Transmission

  Quand, par la force des choses, on est arrivé à oublier qui on est, quand on ne se souvient plus de son histoire, de ses mythes et de son passé, que l’on perd ses repères, le cordon ombilical avec la tradition rompu, on a cessé d’être pour tout simplement exister.

Avoir une identité propre, c’est ce qui nous permet d’être nous-mêmes, d’être à la fois unique, différent et semblable d’abord de manière individuelle, ensuite sur le plan collectif  grâce à notre histoire, notre culture et nos valeurs d’être un, un dans la diversité, un formant le tout.

Comme tous les peuples, toutes les nations, nous avons une histoire des origines, nous avons nos mythes et nos traditions. Une histoire tumultueuse, la nôtre, faite de beaucoup de souffrances, d’humiliations, de revers, mais aussi de gloire (l’épopée de 1803!). Une histoire qui tire son origine non dans la géographie, mais dans la quête de richesses matérielles de l’homme et sa volonté d’asservir et d’exploiter ses semblables pour y arriver.

L’être haïtien est un insoumis. Il a construit sa voie à travers un parcours extrêmement difficile allant du déracinement à la déportation pour connaitre la déshumanisation de l’esclavage  pour,  au terme de nombreuses luttes (marronnage, rébellion), un long combat, redevenir Homme, libre et digne.

L’héritage est donc constitué de la terre, bien matériel et de la culture, patrimoine immatériel. Si ce difficile parcours s’efface de notre mémoire collective, nous courons le risque de ne plus être des Ayisiens et nos valeurs, reposant sur l’esprit de sacrifice, le vécu  de nos ancêtres pour la liberté et la dignité dans un climat de solidarité, risquent d’être reléguées aux oubliettes à tout jamais.

 Ayiti, terre d’accueil, restera et nous passerons sans faire d’elle ce joyau, cette lumière des Nations, cette terre d’amour et de liberté qu’elle doit être parce que nous aurions perdu la mémoire, notre identité, mais surtout parce qu’en réalité nous ne les avions jamais vivifiées par des actions collectives dignes de notre histoire et de notre héritage communs.

Que faudrait-il faire pour préserver notre mémoire historique et collective pour que nous soyons vraiment une nation unie et indivisible ? Comment aujourd’hui puiser dans l’esprit de sacrifice de nos ancêtres  l’inspiration nécessaire pouvant nous aider à mettre en avant le bien commun, le bien-être de la cité et de ses citoyens avant nos intérêts personnels au moment où l’étranger dans sa toute-puissance semble être le seul capable de nous encourager  à fusionner, à synthétiser  nos multiples désaccords en un seul accord ? N’est-il pas enfin venu le temps de nous demander : que voulons-nous pour Ayiti, notre patrie commune, que voulons-nous pour les générations futures ?

Comment sortir de l’impasse pour changer, renaitre et recréer la vie pour tous ?

Quel héritage allons-nous transmettre ?

Samuel E. Prophète

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