La passion d’écrire en dépit de tout

Un bon soldat ne vit pas dans les rancœurs du passé, disait le président rwandais Paul Kagame. Tout en étant un bon soldat dans le champ de bataille de la vie faite de haut et des bas, pendant les dix dernières années de combats et de heurts, je connais des moments difficiles. De très mauvais moments. 

Je connais l'humiliation avec le grand H. L'adversité avec le grand A. L'embarras avec le grand E.  Au point que j'aime répéter que pendant ces moments là, je fais, malgré moi, deux doctorats. L’un dans la santé.  Et l’autre dans des finances. Mais en dépit de tout, je n'ai pas eu le cœur brisé au point de blâmer ou de haïr personne. 

Sur les bancs de l'école de la vie, j'ai appris des leçons de tous ces moments difficiles et disons-le très triste et de manquements aussi.  Mais comme tout bon soldat qui impose toujours du respect partout où il passe, durant toutes ces épreuves et souffrances endurées, je persistais, je résistais, avec fierté j'avançais et continue encore, avec passion et dignité, à faire ce que j'aime faire, à savoir: écrire pour mon peuple et mon pays.

Je n’écris pas pour écrire. Comme l’artiste qui peint ou le musicien chanteur, compositeur  qui chante l’injustice et l’inégalité, moi aussi, j’écris pour me plaindre de l’ingérence de l’international dans les affaires internes de mon pays. Avec amertume, j'écris de la souffrance, de l’injustice, de l'inégalité sociale des masses défavorisées aussi bien que des massacres à répétition dans des quartiers populaires dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince. 

J'écris aussi pour dénoncer l’exploitation à outrance de mon peuple par une oligarchie locale. En un mot, j’écris pour, dénoncer ce que je vois, exprimer ce que je sens, et ce que je comprends. Je souffre, donc j’écris.  Et certaines fois avec frustration.

Avec des sujets d’actualités qui trouvent ses racines dans la souffrance des masses comme: Comprendre Haïti; 216 ans de barricades imposées par l’oligarchie économique; massacre à la ruelle Vaillant; Bel-Air mon quartier je te pleure, etc., ces textes, dans la peau de chaque haïtien, traduisent mon engagement dans les luttes politiques du peuple haïtien pour changer sa situation économique et sociale. 

Ce sont des textes qui prennent position ouvertement en faveur des Haïtiens brisés et anéantis par la misère imposée par une élite politique et économique sans humanité.  

Tout en prenant position pour ceux qui luttent pour le changement, ces textes sont aussi une sorte de motivation pour tous ceux qui particulièrement sont considérés comme la majorité silencieuse. Tous ceux qui n’ont pas la force de penser ou le courage de dénoncer les inégalités sociales, les injustices et les abus de toutes sortes.

Ces textes sont aussi l'expression de tous ceux qui préfèrent marcher seuls, pour pouvoir marcher droit devant les adversités.  Surtout à un moment ou les tentations faites avec de l’argent facile venant des hommes et femmes corrompus, immoraux et arrogants sont si grandes, trouver des gens qui peuvent en faire la route seul au lieu d’être mal accompagné par ceux qui ne sont pas capables de résister aux premiers assauts de la vie n’est pas chose facile.    

Avec des sujets sur les crises sociopolitiques surtout des trente dernières années, l'idée derrière ces textes, c'est d'entraîner les lecteurs dans un pays écorché par l’ingérence de l’international aussi bien de l’exploitation à outrance de l’oligarchie locale. 

Ces textes se veulent pour objectif, d'exposer aux lecteurs, la profondeur des luttes politiques que mène le peuple haïtien surtout ceux des classes défavorisées contre une élite où leur haine et l’exploitation sous toutes ses formes faisaient loi dans ce petit pays de la Caraïbe, mère de liberté des nègres. 

Mais loin de toutes formes de fatalités, à travers des sujets qui touchent la plaie ou les problèmes haïtiens dans toutes ses dimensions, ces textes sont les témoignages saillants, poignants et même trop bouleversants de l'histoire contemporaine déchirante, méchante d'une exploitation à outrance de l'oligarchie locale et internationale.

Si l'amour c'est protégé l'autre pour le rendre heureux, malheureusement nombreux sont ceux qui avaient et qui ont encore aujourd'hui les possibilités de prouver leur amour pour Haïti, ils le faisaient ou le font toujours très mal.

Tout en prenant position pour les classes défavorisées dans les quartiers populaires, le constant de mes textes soutient l'idée qu’Haïti se trouve dans cette misère tout simplement par ce qu’elle est mal-aimée nationale et internationalement. Les puissances colonialistes ne pardonnent jamais Haïti pour avoir, durant le tout début du dix-neuvième siècle, mis fin au joug de l'esclavage imposé par les puissances impérialistes de l’époque.

Quand ce ne sont pas des agents de la communauté internationale, du style OEA ou tout simplement « CORE GROUP » dans les résultats de fausses élections et affaire de corruption, il y a toujours de mauvais larrons de l’oligarchie locaux sur le chemin d'Haïti à chaque fois qu’elle tente de rompre avec l’habitude d’exploitation. 

Et le pire, ces malfrats, ils trouvent toujours une bénédiction démesurée aux yeux des blancs racistes et rapaces de l’international.  C’est comme dans les animaux malades de la peste de Jean Lafontaine.  Selon que vous soyez puissants ou misérables, les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs. 

Rien que pour entraver l’espoir naissant, comme ils cherchaient à tuer dans l’œuf l’espérance qui était en train d'éclore après l’indépendance, il y a toujours sur les routes d’Haïti, des obstacles créés par des ennemis qui sont grands dans la petitesse.

 

Je souffre, donc j’écris.   Et ceci en tout temps.

Prof. Esau Jean-Baptiste

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