Haïti : un mémorial pour les trois femmes martyres du 20 août 2022

Dans une Haïti qui accordera plus d'importance à la vie et au bien, on pourrait se demander pourquoi on n’encourage pas la création  d'un mémorial en hommage aux trois femmes martyres du samedi 20 août 2022.

 

Dans un an, dans dix ans et dans le siècle à  venir,  on se souviendra peut-être plus aux deux sœurs Sardjie et Sherwood, et à leur mère Josette Fils. Trois femmes assassinées et brûlées dans la sombre journée du samedi 20 août 2022.

 

Dans ce même drame, on retient également l'assassinat des trois autres personnes, des anonymes et moins visible que les noms ont été ajoutés sur la liste des innocentes victimes et des vengeances impardonnables.

 

Drame national, scène déshumanisante des plus atroces. On se croirait au temps de la guerre des religions en Europe, on l'on persécutait, jugeait, condamnait, tuait et brûlait vif les opposants et les non adhérents aux principes et valeurs des pouvoirs dominants. 

 

De quel pêché ces femmes comme les autres victimes étaient-elles fautives ? Comment réparer la mémoire de ces citoyens et citoyennes qui n’obtiendront jamais justice ?

 

Dans une seule famille, un père est désormais laissé orphelin de chair et de cœur. Le malheur a pratiquement emporté les trois femmes de ses jours et nuits de sacrifice et d'investissement de toute une vie.

 

Dans un espace-temps plus proche de nous, cette fois-ci en République dominicaine,  il existe un musée créé pour honorer la mémoire des trois sœurs Mirabal, des opposantes politiques assassinées. Maria Teressa, Minerva et Patricia figurent parmi les martyrs de la dictature de Rafael Trujilio, qui depuis plusieurs années disposent d'un espace digne de leur nom, entre un mémorial et un espace d’exposition et d'attraction historique et touristique. 

 

Des deux sœurs Desenclos accompagnées de leur mère, ce crime de trop ne devrait pas laisser indifférentes les autorités communales de cette commune,  de ce quartier devenu abattoir et espace d'incinération à ciel ouvert. 

 

Dans l'aménagement du futur mémorial qu'il faudrait aménager pour honorer la mémoire de ses six victimes, en particulier, et en particulier des trois martyres d'une même famille, c'est une autre forme de justice sociale et de pardon symbolique qui prendra le dessus sur les intentions criminelles des assassins. 

 

Dans la mesure que ces derniers ne bénéficieront jamais d'estime, de gloire,  et de reconnaissance, ce futur monument à la fois somptueux et symbolique devrait pouvoir immortaliser quelques un des gestes et d’expressions de beauté et de grandeur de ces trois belles femmes intelligentes. 

 

Dommage pour les lâches  assassins qui ne disposeront d'aucun endroit pour inscrire leurs noms et leurs immondes palmarès. À moins qu'ils décident de se dénoncer à la population, aux parents ou aux autorités policières et judiciaires pour répondre de leurs crimes. Et là encore, ils ne vont pas avoir droit à aucune inscription visible et honorable de leurs noms qui impriment manifestement la honte et l'abomination.

 

Des artistes plasticiens, sculpteurs et architectes, parmi les plus talentueux et les plus solidaires des cris et douleurs qui alimentent l'actualité quotidienne de la population haïtienne,  sont invités à  participer dans une nouvelle forme d'hommage plus symbolique,  solide et durable, à l'endroit de ces trois femmes à immortaliser, à défaut de les ressusciter. 

 

Demain, ce monument rappellera à chaque criminel, qu'il ne sert à rien de tuer, de brûler et de disparaître les victimes, au risque de les immortaliser et de les honorer dans chaque coin de la vie, et dans toutes les places publiques. 

 

Dominique Domerçant

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