Haïti, le chaos planifié

Haïti se trouve au cœur de tous les grands débats nationaux et internationaux. Elle se décrit comme une entité chaotique ingouvernable, pays anthropophagique, vaisseau des salauds. Tels sont un ensemble de discours charpentent sur les réalités qui rongent le pays depuis des décennies. Aujourd’hui, Haïti pays de gloire sombre dans imbroglios les plus offusquant par les actes de violence des groupes armés. La misère, la lassitude et le mépris sont des composants qui singularisent la conjoncture. Depuis quelque temps, l’insécurité atteint un point culminant dans le pays, partout, on viole, on kidnappe et personne n’est au secours de la population. La mort est gratuite pour condenser le poète Blackakers. Le sang ruisselle dans toutes les rues de la capitale et au jour le jour les autres villes confrontent à la même réalité. La population est à la merci des bandits, l’existence est incertaine et n’a aucune importance malheureusement.

 

En effet, l’état d’insécurité que connait le pays a une double exégèse. La première se veut que l’insécurité soit un engin politique pour se prémunir le pouvoir et garantir le renouvellement du même régime concocté par la communauté internationale. La seconde se veut que l’insécurité du pays soit liée à la mode de structuration historique du pays qui ne donne aucune accessibilité de réussite à la majorité de la population dont les fils et les filles des  marginalisés se transforment en des déviants.

 

C’est quoi la vérité au juste?

 Ce travail s’inscrit dans une perspective d’interprétation et d’explication de la situation de violence qui bat son plein dans le pays principalement la ville de Port-au-Prince et les zones avoisinantes surtout la tension qui génère après le massacre de quatre (4) argents de force de l’ordre dans la commune de Pétion-Ville ce 20 janvier et six (6) autres à Liancourt ce 25 janvier dans le département de l’Artibonite.            

 

Dans les expectatives de comprendre ce qui se passe véritablement en Haïti, les deux (2) interprétations faites de l’insécurité ne sont pas opposables, bien au contraire l’une se complète l’autre. Ces deux (2) paramètres doivent apposer pour  saisir davantage la décomposition progressive du pays. Depuis ces trois décennies le pays fait choix a une démocratie inféodée (GABRIEL NICOLAS : 2014), comme prescrit la constitution il faut l’aval du peuple pour accéder au fauteuil présidentiel. Les premiers scrutins qui allaient organiser, sous l’égide de ladite constitution, le 29 novembre 1988 ont pris fin sur l’hécatombe de plusieurs membres de la population à la ruelle Vaillant par les militaires. Les secondes ont accouché Jean Bertrand ARISTIDE au pouvoir et en quelques mois renversé par une branche de l’armée avec la complicité de la communauté internationale. La chute d’Aristide donne aux Aristidiens, au cours de son deuxième mandat (2000-2005), il se transforme en un monstre, un buveur de sang par la création des groupes paramilitaires (chimè) afin de triturer ses rivaux politiques. Avec son régime on assiste à la désétatisation totale de l’État (Hurbon : 2004). Cependant, la putréfaction du social haïtien a esquissé avec l’arrivée du président Joseph Michel MARTELLY  qui a enfanté un banditisme légal. Ce dernier ne pratique que la violence et la corruption, avec lui l’État se  transforme en ce que George Anglage appelle « Léviathan délabré » ce fut une véritable voyoucratie. Par conséquent, en moins de dix ans (10) le pays devient un fléau de  gangsters dans la région.

 

De fait, la naissance des bandes armées en Haïti vise deux options : D’abord, pour les responsables, un sentiment césarisme politique qui s’explique par non organisation des élections à tous les niveaux  afin que la présidence ait un pouvoir sans limites et participé dans toutes les malversations dans le cas du président PREVAL, MARTELLY, JOVENEL. Ensuite, pour avoir le contrôle des zones de grands électorats. De la sorte que la création des groupes armés dans les zones métropolitaines de Port-au-Prince a une répercussion négative pour tous les mouvements contre les gouvernements, mais un avantage pour les pouvoirs corrompus ou délinquants puis que les zones de résistances dont Lassaline, Martissant, Belair sous l’emprise des gangs.

 

L’approche complémentaire de la première est celle de la structure socio-économique et politique du pays qu’existe pendant plus de 217 l’année. En effet, la structure de la société haïtienne est affaissée sur une base d’inégalité, après la bataille pour l’indépendance certains des hauts gradés de l’armée ont exterminé L’Empereur J. Jacques Premier et introduit un système sans partage. La grande masse pauvre paysanne est considérée comme une main-d’œuvre pour desservir les Grands dons. À cause de la privatisation des services fondamentaux et certaines transformations qui se sont réalisées dans la capitale, à la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1980 les paysans arrivent massivement dans la capitale. C’est à partir de ce moment les zones avoisinantes de Port-au-Prince commencent à être habitées par des citoyens qui les transforment en des urbains précaires. En conséquence, le développement de  la bidonvilisation  se développe partout  dans les autres villes comme Delmas, Pétion-ville… ce  qui est à la base aujourd’hui des grands quartiers comme Jalousie, Bristou etc. Une autre constituante de plus, c’est le pouvoir de Duvalier chaque premier mai et pour certains une autre occasion pour faire venir des citoyens de provinces dans la capitale pour applaudir ses discours de prosélytismes. Illico, ces paysans ont ét´é abandonnés par l’État dans les zones comme Cité Simone actuelle Cité Soleil, Lassaline  et autres. Ces endroits deviennent des principaux recours à des milliers de personnes qui se transforment en ouvrier manufacturier. Nonobstant, les paysans et les enfants n’arrivent pas intégrer socialement et économiquement. Aujourd’hui, comme conséquences, ces mêmes proies exploitées par des hommes politiques, économiques et l’internationale deviennent des  bourreaux de la population. Il suffit de garder le profil sociologique des membres des groupes de gangs en Haïti pour appréhender mieux de cette hypothèse. Les membres de ces structures viennent dans les provinces ou sont nées dans les grands quartiers populaires de Port-au-Prince, des endroits économiquement précaires.

 

Les deux (2) interprétations ne doivent pas s’échapper à la mémoire. Aujourd’hui, comme à la moitié du XIXe siècle la politique du pays ne se fait pas réellement sur une base de production d’idées.  Nous assistons à une politique machiavélique constituée de force et de ruse. En Haïti, la politique est un rapport de force  est-ce pourquoi la situation d’insécurité généralisant fait partie de la stratégie des hommes politiques du pays. Ensuite, il faut mentionner également que tant le pays connait un tel écart entre une minorité qui a tout comme privilège et la possibilité de réussir sans même faire grand effort et la majorité est privée de tout, tant qu’un encadrement n’est pas fait socialement, les actes de violence ne seront pas dénoués. D’ailleurs, l’insécurité devient un mode de vie en Haïti.

  Au juste, à quoi peut-on s’attendre?

En effet, la situation dans laquelle que se trouve notre société est inqualifiable.  Cependant, la population ne doit rien aspirer en termes de subrogation. Et cette hypothèse sera corroborée par trois arguments :

Premièrement, ce que le peuple haïtien est en train de subir comme évidence est la conséquence d’une violence planifiée structurellement depuis des années et le pays ne sortira pas de ce tourment à présent, car il ya une détermination apodictique de ladite communauté internationale qui veut qu’Haïti soit une en entité chaotique ingouvernable et montrer que les Haïtiens sont incapables de diriger. Pour ce fait, deux ( 2) raisons sont à considérer. D’abord, en terme d’économie, le marché haïtien n’est pas négociable, Haïti est le premier pays importateur de riz américain dans la région, elle est le marché le plus garanti de la Republique dominicaine pour l’exportation des matériaux de construction, viandes et d’autres produits finis. Ensuite, elle est la principale fournisseuse de main d’œuvre pour les capitaux des entreprises multinationales pour toute la région. Il faut aussi mentionner qu’Haïti est une réserve pour un ensemble des grandes familles comme celui de Clinton qui s’est déjà emparé des vastes espaces dans le pays. Un troisième indice peut être considérée est l’exemple que peut donner ce pays de nègre aux anciennes colonies de la région, mais jusqu’aujourd’hui qui se considèrent comme province de la France et aussi à  l’Afrique qui est sous l’emprise de l’impérialisme Europeen.

 Deuxiement, le pays n’a pas encore une classe politique qui cogite véritablement sur les intérêts nationaux. Depuis 1987, sous l’égide de la Constitution, le pluralisme politique est un droit garanti. Depuis lors, amateurisme politique et populisme envahissent la scène. Ils n’ont rien apporté en terme de progrès socioéconomique. Pour toutes les crises, ils utilisent les mêmes méthodes. Donc, nous avons dans le pays une classe politique débile, sans leadership et sentiment patriotique, elle fait d’Haïti un espace de transit. Les enfants sont ailleurs pendant qu’ils démolissent quotidiennement la structure sociale du pays dominée par un ego extrême des politiciens qui attendent toujours les dictées de l’international. En aucun cas, cette classe politique rétrograde ne pourra apporter rien de nouveau pour un changement de paradigme.

En dernier lieu, tous les groupes armés en Haïti ont un seul maitre qu’ils soient bandits ou la police. Aujourd’hui, même les mouvements de certains policiers frustrés et révoltés après l’assassinat de ses confrères n’aboutiront à aucun changement. D’ailleurs, nous sommes habitués à ces gens de mouvements comme après l’assassinat des cinq (5) agents de la police au village de Dieu le 12 mars 2021. Les policiers frustrés risquent de se faire poursuivre après avoir reçu l’ordre des ambassades s’ils poursuivent leurs mouvements de revendications. Des mesures très politiques seront employées contre eux.

Au final, la situation, qui surgit dans le pays, est un complot de la communauté internationale avec la complicité des hâbleurs politiciens qui enlèvent tous le droit à l’autodétermination du peuple haïtien depuis des années. Le pays ne sortira pas sans un projet anti-imperialisme en particulier contre les États-Unis, la France et le Canada qui développent une relation de violence et d’arrogance avec le pays. L’insecrurite en Haïti a un double caractère, elle est tout d’abord politique puisque le pouvoir est un rapport de force et structurel, car la majorité de la population vit dans une misère déshumanisante. Le peuple Haitien en particulier la jeunesse du pays droit lutter pour chambarder le système socioéconomique et politique du pays puis rétablir un nouveau contra social où la vie, le bien-être, la dignité et la souveraineté sont des objectifs communs à tous les citoyens.

 

Références bibliographiquees

  • Claude Moise, La question électorale, Jeux de pouvoir, péripéties et enjeux démocratiques, les éditions du CIDIHCA Montreal, 2015, 248p.
  • EDDY Arnold Jean, Jean Jacques Honorat,   La voyoucratie criminelle ; Duvalier, un fascisme de pacotille de pacotille et Aristide un anarcho-fasciste, 2019, éditions demain, Port-au-Prince, 293p.
  • Gabriel Nicolas, Haïti, la democratie infeodee, jalons pour une liberté, les presses de l’imprimerie Le Natal SA  2014, 340p.
  • Pierre Enorque Francois, Poliques éducative et inégalité des chances scolaires en Haïti, éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2010,252p.
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Frantz Sinoble

Activiste politique, étudiant en science économique, anthropologie et sociologie

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