l’immixtion condescendante n’y peuvent rien non plus.

Comme un poisson dans l’eau, Ariel jubile à l’occasion du Mondial de la FIFA qui a soudainement calmé la tension des rues.  Comme un poisson hors de l’eau, Ariel va gigoter, car l’effet de la piqûre du mondial s’estompera. Jusqu’au 18 décembre, le peuple est « high » dans une euphorie procurée par Messi, Mbape, Christiano, Neymar et compagnie. Cependant, le peuple retournera à son état lamentable « down » qui va l’inciter à fouler le macadam pour exiger des conditions de vie décentes.

Le football détient cette propriété magnétisante de temporiser les colères politiques, de créer un faisceau convergent entre les forces et les faiblesses, les alignées comme les contradictoires dans une même chambre, sur une même galerie. Comme en 2018, le Mondial a hypnotisé une dizaine de millions de frustrés jusqu’à les réduire au silence. Leur exaspération a été étouffée. Mais, dommage pour PHTK, l’éphéméride de la coupe du monde de football ne s’étale que sur un petit mois. Et donc ce confort d’une minorité répugnante au détriment d’une majorité souffrante est très éphémère.

Tôt ou tard, mais plutôt très tôt, car ce sera au plus tard au lendemain du 18 décembre prochain, fin du Mondial, la population finira par foutre un coup de pied dans la fourmilière pour sortir PHTK sur la civière. Sur la pointe des pieds ou les deux pieds devant, le dernier des mohicans du PHTK finira par descendre sur terre en déposant les clés de la cité sous le tapis. La chef de la fédération des gangs, Hélène Lalime, n’y pourra rien. Vox Populi, Vox Dei !

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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