Esclave et esclavage: Discours sur le dernier chapitre s’écrivant au Niger

Un collègue de travail m’a un jour raconté une histoire sur l’origine de sa famille, et depuis je suis dans l’admiration pour ce collègue que j’avais déjà apprécié. Il m’a raconté que l’histoire de sa famille remonte aux années 1600 où ses ancêtres, qui étaient proches du roi de France, furent accusés dans un complot contre le roi pour corruption. Lorsque ce dernier apprit la nouvelle, il décida d’organiser une répression contre ses ancêtres, et en massacra plus de la moitié. L’autre moitié eut la chance de fuir en Angleterre où ils modifièrent légèrement leur nom de famille pour ne pas se faire traquer par le roi de France. De l’Angleterre, ils s’embarquèrent pour l’Amérique et s’établirent dans ce qui est aujourd’hui la province canadienne de la Colombie-Britannique. Étant donné que leur nom avait encore une saveur très francophone, pour pouvoir se fondre dans un espace majoritairement anglophone, ils modifièrent une nouvelle fois leur nom de famille qui se termina par « i-l-l-e » pour avoir le nom qu’il porte aujourd’hui qui se termine maintenant avec un seul « l ».

Après m’avoir raconté son histoire, il m’a demandé si j’aurais par hasard une histoire fascinante à raconter sur ma famille. J’ai répondu oui. Pour commencer, j’ai dit : Bonjour! Et tout de suite il a éclaté de rire, pendant que j’étais pourtant très sérieux. Voyant l’expression de mon visage, il a compris que je ne blaguais pas. Alors il m’a prêté son attention. J’ai dit que je m’appelais Wilner Predelus, et que j’étais le produit d’un viol. J’ai expliqué que mes ancêtres furent peut-être des amis du roi de leur pays, ou même membre de la famille royale et qu’ils provinrent vraisemblablement de l’Afrique de l’Ouest. J’ai poursuivi pour dire que mes ancêtres furent vendus au royaume de cette même France qui massacra ses ancêtres, pour travailler comme des esclaves dans les champs de café, de cacao, de canne-à-sucre, de coton, d’indigo qui propulsaient la France au rang des pays riches. J’ai expliqué qu’un colon français viola mon arrière-grand-mère maternelle, ce qui m’a transmis le venin mortel de ce salopard. Mais que, contrairement à ses ancêtres, mes ancêtres firent la guerre à la France coloniale et inhumaine, et l’avaient battue.

En effet, après lui avoir raconté l’histoire « fascinante » de mes ancêtres, mon collègue m’a regardé dans les yeux, et il m’a dit que je devais être fier de mon héritage. Je lui ai assuré que j’étais fier, mais qu’il nous reste encore un dernier chapitre à écrire pour que ma fierté soit parfaite. Je lui ai expliqué qu’après avoir chassé la France, cette dernière s’est arrangée avec les autres puissances esclavagistes pour forcer mon peuple à payer 150 millions d’écus d’or, soit l’équivalent de 50 milliards de dollars en devise états-unienne aujourd’hui, en guise de dédommagement à nos anciens bourreaux : les colons français. J’ai dit à mon collègue que la France n’en était pas encore finie avec notre peuple, et qu’elle se trouve encore aujourd’hui sur le continent africain, en train de les asservir économiquement, politiquement et même culturellement. En fait, pour pouvoir continuer à asservir nos frères en Afrique, la France compte sur les descendants de ceux qui avaient collaboré à la vente de mes ancêtres aux colons français. Tout compte fait, le dernier chapitre verra l’éradication de tous ceux qui collaborent à maintenir les Africains dans la crasse et déshumaniser les Noirs partout dans le monde. Mes arrière-arrière-arrières-grands-parents ne tombèrent pas du ciel. Je lui ai dit enfin que le dernier chapitre doit sceller la fin de la présence française partout sur le continent de mes ancêtres, et que la conclusion du dernier chapitre verra inscrire dans la constitution de la nouvelle Afrique, ce que mes ancêtres prononcèrent à propos des Français sur la terre d’Haïti, à savoir : aucun Français ne doit fouler le sol africain à titre de maître.

Pendant qu’il me regardait parler, j’ai vu des larmes couler sur les joues de mon collègue. Je lui ai dit de ne pas pleurer ma mort parce que je m’en foutais. Il m’a répondu qu’il ne pleurait pas ma mort, mais qu’il était désolé de ce qui arrive à mon peuple. C’est très gentil de la part de mon collègue de sympathiser avec mon peuple, mais moi je n’ai pas besoin de pitié tout comme je n’ai pas besoin de sauveur Russes ou Chinois pour nous aider à écrire ce chapitre. Comme dit le Capitaine Thomas Sankara : « un esclave qui n’assume pas sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort. »

Aujourd’hui, dans la lutte que mène le vaillant peuple nigérien pour se défaire de la chaine de l’esclavage imposée par la France et les autres puissances impérialistes au peuple africain depuis plus de cinq cents ans, des voyous et descendants d’anciens collaborateurs esclavagistes de certains pays de l’Afrique de l’Ouest, comme : Bola Ahmed Tinubu, du Nigeria; Alassane Ouattara, de la Côte-d’Ivoire; Patrice Talon, du Bénin; Macky Sall, du Sénégal; et Faure Gnassingbé, du Togo, veulent faire la guerre aux Nigériens pour rétablir au pouvoir le larbin déchu du système néocolonial français, en l’occurrence Mohamed Bazoum. Un certain Kaka Déby, un petit apprenti criminel placé à la tête de Tchad par l’empereur Macron, à la suite de l’assassinat de son père qui, lui-même, était un ancien dictateur et tortionnaire du peuple tchadien, et ancien collaborateur zélé de l’entreprise coloniale, aurait même offert son pays comme arrière-base pour lancer une attaque contre nos frères et sœur du Niger.  Ces voyous de « chef de tas » se révèlent les dernières pierres du bastion d’un système criminel qui, en plus d’avoir déporté, meurtri, massacré, déshumanisé, esclavagé des millions d’Africains, est retourné sur le continent pour exploiter et piller tout ce qui s’y trouve. Ce système, le seul dans lequel la France arrive en tête de lice sans l’aide d’autres pays, refuse de mourir grâce au dévouement des vassaux français sur le continent. Cela va faire couler le sang de nos frères nigériens qui souffrent déjà tant, mais je crois que cette guerre est une occasion en or pour en finir une bonne fois pour toutes avec la France et ses alliés et conclure le dernier chapitre. Je brûle d’un si grand désir d’être sur le terrain. Après tout, qu’est-ce qu’il reste à un homme si on lui vole sa dignité?

Pendant que je discutais récemment avec un ami d’origine africaine, je lui explique combien cela insulte un Haïtien, ou n’importe quel Antillais, d’entendre parler de relations privilégiées entre l’Afrique et ces colons qui avaient esclavagé nos ancêtres pendant plus de trois cents ans, et maintenir notre peuple dans la misère la plus atroce pendant deux cents autres années. C’est révoltant d’entendre les Français dire que la France ne peut pas perdre le Niger, comme s’il s’agissait de la propriété de la France. Mais c’est désarmant de voir des vilains qui se réclament du continent menacer de faire couler le sang de nos frères et sœurs nigériens pour défendre les intérêts de cette France qui a du mal à fermer cette page sombre son histoire esclavagiste et néocoloniale.

Que ce soit la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie ou les Pays-Bas, presque toutes les anciennes puissances coloniales ont fourni un effort pour vivre de ce qu’elles avaient volé aux Africains, mais la France n’y arrive pas. Cette France est pire que des coquerelles affamées qui infestent les poubelles bourrées de restes humains laissés sur les trottoirs des pays appauvris par elle. Il est temps pour nous d’écrire le dernier chapitre de ce volume pour obtenir le remboursement avec dommages et intérêts de la soi-disant dette de l’indépendance escroquée à Haïti, le dédommagement des descendants des anciens esclaves, le dédommagement pour les autres crimes perpétrés (assassinats, misère, tortures, etc.) et les biens africains volés sur le continent, une excuse publique de la France aux Africains et aux descendants des anciens esclaves.

Dans la conclusion, il sera mentionné qu’aussi longtemps que la France ne satisfait pas ces exigences, il ne peut exister de relations à quelque niveau que ce soit entre la France, et les peuples et descendants africains. Nous devons cesser toutes formes de coopération et de relations diplomatiques avec ce pays, en plus de soutenir la cause de nos frères dans les caraïbes et ailleurs sur le continent américain qui exigent la réparation aux anciennes puissances coloniales pour le crime de l’esclavage. Le seul moyen de contrer la pulsion coloniale chez certains peuples c’est de leur faire réaliser que si la colonisation enrichit à court et à moyen termes, elle n’est qu’un jeu à somme nulle sur le long terme, car même après deux, trois ou cinq siècles plus tard, ils finiront par payer pour les crimes qu’ils commettent aujourd’hui. En effet, cela doit servir d’exemple à l’avenir pour tous les autres peuples qui seraient tentés de s’aventurer dans la commission d’actes barbares pour soumettre d’autres peuples et s’emparer de leurs richesses. Il faut admettre que la naissance de l’État-nation a rendu possibles certaines choses qui, jusque-là, étaient considérées impossibles à réaliser. En fait, depuis au moins six cents ans, la France esclavagiste n’a évolué ni sur le plan idéologique ni sur le plan géographique. Si des pays comme l’Angleterre, le Portugal, l’Allemagne, la Hollande, l’Espagne, l’Italie et la Belgique ont été obligés d’abandonner leurs colonies sur le continent, leurs frontières n’ont pas changé depuis qu’ils ont agressé l’Afrique et sa population pour la première fois. Ceux qui sont faibles aujourd’hui étaient forts à un moment de leur existence. S’ils refusent de payer, leurs enfants payeront demain. C’est aussi simple que cela.

La solidarité de la CÉDÉAO et de l’Union africaine à la cause néocoloniale en Afrique est la preuve flagrante que ces organisations, qui sont censées relever la tête de la personne noire abaissée par la honte de l’esclavage et de la colonisation, n’existent que par la volonté des colons pour augmenter l’efficacité de l’action coloniale sur le continent. J’invite donc les pays déjà affranchis de notre mère Afrique à sortir de ces structures nuisibles pour créer entre eux de vraies organisations panafricaines avec comme mission d’œuvrer à l’émergence économique, politique et culturelle du continent, et à la réhabilitation de la personne noire, non seulement en Afrique, mais partout dans le monde.

Vive le vaillant peuple nigérien! Vive la révolution nigérienne! À bas les puissances néocoloniales et leurs laquais!

 

Wilner Predelus, PhD

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