OÙ SONT NOS URBANISTES ?

L’état de ruine de la cathédrale de Port-au-Prince pourrait, à première vue, décourager l’esprit le plus optimiste. Pourtant, en regardant de plus près, on se rend compte que c’est aux alentours qu’il faut d’abord prendre, comme on dit, « le taureau par les cornes. » À la rue Dr Aubry, de la Rue Pavée à la Rue des Fronts-Fort, la grande concentration du marché informel et les étalages qui se multiplient à mesure que l’exode vers la capitale continue, sont le problème principal d’un bloc qui peut être mieux articulé.

L’état de ruine de la cathédrale de Port-au-Prince pourrait, à première vue, décourager l’esprit le plus optimiste. Pourtant, en regardant de plus près, on se rend compte que c’est aux alentours qu’il faut d’abord prendre, comme on dit, « le taureau par les cornes. » À la rue Dr Aubry, de la Rue Pavée à la Rue des Fronts-Fort, la grande concentration du marché informel et les étalages qui se multiplient à mesure que l’exode vers la capitale continue, sont le problème principal d’un bloc qui peut être mieux articulé.

Les magasins à la rue Dr Aubry gardent en bonne partie leur structure. Certains noms résonnent à la mémoire de ceux qui sont dans la cinquantaine comme des références dans le paysage urbain du Bas de la Ville. Seulement, l’insalubrité ambiante fait perdre à ces « maisons » leur réputation d’antan. Perdus au milieu des étalages et une population qui ne laisse le moindre espace aux piétons ou à d’éventuels clients et acheteurs occasionnels, ces magasins gardent leurs portes fermées, ouvrant d’autres succursales dans des lieux… « plus cléments ». Les galeries qui ont été construites durant l’époque nostalgique d’une capitale qui savait garder son authenticité architecturale sont noyées entre les morceaux de toile empoussiérée des étalages et les structures en bois hétéroclites et irrégulières de ces derniers.

Mais c’est devant la cathédrale que la concentration du marché informel se fait plus dense. La situation crée divers problèmes : circulation automobile, poussière tenace sur la chaussée, immondice difficile à gérer par des moyens modernes, car les balais ne peuvent faire ce vaste travail ! Entre la vue des ruines gigantesques de la cathédrale et le commerce informel de la Rue Dr Aubry, on en sort avec l’impression que cette partie de la ville ne pourra pas trouver une solution viable. Tout dépend de l’autorité de l’État à rétablir contre l’individualisme forcené.

L’expérience est donnée par ce terrain vacant en face de la cathédrale qui est réservé, il nous semble, à une place publique. Les étalagistes entourent ce terrain, mais ne s’y établissent pas. Par contre, au coin de la Rue des Fronts-Forts et de la Rue Dr Aubry c’est non seulement l’embouteillage. La rue est complètement occupée donnant à l’angle de l’ancienne cathédrale restaurée un aspect de grande précarité et de fougueuse débrouillardise. Bien avant le tremblement de terre, l’ancienne cathédrale avait été délaissée. Ce lieu hautement historique ne méritait pas cet abandon. Aujourd’hui, sa restauration donne un souffle de modernité dans une zone flétrie par les intempéries, le commerce informel et le manque de gestion des immondices. Encore un exemple de volonté d’ordre et de propreté. D’autres bâtiments sont remarqués par leur état neuf comme le Lycée Pétion et sa bibliothèque intégrée désormais sur sa cour.

« Le carré de la cathédrale » devrait être selon nous un point d’expérimentation de nouvelles régulations à rendre fonctionnelles dans l’espace urbain. Non pas pour la foi religieuse, mais surtout pour l’occupation stratégique de cet espace, pour la sauvegarde du patrimoine historique et pour redonner au commerce dans la zone la modernité qu’il mérite en construisant un marché équipé pour les nombreux étalagistes. L’expérience-pilote pourrait s’étendre progressivement à d’autres quartiers du Bas de la Ville.

Au sujet de la cathédrale, il faut le dire tout net que malgré un emmurement qui interdit d’entrer dans l’enceinte, la capitale ne peut plus vivre avec l’exposition de ce trop lourd délabrement. Il rappelle, beaucoup plus que les magasins fissurés, le terrible événement de 2010. Qu’on casse ses murs ! Et qu’on s’attelle à la reconstruction d’une nouvelle cathédrale ! Ou qu’on laisse l’ancienne et qu’on innove quelque chose de nouveau sur l’espace. Urbanistes, à vos marques !

Pierre Clitandre

 

Au moment de cet assassinat, le directeur général ad intérim  de la Police nationale célébrait les vingt ans du corps d’élite de la PNH connu sous le nom de « Swat team ». Il exprimait sa satisfaction  pour les actions de cette force d’intervention.

 

Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique n’a pas tardé à réagir. Pas moins de deux notes ont été publiées. L’une exprimant l’indignation du ministre et informant comme d’habitude, que cet acte ne restera pas impuni. L’autre avisant que « des instructions formelles ont été passées aux forces de l’ordre, en vue d’un contrôle plus strict de la circulation des motos » et au final une réunion du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) sur le problème.  Comme si le ministre, en poste depuis plusieurs mois, venait à peine de s’informer sur les crimes commis par des hommes circulant à moto. Comme si aussi la question de l’insécurité concernait uniquement la circulation des hommes à moto. 

 

L’expression « Ces actes crapuleux ne resteront pas impunis » le pays est habitué avec. Ce sont des actes et des décisions fermes qu’il attend. Pas des cris d’indignation et des annonces. 

 

Entre temps, au niveau du Sénat, le dossier de la nomination et l’installation du directeur ad intérim de la Police nationale d’Haïti sommeille devant la Commission justice et sécurité. Les sénateurs, qui siègent en permanence, sont trop occupés à une affaire d’Assemblée nationale devant statuer sur l’avenir de Jocelerme Privert. Une situation dans laquelle seuls les parlementaires sont confortables. Les pères conscrits sont trop occupés dans leurs exigences de séparation du gâteau gouvernemental. Trop occupés dans des soubresauts pour protéger leurs arrières et alliés dénoncés dans la dilapidation des fonds publics. 

Au pays de Jean Jacques Dessalines, la politique occulte tout.  Des hôpitaux publics dysfonctionnels depuis environ trois mois  à cause d'une grève des médecins résidents. Le nom d’un sénateur de la République aurait été cité dans ce mouvement. La gourde poursuit lentement, mais surement sa dévaluation. L’Université d’État d’Haïti, en crise depuis plusieurs mois, est incapable de bien planifier les concours d’admission. Des parents sont scandalisés devant la forte augmentation des frais scolaires. Autant de questions qui attendent une réponse et que la politique, comme elle se pratique ici à notre détriment, oublie.

 

Jacques Desrosiers

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