À peine franchi le cap de 500 cas, le système hospitalier haïtien est déjà dépassé

Selon le dernier bilan du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), les cas confirmés de Covid-19 en Haïti s’approchent à peine des 550 cas, et le système hospitalier haïtien s’est déjà effondré. Pourtant, on n’est même pas encore proche des prévisions alarmistes de la communauté internationale ainsi que les spécialistes nationaux.

Tout va mal pour le pays ces derniers temps. Les cas confirmés de coronavirus atteignent une moyenne de plus 50 par jour. Ces deux dernières 24 heures, le pays a enregistré 98 et 77 cas de Covid-19. Le système hospitalier est déjà dépassé par les événements. L’hôpital universitaire de Mirebalais (HUM) n’a plus de lits pour recevoir des patients. Pourtant, des habitants de certains quartiers empêchent l’aménagement de nouveaux espaces pour recevoir les malades de la Covid-19. À Jacmel, une ancienne base des soldats onusiens aménagée pour recevoir des malades a été partiellement incendiée par des individus non encore identifiés.

La semaine dernière, le responsable principal de l’hôpital Saint-Luc à Port-au-Prince avait alerté les autorités du MSPP sur la mort d’une douzaine de personnes présentant tous les symptômes du coronavirus. Par faute de test, des prélèvements post-mortem n’ont pas eu lieu. Aucune confirmation sur une éventuelle contamination au coronavirus. Mais ce qui est essentiel à confirmer et rappeler, la maladie tue. Elle commence d’ailleurs à faire bien des ravages. De toutes les personnes infectées, seulement 21 ont été guéries, et 21 autres sont déjà décédées également.

La majorité des hôpitaux publics fermés

En pleine propagation de la Covid-19, presque tous les hôpitaux publics sont fermés. À Cap-Haïtien, seuls les services d’urgence de l’hôpital universitaire Justinien (HUJ) fonctionnent quelques fois. À Port-au-Prince, l’hôpital de l’université d’État d’Haïti (HUEH), communément appelé l’Hôpital général avait déjà beaucoup de mal à fonctionner avant même la découverte des deux premiers cas de Covid-19 en Haïti le 19 mars dernier. À présent, une bonne partie des services, dont le bloc opératoire, est fermée pour décontamination, en raison du fait que certains membres du personnel ont contracté le coronavirus.

Par ailleurs, le syndicat des employés de l’HUEH a prévu d’entrer en grève à n’importe quel moment. Toujours les mêmes objectifs depuis plusieurs années. Réclamation d’ambulance, de matériels de travail, d’augmentation de salaire et de matériels sanitaires pour recevoir les patients atteints de la Covid-19. En gros, ces employés réclament de meilleures conditions de travail. Ce qu’ils font depuis plusieurs années. Pourtant, le gouvernement a annoncé la semaine dernière avoir reçu la totalité des matériels sanitaires commandés en Chine pour lutter contre le coronavirus et Haïti, soulignant par ailleurs le début d’une distribution. Alors, comment est-ce possible que le plus grand centre hospitalier du pays ne soit pas encore touché par cette répartition ?

C’est un système sanitaire déjà en agonie depuis plusieurs années. Le 24 février 2019, l’agence Bloomberg avait rendu public un rapport sur les nations les plus saines au monde. Sans grande surprise, sur 169 pays, Haïti figurait dans le top 30 des pires nations au monde en matière sanitaires. Première position dans le classement pour l’Amérique. Et pour réaliser ce rapport, l’agence avait tenu compte, entre autres, des variables comme l’espérance de vie, les facteurs environnementaux, l’accès à l’eau potable et l’assainissement. Avec un système de santé pareil, les Haïtiens ont de quoi s’inquiéter face à la propagation de la maladie liée au coronavirus. Pourtant, la population ne se fait aucun souci. Elle attribue la maladie à de la politique au lieu de faire en sorte de l’éviter. Le comportement affiché est digne du comportement d’un peuple négligent qui envisage de défier la maladie en s’appuyant sur le destin.

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