Il faut sauver l’éducation en Haïti !

Dans une note diffusée sur les médias sociaux, le mardi 21 novembre 2023, l’annonce de la possible fermeture de l’une des plus importantes universités privées haïtiennes, l'université Quisqueya, ne passe certainement pas inaperçue, même si c’est prévisible, face à la situation sécuritaire, humanitaire et catastrophique que connaît le pays. 

Des dizaines et des centaines d'opérateurs d'éducation, bien avant l'UNIQ,  ont fermé leurs portes dans le silence et l'indifférence au cours des derniers mois et semaines. Leurs réserves financières et leur résistance professionnelle épuisées, et face aux menaces, aux demandes de rançons et aux violences physiques sur les membres du personnel et de leur clientèle qui voulaient tenir, des responsables d'institutions éducatives décapitalisées  ont dû abandonner le secteur pour ne pas laisser leur peau.  

 Depuis la première saison de pays lock, entre le 6 et le 7 juillet 2018, il y a plus de cinq ans, et à la veille du 10 décembre 2023, qui devraient prendre en compte les droits élémentaires notamment le droit à l'éducation des enfants, des jeunes et les familles dans le cadre d’une perspective de développement durable, le secteur de l'éducation demeure la principale victime de l'instabilité politique et économique en Haïti.

Dommage que les nombreux articles publiés dans les colonnes de Le National au cours des dernières années et des semaines sur la problématique de l’éducation n’ont pas servi à sensibiliser et à responsabiliser les acteurs, les décideurs, leurs partenaires et les promoteurs de l'état chaotique dans lequel les survivants du système éducatif sont pris en otage.

Dans la livraison du 19 janvier 2023, qui porte le titre : «Haïti, vers une éducation en “V”, en vérité !”, le huitième paragraphe abordait le sujet en ces termes :  “On assiste à cette forme de déshumanisation, de destruction, de délabrement et de départ forcé des familles et des jeunes en particulier de leur terre natale. Avec comme levier: les violences dans les villes, les vols, le viol et la liste des victimes qui s’allonge le visa ou surtout le voyage à tout prix, par toutes les voies possibles représente la seule porte de sortie ou de survie.»

Dans la publication du 2 juin 2023, titrée «L’école et l’insécurité», des questions avaient été formulées en ce sens:  Des victimes et des survivants logés dans les mêmes adresses de nos écoles. Qui sont-ils ces enfants traumatisés ? Combien de membres du personnel de l’établissement ou de la clientèle, les élèves et leurs parents avaient été victimes des actes de violence et de l’insécurité pendant cette année académique, parmi les cas connus, rapportés, médiatisés, non répertoriés, isolés et oubliés ?

Déficit ou perte importante au niveau de la programmation et des prévisions  pour un grand nombre d'établissements scolaires privés, en particulier des écoles laïques qui ne bénéficient ni de subvention de l’État ou de l’international et qui doivent répondre aux exigences de la fiscalité comme toutes les autres entreprises de la place.  À quand des états généraux sur le financement de l'éducation en Haïti ? Quelles sont les possibilités pour voir créer un fonds d'investissement ou de renforcement des acteurs du système éducatif haïtien ?

De nombreux autres articles publiés sur le sujet, au cours de cette année, avaient servi non seulement à présenter le bilan, à tirer la sonnette, à responsabiliser les acteurs, mais également et surtout, à porter les réflexions autour des dimensions politiques, diplomatiques, stratégiques et historiques. À travers les articles publiés autour des  thèmes suivants : Vers la journée du patrimoine éducatif en Haïti ! (21 juin 2023) ; Haïti et les États-Unis: les leçons de l’éducation pendant l’occupation !  (25 août 2023); Autour de la responsabilité culturelle des universités en Haïti (6 octobre 2023), entre autres, autour des établissements de l'éducation qui fermeront leurs portes à jamais, on a voulu anticiper l'état actuel de ce chaos social.

Dans tous les cas de figure, Haïti ne pourra pas se relever sans que  l'éducation ne figure pas dans la liste des priorités des élites et des décideurs. Parce que l'éducation c’est l’avenir, et que l’avenir commence dès aujourd'hui par la préparation des générations actuelles, pour devenir de véritables acteurs économiques responsables, compétitifs et mobilisés autour des différents enjeux du développement durable, il nous faudra à tout prix sauver l'éducation en Haïti !

 

Dominique Domerçant

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