Les deux faces de la médaille de Bois-Caïman !

Démocratie et le développement durable sont les deux grands thèmes qui alimentent les agendas des pays occidentaux. Avec le premier de ces deux thèmes, de nombreux conflits et des interventions militaires, en dehors des sanctions et d’autres formes de restrictions, ont été servis à certains dirigeants dans le monde.

 

Depuis 2015, plusieurs pays se sont engagés autour de l’agenda des dix sept objectifs de développement durable, les ODD, pour tenter de réparer, de se rattraper ou de repartir à zéro. En dehors de ces objectifs les plus légitimes et les plus rationnels, des nations influentes dans le monde continuent d’influencer ou de détourner le cours de l’histoire, à travers la dualité ou la dynamique des valeurs et des intérêts, comme étant les deux faces de la même médaille.   

 

Dans les crises profondes qui surgissent dans le monde au lendemain de la crise  de Covid19, et ceci, depuis plusieurs siècles, nous assistons à un double enjeu, justifiant toutes ces crises, tous ces conflits, confrontations suivies de guerres régionales et mondiales.

 

Deux causes, deux leviers, deux enjeux ou deux dimensions qui alimentent profondément les décisions et les interventions parfois irréversibles. Les valeurs et les intérêts sont ces deux sources de motivations pas toujours visibles, qui portent depuis toujours les grandes puissances, comme de simples États, des institutions et des multinationales à investir de nouveaux territoires.

 

Dans la guerre en Ukraine qui a débuté le 24 février 2022, ce sont des valeurs historiques qui relient la Russie et l’Ukraine qui portent Moscou à ne pas vouloir céder ce territoire face aux intérêts géopolitiques et militaires manifestés par l'OTAN et l’Union européenne.

Dans les tensions entre la Chine et le Taiwan, ce sont certainement les valeurs historiques qui rapprochent ces deux territoires, en dehors des intérêts géostratégiques manifestés par les États-Unis, dans une région aussi loin de ses frontières.

 

Dans la crise profonde que connaît la République d'Haïti, ce sont certainement des valeurs d'unité raciale et d’entente politique, qui ont pris naissance lors de la cérémonie de Bois-Caïman, que les Haïtiens ont quasiment perdues au lendemain du 17 octobre 1806, qui empêchent toute forme de stabilité durable, pour pouvoir définir un agenda autour des intérêts communs de la nation.

 

Dans cette même indifférence de la communauté internationale envers le sort du peuple haïtien au fil des années,  ce sont également les valeurs portées par l’acte du 1er janvier 1804, pour la liberté des noirs et la dignité des peuples opprimés contre l’esclavage et le racisme, qui ont pratiquement dérangé les grands intérêts (économique, géopolitiques et stratégiques) autant des puissances coloniales de l'époque, que de ceux des États-Unis, le premier État indépendant du continent, devenu l'une des puissances du monde.  

 

Des valeurs raciales, historiques, culturelles et mystiques ont servi de ciment pour mobiliser et consolider les mouvements qui ont pris forme au lendemain de la nuit du 13 au 14 août 1791, ceci dans l'intérêt du plus grand nombre des esclaves. Ce sont pratiquement ces deux éléments déterminants qui ont permis de créer le rêve d'Haïti.     

 

Dans cette forme de révolte et de révolution qui animaient les esclaves, ces derniers portaient tous, de façon symbolique, la médaille des valeurs communes et de l'intérêt universel, qui consistaient à offrir la liberté à tous les esclaves, la dignité à tous les Noirs, et l'égalité entre toutes les races, dans l’objectif de créer de nouveaux États libres, indépendants et détachés de toutes les emprises de la domination du système colonial.

 

Dans le carrefour actuel où se trouve Haïti, il nous faut partir à la recherche de cette médaille qui inspirait les valeurs de la dignité et les intérêts de la liberté. À défaut de la retrouver, il faudrait peut-être réinventer les deux faces de cette médaille, autour des valeurs de la dignité et des intérêts communs qui peuvent nous conduire vers la paix sociale, l'équité et le développement durable.

 

Dominique Domerçant

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