Il n’y a pas à dire : c’est du jamais vu depuis la fin de la Grande Guerre. En moins de deux semaines, le monde a basculé et de nouvelles lignes de fracture se sont dessinées.
Les États-Unis se sont attaqués ouvertement à deux de leurs alliés les plus proches en imposant une taxe de 25 % sur leurs produits importés. Parallèlement, ils augmentent de 20 % les taxes sur les produits en provenance de Chine. Pourtant, le Canada et le Mexique ont tout mis en œuvre la semaine passée pour éviter de sombrer dans un conflit commercial ouvert avec leur puissant voisin.
Des diplomates de haut rang de ces deux pays se sont rendus à Washington afin d’éviter le recours à une taxation excessive. Toutefois, tout se déroule comme si le chef de la Maison Blanche souhaitait agir d’abord et négocier ensuite. Conséquence : le Canada et le Mexique se trouvent dans l’obligation de riposter, une option jusque-là non envisagée.
Les observateurs s’accordent à dire que cette guerre commerciale constitue en réalité un jeu à somme nulle, préjudiciable aux économies de l’Amérique du Nord.
De plus, la décision de suspendre plusieurs milliards d’aide humanitaire au reste de la planète laisse un grand vide pour le soft power américain, ouvre la voie aux Chinois et risque de renforcer le pôle constitué par les BRICS ainsi que leur concept du Grand Sud. L’Occident, menacé militairement sur son flanc par la Russie, se retrouve aujourd’hui aux prises avec une créature qui le dévore de l’intérieur.
On ne peut que souhaiter un peu plus de raison dans les relations internationales et un apaisement de la tempête à la Maison-Blanche. Seule une approche équilibrée et concertée permettra d’éviter un basculement géopolitique aux conséquences imprévisibles.
Roody Edmé