Que Ariel Henry reste là où il est ! Comme on dit à l’Ambassade des États-Unis en Haïti

En 1956, j’avais neuf ans d’âge. Je vivais déjà de la politique autour de moi. Paul E. Magloire, celui que je condamne, encore plus que François Duvalier, puisque non seulement.  Il est instigateur et « bénéficiaire » du coup d’État contre Dumarsais Estimé, et qu’en plus, sa junte militaire a institué en Haïti pour la première fois, en 1950, une élection présidentielle au suffrage universel direct. Bien sûr, dans les conditions que l’on sait. 

À la fin de son mandat de six ans, voici Paul E. Magloire qui regarde tout le monde dans les yeux. Quoiqu’il fut revenu récemment d’une visite d’État à Washington DC sous l’invitation de l’autre ex-général, président des États-Unis, Dwight D. Eisenhower. 

J’ai dit « quoique », c’est peut-être de préférence « parce que ». Quand termina le mandat, Magloire plastronna ; on questionna par-ci par-là. On manifesta. Il a fallu des morts de quelques jeunes, surtout du Lycée Toussaint Louverture, Morne à Turf pour que son patron contrôlant depuis 1915 les militaires haïtiens lui trouvât un exil doré dans le Queen’s New York. J’en parlais dernièrement à Hervé S. et à quelques autres, ce qui m’inspira cet article.  

Ça explique clairement qu’on n’arrive pas à comprendre ce que Ariel Henry  - dépourvu de toute légitimité - fait aujourd’hui à la tête du pays. Paul E. Magloire s’en est allé. Puisque le président de la République n’est plus là, il fallait immédiatement voir ce que dispose la Constitution en  vigueur : article 81, la Cour de cassation. Nemours Pierre-Louis, président de la Cour de cassation, arrive, légitimement, prête serment. Légitime, certes, mais sans vote populaire. Le peuple, le pays, politiquement, ne vous connaissent pas. Faites ce que vous dit la Constitution. Sinon, dégagez ! Bat dada w ! Ce que Ariel Henry aurait dû faire, il y a plus d’un an. 

Revenons à 1956. Nemours Pierre-Louis, incapable de faire les élections dans trois mois, ce qui signifie que l’article 81 est sur le point d’être épuisé. Bye Nemours Pierre-Louis ! La différence avec notre époque, c’est qu’il y avait des candidats de poids. C’est quoi « de poids »? C’est qu’ils pesaient relativement lourd en termes de popularité, ces candidats à la présidence : Daniel Fignolé, Louis Déjoie, François Duvalier, Clément Jumelle… 

Je vous l’ai déjà dit, je n’avais pas encore dix ans, sur Caraïbes AM, j’écoutais le fameux professeur Pierre Eustache Daniel Fignolé qui invectivait ses contradicteurs : « vous qui êtes incapable de réunir 10 personnes sous un poteau (pylône électrique). Taisez-vous ! Sinon je pourrais demander à Carmène de vous répondre ».

Et puis une fois, j’entendis toujours sur les ondes de Radio Caraïbes François Duvalier disant « ils sont devenus fous »… 

 

Serge Pierre-Louis

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