Le destin inachevé d’un peuple courageux : 1er janvier 1804, le départ d'un peuple glorieux ou maudit

Le 18 novembre 1803 marque la date de la toute dernière victorieuse bataille de Vertières, couronnée par l'ultime acte de l'indépendance d'Haïti ; le 1er janvier 1804, qui est, la date de la consécration finale de l'effort d'un peuple en lutte depuis plus d'un siècle pour la conquête de la liberté. Par ce combat général, qui représente l’expression manifeste du concept : guerre totale ou absolue dans laquelle, toutes les forces possibles et imaginables sont utilisées au cours des opérations militaires, nos héros de l’indépendance arrivèrent à mettre fin à un ensemble de pratiques malsaines liées aux valeurs inhumaines du système capitaliste colonial et esclavagiste.

 

De fait, Haïti a pris naissance dans la colonie dominguoise, esclavagisée et raciste ! À cet effet, l'armée indigène emmenée par son général en chef : le fameux Jean Jacques Dessalines a changé l'ordre social, politique et économique de St-Domingue. En effet, pour arriver à la lutte finale contre la politique esclavagiste que les colons de l'occident voulaient établir puis entériner par des forces armées et de l’ordonnance royale de Louis XIV, communément appelée le code noir, promulgué dans l’hémisphère de la caraïbe en mars 1685 ; afin de légaliser et de justifier la thèse faisant de l’être humain noir un bien meuble ou tout simplement, un objet attaché au patrimoine du maitre, de nombreux sacrifices ont été consentis. Nos héros ont combattu concrètement : corps et âme et au péril de leur vie contre la torture, pour le droit à la vie, le respect de la dignité humaine et plus précisément, pour l'édification d'un État respectueux des droits fondamentaux de la personne humaine. Car en réalité, ce sont ces droits inaliénables et indivisibles à l'être humain, qui firent l'objet des principaux objectifs des noirs privés de toutes sortes de liberté, rejetés et enfoncés dans les bas-fonds de la hiérarchie sociale de St-Domingue.

 

Ainsi donc, dès la première révolte des esclaves organisée sous la direction de Boukman Dutty à la suite d’une cérémonie politico-religieuse en août 1791, jusqu'à la construction du régime de Toussaint L'ouverture en 1801, on voit clairement le parcours ou la trajectoire d’un peuple opprimé, en lutte pour la liberté et qui devra affronter des groupes d'intérêts différents, tels que : les planteurs blancs, les commerçants, les affranchis et  les représentants de la  métropole française, qui eux-mêmes, voulurent à tout prix maintenir les esclaves dans leur condition abominable. De ce fait, les noirs se furent nettement jetés avec ardeur, ténacité, force, raideur et détermination dans la bataille contre l’esclavage. Donc, ils ont beaucoup souffert pour arriver à cette glorieuse victoire qui a changé de manière radicale, l’histoire de l’humanité. D’où la justification de leur conception d’obstination et d’opiniâtreté liée à leur acharnement dans la lutte pour la liberté générale des esclaves.

 

En effet, que se passe-t-il après le janvier 1804 ?

 

Pour bien comprendre ce qui se passe après le couronnement final lié à l’accomplissement de l’indépendance du peuple haïtien, il faut en quelque sorte faire la perspicuité des faits historiques liés à la question d’union des noirs et des mulâtres. En d’autres termes, pour mieux appréhender le lendemain de l’indépendance d’Haïti , il faut regarder d’abord comment la colonie dominguoise a été charpentée socio-politiquement, et ensuite examiner le positionnement de chacun des groupes antagoniques face à l’esclavage et vis-à-vis de leur intérêt, afin de pouvoir mieux contextualiser cette fameuse coalition qui a résolu la question de l’unité des forces et de l’unité de commandement, qui du même coup, a octroyé à Dessalines l’autorité suprême du commandement en chef de l’armée indigène ; tout de suite après la défaite liée à l’arrestation par traitrise du père fondateur du mouvement abolitionniste de l’esclavage et de l'émancipation des noirs , le génie homme politique : Toussaint Louverture, le 7 juin 1802 sur l’habitation de Georges près des Gonaïves.

 

À vrai dire, il est important de rappeler qu'au début des années 1800, Toussaint fut le chef incontournable dans la colonie qui eut une autorité liée à un pouvoir incontestable, qui lui donna la légitimité de doter St-Domingue le statut d’un État autonome via sa constitution de 1801, où il édicta des normes distinctes des intérêts de la France. Ce que les représentants de la métropole française n’accepteraient jamais ! Donc, pour eux Toussaint était trop ambitieux, sa vision d’autonomiser la colonie est allée trop loin, voire même trop loin des intérêts du pouvoir métropolitain. Alors, il fallait absolument se débarrasser de lui. Ce qui justifie son éviction liée à sa déportation en France plus précisément au fort de Joux, dans le rude climat du Doubs, où il mourra le 7 avril 1803.  

 

En effet, malgré l’armée expéditionnaire de Napoléon Bonaparte a mis fin à l’hégémonie de Toussaint dans la bataille politique et militaire de St-Domingue, mais cela n’a pas pu empêcher aux noirs de poursuivre leur objectif unique, s’articulant ainsi : « la liberté pour tous et à tout prix ». Car en dépit des difficultés et du sadisme que subirent les esclaves, leur position dans l’esprit de la révolte pour changer leur condition de vie, restait intacte et immuable.

 

Par conséquent, il y avait une grande partie de captifs noirs rebelles marrons partout et dans les montagnes, qui rebutèrent le système esclavagiste, en voulant coûte que coûte s’échapper à sa cruauté tout en décimant le projet sanguinaire que Napoléon Bonaparte a confié à son beau-frère Leclerc, dans le but de casser la dynamique autonomiste Louverturienne ensuite renforcer et maintenir l’esclavage par des mesures drastiques. De fait, on allait assister à St-Domingue au  débarquement du 6 février 1802, dans la rade du Cap, au nord du pays, d'une armée de 22 000 soldats aguerris par les campagnes de guerres européennes, et qui de par leur mission, n’ont épargné aucun des principaux protagonistes de la colonie, à savoir : les généraux des anciens libres (mulâtres pour la plupart) et encore moins ceux des nouveaux libres (les soldats de l’armée indigène), dont leurs chefs respectifs en l’occurrence Rigaud et Toussaint sont les deux principales victimes du plan meurtrier de Napoléon.

 

Donc, pour faire obstacle à ce projet qui représenta une sorte d’épée de Damoclès, c’est-à-dire une alerte à la bombe ou un avertissement précédé par des stratégies mortelles portées par Leclerc, les généraux noirs et  mulâtres qui se sont antérieurement opposés à la guerre civile du sud, se trouvèrent dans l’obligation de se mettre ensemble dans un compromis qui leurs permettre de s’unifier pour se rallier aux rebelles qui, indépendamment de leurs situations de souffrance, de subjugation et de servitude, représentèrent par excellence, la force insoumise et anti-esclavagiste, imposée par la radicalité de leur position d’insurrection, liée à leur mouvement de révolte généralisée, manifestée par leur résistance dans les milieux paysans.

D’où la question fondamentale à ce sujet :

 

Qu’elles sont les vraies circonstances et les vrais intérêts qui ont poussé les noirs et les mulâtres à s’unir contre l’oppression des blancs ; puisqu’ils étaient deux forces antagoniques qui se sont confrontées pour des intérêts différents ?

 

En réalité, si on suivait avec perspicacité la chronologie des faits historiques liés aux événements qui ont jalonné l’histoire d'Haïti, on devrait savoir que les positions des groupes sociaux de St-Domingue étaient toujours contrecarrées, depuis 1789. Donc, en regardant le contexte historico-politique de la colonie dominguoise par rapport aux privilèges et au rang des groupes sociaux, on voit clairement que les intérêts des commerçants, des propriétaires et des gérants d’habitations n'ont pas toujours été en harmonie avec ceux des représentants du pouvoir métropolitain, de même pour les affranchis qui s’étaient socialement et politiquement opprimés, qui eux-mêmes se sentirent supérieurs aux noirs, et qui du même coup, ne furent pas toujours solidaires aux esclaves, qui se sont constamment oppressés et repoussés au bas de l’échelle sociale de St-Domingue.

 

Donc, cela sous-entend qu’au-delà de toutes aspirations des nouvelles oligarchies haïtiennes(noirs et mulâtres) dans l’idée de construire une nouvelle nation avec un projet de société édifié par un pacte fondamental, il y avait à la base tout un ensemble d’intérêts socio-politiques et socio-économiques divergents, liés aux séquelles esclavagistes qui se sont perpétuées par toute une série de discriminations raciales, qui définissent l’appartenance d’une personne à une classe sociale, par rapport à sa race et sa couleur de peau, non pas au regard  des intérêts communs qui déterminent leur position idéologico-politique, leur condition de vie,  etc. De ce fait, pour marquer la rupture totale faite avec la métropole française, le nouvel État libre et indépendant qu’est devenu Haïti, doit faire face à des situations épineuses et extraordinairement complexes, liées aux difficultés multiples très sérieuses, comme par exemple : garantir cette liberté, en mettant en œuvre un projet nouveau de société, tout en faisant face à des contradictions de classes imbriquées par un problème de race implanté par le système esclavagiste, qui a instauré une situation socio-économique féodale, dans une colonie minée par les coteries politiques néfastes des pays représentants de l’Europe occidentale, tels que : l’Espagne, l’Angleterre et plus précisément la France, qui a imposé ses lois à St-Domingue par la violence, tout en essayant de limiter considérablement toutes possibilités d’alliance naturelle et de cohabitation régulière des élites noires et mulâtres dans un projet commun.

Maintenant il est question de savoir :

 

Pourquoi les noirs et les mulâtres s'étaient réellement unis ? Quelles étaient les principales motivations ? Et comment s’étaient-ils procédés pour arriver à orchestrer cette fameuse union qui a précipité la défaite de l’armée napoléonienne commandée par le général Leclerc ?

 

Ce serait irréaliste et inapproprié voire même impropre de parler d’une manière singulière de l’alliance faite entre les oligarchies noires et mulâtres dans le cadre du processus lié à l’indépendance historique d’Haïti, sans avoir véritablement prendre en compte les rivalités violentes et féroces qui existaient entre ces deux camps, et qui par ailleurs, a laissé un précédent négatif sans fin sur le devenir d'Haïti. Tout d’abord, l’apparition organisationnelle de l’armée louverturienne de 4 000 hommes fortement préparés et politiquement illuminés a entièrement renforcé et accéléré le cours des évènements historiques à St-Domingue.

 

Cette dite organisation politico-militaire a permis à Toussaint de devenir un personnage-clé, qui a la quasi-totalité du contrôle politique et militaire de la colonie, en passant du camp espagnol au camp français, tout en faisant un redressement exceptionnel et sans égal de la présence des forces françaises nettement affaiblie par la pénétration hasardeuse des Anglais et des Espagnols, en 1794. De fait, l’armée indigène victorieuse des épreuves militaires contre les Espagnols et les Anglais, et qui avait par la suite, vaincu les mulâtres en les humiliant dans la guerre civile du sud de l’année 1 800, avait acquis des expériences militaires pour densifier la bataille politique pour l’hégémonie de St-Domingue.

 

Dorénavant, une nouvelle force armée à la fois politique s’installait dans la colonie. Dès lors, St-Domingue colonie française ne se reposait pas seulement sur la puissance des forces armées françaises, mais aussi sur des forces indigènes anciens et nouveaux libres, organisées sur l’autorité de leurs chefs, en l’occurrence, Rigaud et Toussaint. Donc particulièrement, c’est ici, dans un triptyque forces politico-militarisées qu’on doit véritablement placer les concurrences imminentes et impétueuses qui existaient entre les mulâtres et les noirs, dans la bataille pour la prééminence et la suprématie de la colonie de St-Domingue ; tout de suite après la déroute totale de l’armée napoléonienne par l’armée indigène.

 

En effet, pour mieux appréhender les circonstances qui ont poussé les affranchis spécialement les mulâtres à se rallier aux esclaves noirs, il fallait les mettre dans leur place par rapport à leur représentation dans la pyramide sociale de St-Domingue. Ainsi, les affranchis majoritairement mulâtres représentèrent la classe sociale intermédiaire, situés entre les colons qui se trouvèrent au sommet de cette pyramide et les esclaves qui s'étaient placés au bas de celle-là. Donc, de par cette caricature sociale de St-Domingue, le sort des mulâtres était totalement différent de celui des esclaves.

 

Car en réalité, ils ont bénéficié de certains droits liés à des privilèges, soumis à des règles spécifiques, inférieurs au rang des planteurs blancs, mais supérieurs à la situation désastreuse des esclaves. En d’autres termes, leur position sociopolitique leur avait permis de jouir des privilèges qui leur permettaient de posséder des propriétés et des esclaves. Du coup, socialement et matériellement, la supériorité des mulâtres par rapport aux noirs était visible. Donc, cela nous montre clairement pourquoi ils étaient souvent positionnés au côté des blancs pour combattre les esclaves. Parce que tout simplement, les noirs représentèrent pour eux le principal moyen de production dans la colonie.

 

Puisqu’à l’époque le monde capitaliste avait considéré le système esclavagiste comme étant le moteur ou le cœur de sa productivité, par conséquent, toute abolition de l’esclavage à Saint-Domingue affecterait totalement leur production, leur capital et leur richesse, d’où leur position économique dominante. De ce fait, la vision des mulâtres de l’homme noir n'était jamais différente de celle des colons de l’occident. Car, ils avaient à mainte reprise, justifié leur position en affrontant les esclaves tout en voulant protéger leurs intérêts et ceux de leurs pères colons.

 

Néanmoins, au-delà de toutes bases de réflexions discriminatoires instituées par la politique ségrégationniste des colons, les mulâtres qui s’étaient considérés comme une frange privilégiée dans la colonie, nourrissaient de grandes ambitions. Notamment, celle de remplacer les colons propriétaires, afin de se libérer de l'oppression sociale, politique et raciale des blancs, en vue de devenir le seul maître de la colonie ! Alors, combattre les propriétaires blancs serait pour eux, le seul moyen de conquérir leurs pouvoirs et leurs propriétés afin d'accéder à l’hégémonie de la colonie.

En outre, ils avaient compris aussi qu’en dépit des batailles menées contre les noirs en faveur des colons blancs, l’expédition de Napoléon Bonaparte sous le commandement du général Leclerc, n’avait aucune pitié pour eux.

 

De ce fait, cette dite expédition qui avait pour mission de démanteler avec austérité les forces armées indigènes de Toussaint Louverture, puis embarquer ses principaux généraux en France ; déporter à Madagascar les officiers mulâtres et rétablir totalement l’esclavage ne fait qu’accélérer nettement le déroulement des évènements historiques à St-Domingue, en propulsant les mulâtres à rejoindre les noirs dans leurs principales revendications. Tout compte fait, les généraux anciens libres et nouveaux libres n'avaient d’autres choix que de se mettre ensemble afin de combattre l’armée napoléonienne, qui voulait absolument les exterminer.

 

Cependant, il est important de rappeler que les revendications des mulâtres et celles des esclaves n’ont pas toujours été les mêmes. Donc, pour mieux répondre à la supposée question principale de ce sujet, il est important de comprendre que les mulâtres s’étaient ralliés aux noirs uniquement pour faire obstacle à l’exécution du plan de Leclerc, qui voulait entièrement les décimer afin de réapproprier de la colonie, en vue de rétablir totalement l’esclavage.

 

En ce sens, on voit clairement que les mulâtres avaient fait avec les noirs cette prétendue union, qui est à mon avis, une sorte d’alliance circonstancielle et conjoncturelle, en vue d’échapper au plan marquable de l’armée napoléonienne, afin de protéger leurs intérêts en espérant garder la suprématie blanche établie sur la base de race et de couleur de peau. D’où, le drame de cette nouvelle nation, où, les intérêts et la vision des oligarchies mulâtre et noir, qui s’étaient combattus ensemble pour l’indépendance d’Haïti, ne se coïncident guerre. Toutefois, il faut mentionner qu'il y avait des mulâtres sincères à la noble cause des noirs. Tels que : Boisrond Tonnerre, Charlotin Marcadieu et, etc.

 

Bref, voulant accaparer toutes les terres qui étaient censées considérées comme la principale richesse restante de l’ancienne colonie française, au détriment de la masse haïtienne, la majorité des mulâtres sustentaient toujours l'intention de maintenir ce crime horrible qu’est l’esclave, qu’a connu l’Homme noir dans l’histoire de l’humanité sous un faux prétexte de race et de couleur supérieures, afin de conserver leur position dominante.

 

Donc, puisque les noirs avaient toujours manifesté la volonté de mettre totalement fin aux pratiques esclavagistes de domination physique, psychique ou de l’âme, établies par les colons racistes de l’occident visant à déshumaniser l’homme noir, par conséquent, ces deux élites se trouvaient dans un conflit d’intérêt et d'idéologie, dans lequel, le positionnement du mulâtre a justifié son aptitude raciste et sa politique d’accaparement de toutes les richesses du pays.

 

D’où, cela nous insinue à dire que la bataille acharnée des noirs pour l'indépendance d’Haïti, a été hypothéquée voire même fragilisée dès le début de la coalition faite entre les noirs et les mulâtres. Parce que tout simplement, les mobiles d’intérêt de la grande majorité de ces derniers, étaient nettement différents de ceux des noirs, qui eux-mêmes voulurent mettre sur pied un État inclusif qui prend en compte les droits de toutes les personnes humaines, tels que : le droit à la vie, le droit à la liberté et surtout le droit de vivre dignement sur cette terre, quel que soit son origine historique et son rang social, en faisant une répartition harmonieuse des richesses de ce pays.

 

En effet, l’Empereur Jean Jacques Dessalines, conscient de l’ampleur des conflits socio-politiques générés par l’envie des mulâtres de s’emparer les terres laissées vacantes par les colons déchus, avait manifesté la volonté de donner l’accès à la terre à tous les fils et les filles de la révolution haïtienne. Car, ses prises de position et ses paroles ne faisaient pas attendre pour justifier sa bonne foi. Notamment celle-là : « Quand nous avons combattu les Français, personne n´avait réclamé l´héritage de son père. Maintenant que nous sommes devenus libres, on veut s´approprier les biens vacants. Et les noirs, dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils rien ?»

 

En réalité, l’Empereur ne se contentait pas seulement à répéter des mots, mais il avait entrepris des actions qui prouvent son génie et sa capacité de transcendance, en proposant de faire une répartition des richesses par une réforme agraire, qui prend en compte les masses populaires haïtiennes. À cela s’ajoute une administration dotée d’une politique d’interventionniste étatique, que l’historien Michel Hector regretté de mémoire, a qualifié de pratiques socialistes, en édictant dans l’article 12 de la constitution impériale de 1805, stipulant ainsi : « toute propriété qui aura ci-devant appartenu à un blanc français est incontestablement et de droit confisquée au profit de l’État ».

 

Malheureusement, son assassinat a mis entièrement fin à toute une série de dynamique politico-économique et administrative, axée sur la redistribution des richesses et le travail, afin de donner à Haïti son indépendance économique. Puisque Dessalines avait compris qu’il reste peu de richesse à l’ancienne colonie française dévastée par la guerre de l’Indépendance, il promouvait le travail des champs qui était le seul moyen qui pouvait permettre à ce nouvel État de résister au blocus diplomatique et économique des pays esclavagistes de l’occident, pour préserver son indépendance.

 

Cependant, dans le but d’occulter ou d’effacer la trace totale de l’empreinte de Dessalines dans la construction d’Haïti, son nom a été banni dans l’histoire de ce pays, près 40 ans. Soit depuis le premier jour de son assassinat, le 17 octobre 1806 jusqu’au 29 août 1845.

En effet, cette décision honteuse et humiliante prise par ses frères combattants, que l’on considère comme des déshonneurs de l'indépendance, ne fait que changer le destin d’un peuple courageux qui voulait vivre librement, en l’entrainant dans une succession de crise sociopolitique aiguë sans merci, dans laquelle, le pays se trouve scinder ou déchiqueté en miette morceau. Face à une telle situation d’instabilité politique chronique, on ne peut espérer à aucun projet d’organisation structurelle d’Haïti, encore moins au développement réel de ce pays.

 

Car en réalité, l’instabilité politique est le pire ennemi du développement. In fine, on doit nettement réfuter cette thèse qui veut faire croire qu’Haïti est un pays maudit, parce que tout simplement, les pays occidentaux affichent une attitude raciste, liée à une politique contre-productive, permettant aux colons de choisir ses collaborateurs proches au sein de l’élite mulâtre traditionnelle, afin de déstabiliser le pays.

 

En ce sens, la déstabilisation d’Haïti a été calculée et préméditée par les mulâtres et certains généraux noirs qui s’étaient concoctés avec les perdants de la bataille de Vertières, en vue de perturber constamment la première république nègre indépendante, afin de réduire la population haïtienne dans la misère et dans la promiscuité. D’ailleurs, ces ennemis de la liberté ont continué leur politique de destruction d’Haïti, en utilisant des antipatriotes corrompus de la classe économique haïtienne (les prétendus bourgeois) et les politiciens haïtiens manœuvriers, sans scrupules dénués de toute préoccupation morale et altruiste. Car, ces abrutis ont utilisé tous les moyens possibles pour effacer l’histoire de ce peuple si courageux, qui était considéré au 19e siècle, comme l’unique voie à suivre des peuples opprimés du monde, qui voulaient se libérer du système esclavagiste capitaliste des pays occidentaux. Ils ont tellement miné ce pays, aujourd’hui Haïti fait partie des pays les plus inégalitaires du monde, où l’impunité et la criminalité battent son plein.

 

Augustin Jimmy JOSEPH

Email : august77.ja@gmail.com ;

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