Course pour la retraite?

Quand on est dans la soixantaine ou plus, il est difficile de résister à la tentation d’un poste de Premier ministre ou de ministre. Promotion sociale qui vient couronner  une vie de répétitions quotidiennes de vieux fonctionnaires ou de longs combats sociaux manqués, le poste exerce une attraction sur plus d’un parce qu’il fait miroiter une position de commande. Mais, il n’y a pas que ça! Dans un pays où la retraite n’est pas exempte de soucis, il y a comme un insidieux devoir d’être « casé » dans le fauteuil offert pour pouvoir mieux assurer ses vieux jours et ceux de ses proches. De la tentation de l’éclat du grade on est passé, sans prière ou dépouillé de faute, au vice  de tripatouiller, par mille manières, dans les caisses de l’État.

On cherche, dans cette situation, de multiples arguments. Celui qui est le plus connu concerne l’expertise, le professionnalisme, la compétence et l’expérience acquise dans un domaine spécifique. On serait prêt à se courber à cette logique dans la mesure où les diverses successions d’une administration à l’autre montreraient une avancée progressive d’un État qui se construit et d’un peuple qui ne végète plus dans des situations calamiteuses.

Il y avait, il y a plus de trente ans, deux conceptions autour de cette tentation de la conquête des postes publics.

La première était que les forces progressistes ne pouvant chambarder l’État prédateur dans un mouvement de guérilleros choisiraient la tactique d’intégrer l’administration publique pour mieux l’imploser. Une fois au poste, les privilèges, les réceptions, les femmes et les vins transforment les « révolutionnaires » à tout casser en Don Juan menant la Dolce Vita. Le discours se transforme. Entre voitures, sirènes et facilités financières, on devient vite le défenseur d’un « establishment ».

L’hybridité formée entre le révolutionnaire muté et le fonctionnaire établi reçoit le nom combiné et controversé de technocrates. Ils utilisent une terminologie propre à leur domaine, ils ont une posture académique, ils ont la rationalité raide et orthodoxe et méprisent toute autre forme de discours sur le social, la culture et l’économique. En principe, ils sont politiquement corrects. Ils sont factuels et n’ont pas le souci de la nuance et des particularités. Ils sont les théoriciens, malgré eux, de la mondialisation.

L’expérience des dernières années de ces mutations théoriques est là pour prouver que l’État, malgré ses dites faiblesses, mange un à un et au suivant, comme la nymphomane, tous ceux qui seraient animés de quelques bonnes intentions!

Les résultats sont là: un pays totalement brisé, au milieu duquel l’intellectuel se délecte de dandysme et de bons mots métropolitains! On n’a pas dénoncé, ici, les révolutionnaires mutés en technocrates établis. Mais, plutôt un système de pensée qui a produit cet État face auquel l’imaginaire et la théorie intellectuels se taisent.

 

La Redaction

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