Alors que plusieurs pays font état de records de contaminations au variant Omicron, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié mardi un bulletin à l’intention de ses États membres relevant le risque « très élevé » du variant Omicron.
Le risque global lié à Omicron reste très élevé pour un certain nombre de raisons, a averti l’OMS dans son document technique signalant que, sur la base sur des données récentes, ce variant a un avantage de « croissance significatif sur Delta, ce qui entraîne une propagation rapide dans la communauté ».
Selon l’OMS, cette hausse rapide des cas entraînera une augmentation du nombre d’hospitalisations. Elle risque également « d’imposer des contraintes écrasantes aux systèmes de soins de santé et entraînera une morbidité importante, en particulier parmi les populations vulnérables ».
En attendant, il existe des « preuves cohérentes qu’Omicron a un avantage de croissance substantiel sur Delta ».
Le variant Omicron se propage beaucoup plus rapidement que le variant Delta dans les pays où la transmission communautaire est documentée. Les taux de croissance ont diminué ou se sont stabilisés dans de nombreux pays, mais restent nettement supérieurs à ceux du variant Delta.
Les raisons d’une dynamique de la transmission
Bien qu’il y ait de plus en plus de preuves que l’évasion immunitaire contribue à la propagation rapide, davantage de données sont nécessaires pour mieux comprendre la contribution relative de la transmissibilité accrue intrinsèque et de l’évasion immunitaire pour expliquer la dynamique de la transmission.
Avec l’évolution de la pandémie, des données sur la gravité clinique des patients infectés par Omicron sont de plus en plus disponibles. Par exemple, les premières études provenant d’Afrique du Sud, du Royaume-Uni, du Canada et du Danemark suggèrent un risque d’hospitalisation réduit pour Omicron par rapport à Delta.
« Cependant, le risque d’hospitalisation n’est qu’un aspect de la gravité, qui peut être modifié par les pratiques d’admission », tempère l’OMS relevant que d’autres données provenant de différents pays sont nécessaires « pour comprendre comment les marqueurs cliniques de gravité - tels que l’utilisation d’oxygène, la ventilation mécanique et les décès - sont associés à Omicron ».
Par exemple, au Royaume-Uni, où la prévalence d’Omicron était estimée à 95% le 30 décembre, plus de 1,1 million de cas ont été signalés au cours de la dernière semaine de 2021, soit une augmentation de 51% par rapport à la semaine précédente. De même, aux États-Unis, où Omicron représente désormais 95% des cas (à compter du 1er janvier 2022), une augmentation de 92% a été observée au cours de la fin de l’année, avec plus de 2,5 millions de cas signalés au niveau national.
Des recherches supplémentaires nécessaires pour déterminer l'efficacité du vaccin contre Omicron
Plus largement, comme pour tous les autres variants du SRAS-CoV-2, les premières données suggèrent que « la gravité d’Omicron augmente avec l’âge et en présence de pathologies sous-jacentes, ainsi que chez les personnes non vaccinées ».
L’OMS signale que les données actuelles sur la gravité et l’hospitalisation proviennent en grande partie de pays où le niveau d’immunité de la population est élevé.
« Il subsiste des incertitudes quant à la gravité d’Omicron dans des populations ayant une couverture vaccinale différente et une exposition antérieure à d’autres variants », fait remarquer l’OMS.
Par ailleurs, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si les vaccins Covid-19 existants offrent une protection adéquate contre le variant Omicron hautement contagieux.
« Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre le potentiel d’échappement immunitaire d’Omicron contre l’immunité induite par les vaccins et les infections, et les réponses spécifiques d’Omicron aux vaccins », a souligné l’OMS.
Dans ces conditions, des données supplémentaires sur l’efficacité des vaccins contre Omicron et sur la nécessité de vaccins adaptés à ce variant seront disponibles dans les semaines à venir, indique l’OMS dans son document.
Sur un autre plan, les premières données suggèrent que les doses de rappel homologues et hétérologues augmentent l’efficacité du vaccin contre l’infection par Omicron et la maladie symptomatique par rapport à Delta.
Une efficacité décroissante des doses de rappel contre Omicron
« Mais une étude a montré une efficacité décroissante des doses de rappel contre la maladie symptomatique causée par Omicron », a précisé l’OMS, rappelant « l’intensification des efforts visant à accélérer rapidement la couverture vaccinale par le coronavirus dans les populations à risque de tous les pays ».
D’une manière générale, l’OMS estime que la menace globale posée par Omicron dépend largement de quatre questions clés : du degré de transmissibilité du variant et de la virulence d’Omicron par rapport aux autres variants ; de l’efficacité des vaccins et de l’infection préalable à protéger contre l’infection, la transmission, la maladie clinique et la mort ; et de la manière dont les populations comprennent cette dynamique, perçoivent le risque et suivent les mesures de contrôle, y compris les mesures barrières.
Selon un décompte établi le 6 janvier dernier, le variant Omicron est confirmé dans 149 pays et entraîne désormais une recrudescence des cas dans la plupart des régions. Au cours de la semaine du 26 décembre 2021 au 2 janvier 2022), l’incidence hebdomadaire mondiale de la Covid-19 a augmenté de 70% par rapport à la semaine précédente. Les Amériques et l’Asie du Sud-Est ont ainsi enregistré les plus fortes augmentations, respectivement de 100% et 78%. La région d’Asie du Sud-Est avait précédemment connu une baisse de la tendance des nouveaux cas depuis juillet 2021.
Actions prioritaires pour les États membres
S’agissant des actions prioritaires pour les États membres, l’OMS note qu’avec l’émergence du variant Omicron, l’utilisation de masques bien ajustés, la distanciation physique, la ventilation des espaces intérieurs, l’évitement des foules et l’hygiène des mains restent essentiels pour réduire la transmission du SRAS-CoV-2.
Il est fortement conseillé de renforcer la surveillance par des tests rapides, des enquêtes par grappes, la recherche des contacts, l’isolement des cas et la mise en quarantaine des contacts pour interrompre les chaînes de transmission.
Toutefois, les interdictions générales de voyager n’empêcheront pas la propagation internationale des variants du SRAS-CoV-2, y compris l’Omicron, et peuvent représenter un lourd fardeau pour les vies et les moyens de subsistance. En outre, elles peuvent avoir un impact négatif sur les efforts de santé mondiaux pendant une pandémie en dissuadant les pays de signaler et de partager les données épidémiologiques et de séquençage.
Depuis le début de la pandémie, près de 306 millions de cas de Covid-19 ont été enregistrés dans le monde dont 5.486.304 décès. Selon un décompte établi le 9 janvier 2022, un total de 9.126.987.353 doses de vaccin ont été administrées dans le monde.