Colloque international sur la « Contribution de la République d’Haïti à l’émancipation des peuples »: intervention du ministre Jean Victor Généus

Dans ses propos d’introduction, le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus, à l’ouverture du Colloque internationale « Contribution de la République d’Haïti à l’émancipation des peuples », le mardi 14 novembre 2023 a pris le soin de situer l’activité en ces termes : « La convocation de ces trois journées de débats sur la contribution d’Haïti à l'émancipation des peuples est une opportunité pour jeter un coup d’œil sur le passé. Une nation, en effet, ne peut ni avancer, ni consolider son unité, ni construire de solides relations à l’extérieur sans regarder son passé en face avec objectivité et sans complaisance. Par ailleurs c’est en maintenant le lien avec ce que nous avons construit et réalisé dans le temps, que nous trouverons les vrais repères pour nous situer par rapport aux autres et orienter nos interventions sur la scène internationale. ».

Diplomate de son état, le ministre poursuit son intervention : « En plongeant le regard dans le passé nous découvrons les valeurs pour lesquelles nos ancêtres avaient combattu en même temps nous comprenons pourquoi notre diplomatie doit continuer à les défendre dans les enceintes internationales. Sur ce point, je peux affirmer sans langue de bois, même si notre modestie collective doit en souffrir, que nous devons être fiers d’avoir indiqué le chemin de la liberté bravant un ordre mondial rompu aux normes de l’esclavage.  Cette fierté, je dois le préciser, ne doit pas conduire à un nationalisme de mauvais aloi, mais elle doit guider et stimuler notre patriotisme et notre civisme dans la recherche de solutions adéquates et consensuelles à la crise multidimensionnelle qui menace de compromettre cet héritage dont nous sommes les heureux dépositaires. ».

Décrivant le tableau, le ministre Jean Victor Généus précise : « Haïti vit aujourd’hui une situation que certains, nationaux et étrangers, décrivent comme un désenchantement. Mais nous avons pris l’initiative de convoquer ce colloque avec la conviction que même ce désenchantement a de quoi interpeller les historiens et les chercheurs. On a vraiment intérêt à scruter et analyser les causes de ce désenchantement pour permettre à la nation de retrouver le fil conducteur et l’énergie de ses rêves dont les fondements se trouvent dans les luttes épiques de nos aïeux. C’est ainsi que les attentes de ce Colloque sont grandes. Nous attendons, en effet, que sortira de ce colloque un message, un message avec ses espoirs et ses désillusions, mais surtout un message orienté sur l’avenir. Pour cela, les chercheurs doivent travailler librement sur différentes séquences de l’histoire nationale, loin des tentations d’instrumentaliser le passé, attiser ses braises et ajouter à la confusion. ».

Dans le même fil d’idée, le diplomate poursuit sa communication : « Qu’il me soit aussi permis de préciser qu’à travers cette initiative, à savoir un colloque centré sur la contribution d’Haïti a l’émancipation des peuples, nous ne cherchons pas à construire une histoire unique pour Haïti, mais plutôt il s’agit de développer une conscience historique fondée sur la conviction que la lutte héroïque de nos aïeux qui a conduit à la naissance de la première nation nègre aussi bien que notre histoire diplomatique peuvent constituer une source d’inspiration pour tous ceux en quelque endroit de la planète travaillent  à l’avènement d’un monde uni dans la diversité, plus solidaire et plus fraternel dans un contexte où le racisme et la xénophobie font leur réapparition. ».  Laissez-moi vous rappeler que pour les semaines à venir, nous avons rendez-vous avec des dates historiques mémorables dont on ne saurait faire omission. D’ici quatre jours, par exemple, ce sera la commémoration du deux cent vingtième anniversaire de la bataille de Vertières, le lieu emblématique où la torche de la liberté a été allumée et dont les lueurs avaient contribué à réveiller les consciences dans les profondeurs de la partie sud du continent américain et jusque sur les rives asiatiques et africaines. 

Dans un mois environ, plus précisément le 10 décembre, l'humanité, ou tout au moins le monde libre, fera une halte pour saluer les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ici en Haïti, nous gardons encore un souvenir ému de l’engagement de notre diplomatie dans les efforts qui avaient conduit à l’adoption de ce texte considéré comme l’une des meilleures conquêtes en matière de protection des libertés fondamentales.

Devant une assistance sélective, il poursuit : « Il me parait aussi important d’attirer l’attention sur le premier jour de l’an de grâce 2024, date qui ramènera les deux cent vingtièmes anniversaires de la création de la première nation indépendante en Amérique Latine et la Caraïbe.  C’est avec ces échéances gravées dans l’esprit que chercheurs, professeurs, étudiants, historiens et professionnels d’autres disciplines académiques débattront pendant trois journées de la contribution d’Haïti à l'émancipation des peuples. ».

Dans ses salutations au recteur, le ministre a pris le soin de souligner qu’il est venu le moment de me joindre à vous pour déclarer ouverts les travaux du colloque international « Contribution d’Haïti a l’émancipation des peuples : lutte globale contre l’esclavage et la colonisation ». Mais je ne le ferai pas sans prendre le temps pour saluer la présence à cette cérémonie de mes collègues ministres et des représentants des grands corps de l'État. Je veux aussi souligner la présence des honorables membres des corps diplomatiques et consulaires accrédités auprès du Gouvernement.  Chaque rencontre est l’occasion pour certains d’entre eux de manifester leur appréciation et leur admiration pour la révolution haïtienne.  Merci de le prouver encore une fois par votre présence.

Dans cette salle ou à distance, le ministre des Affaires étrangères et des Cultes, Jean Victor Généus s’est félicité de participer à cette cérémonie officielle de lancement des travaux du colloque international consacré à la contribution de la République d’Haïti à l’émancipation des peuples. Il avait pris le soin de saluer : « L’empressement et l’engouement avec lesquels vous avez répondu à cette invitation conjointe du ministère des Affaires étrangères et du Rectorat de l’Université d’État d’Haïti montrent combien les prouesses de nos ancêtres dans leur lutte contre l’esclavage et la colonisation demeurent un souvenir précieux pour la conscience collective, en Haïti et en dehors de nos frontières. ».

Des remerciements exprimés à l’endroit des différentes institutions et équipes mobilisées dans l’organisation de cette activité, et en particulier, envers les nombreux intervenants, des spécialistes qui priorisent les thématiques et problématiques d’Haïti dans leur recherche. Le ministre persiste et signe : « Par ailleurs, je ne souhaiterais pas passer sous silence le travail accompli par les différentes équipes du Ministère des Affaires étrangères qui se sont impliquées pour faire de ces trois journées de colloque une réussite.

Dans sa conclusion, il souligne : « Finalement, je souhaite que ces journées soient riches et fructueuses, qu’elles soient l’occasion de très nombreux échanges et contribuent à jeter la lumière sur des aspects encore peu connus ou mal compris de la révolution haïtienne. J’espère que ces réunions seront fécondes en résultats heureux, tant pour la mémoire collective qui a besoin de retrouver ses repères que pour les amis qui nous observent de l’extérieur et ont toujours besoin de comprendre qui nous sommes, ce que nous faisons et ce à quoi nous aspirons. », tout en procédant à l’ouverture des travaux du colloque international : « Contribution d’Haïti à la libération des peuples : lutte globale contre l’esclavage et la colonisation ».

 

Dominique Domerçant

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