Brasília, Capitole du Brésil

Une semaine après l'investiture au premier janvier 2023 du nouveau président du Brésil, Luís Inácio da Silva, dit Lula, élu le 30 octobre 2022, un mouvement chaotique des partisans du président sortant Jair Bolsonaro prend d'assaut les bâtiments symboles du pouvoir à Brasilia, la capitale du pays. 

Cet événement rappelle évidemment le coup de force tenté le 6 janvier 2021, contre le Capitole, siège du Congrès américain, par les partisans de Donald Trump, après les élections présidentielles du 3 novembre 2020 gagnées par le candidat démocrate Jo Biden.

 

L'attaque des symboles

Les partisans du candidat vaincu, rejetant les résultats officiels, ont pris pour cible trois bâtiments représentant les institutions démocratiques du pays : le Parlement, le Palais présidentiel et le Tribunal suprême. Les attaques étaient suivies de nombreux actes de vandalisme visant notamment des oeuvres d'art décorant ces lieux officiels.

 

Le président sortant absent

Difficile de ne pas remarquer l'absence du président sortant Jair Bolsonaro, lors de ces événements qui ont suscité de sévères condamnations dans la plupart des démocraties latino-américaines et occidentales. Jair Bolsonaro se trouvait en Floride, plus précisément à Orlando au moment de ces émeutes qualifiées d'actes de "vandalisme fasciste et terroriste" par le président Lula. Le calme est revenu provisoirement à Brasilia où environ 200 personnes ont été arrêtées.

 

L'éternel retour de Lula

Personnage marquant de l'histoire politique du Brésil de la première décennie du XXIe siècle (deux fois président de 2003 à 2010), Lula, issu du syndicalisme militant du PT (Parti des Travailleurs, fondé en 1980), avait bénéficié d'une image de président progressiste grâce à l'heureuse conjonction de sa politique sociale et de l'essor de l'économie brésilienne favorisée par les importations chinoises sous ses deux premiers mandats. Mais son étoile avait pâli, suite à des accusations de corruption qui l'avait conduit en prison, après une condamnation à 12 ans d'incarcération en 2018. Cependant sa peine avait été réduite à 8 ans, avant d'être annulée en 2019 pour vice de forme par le Tribunal suprême fédéral du Brésil. 

Ce jugement annulait son inéligibilité et lui permettait de se présenter à nouveau et d'être réélu. Il n'est pas improbable que le retour au pouvoir de Lula, après son séjour en prison, ait fait craindre au président Bolsonaro une possible condamnation, car ce dernier était sous le coup de plusieurs accusations de corruption proférées par Lula...

 

Un faisceau d'incertitudes

La situation politique post-électorale au Brésil a inspiré à l'éditorialiste politique Gauthier Rybinsky (France 24, 8 janvier 2023) la formule du "faisceau d'incertitudes". Malgré la victoire de Lula, l'importance du mouvement bolsonariste repose sur une très large base électorale et sociologique : la conscience du déclassement d'une grande partie des classes moyennes et de la petite-bourgeoisie, l'importance croissante des mouvements évangéliques et l'émergence d'un leader (Jair Bolsonaro) qui a permis à ces insatisfactions de trouver une incarnation et un discours structuré.

 

Rafael Lucas

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES