Covid-19 : rapport préoccupant du RNDDH sur la situation des droits humains en Haïti

Le Réseau national de défense de Droits humains (RNDDH) a acheminé au journal un rapport préoccupant sur la situation des droits humains en Haïti dans le contexte de la Covid-19. À travers ce rapport, le RNDDH a analysé, entres autres, la situation des hôpitaux, dans les marchés, du transport en commun et la situation des détenus.À en croire, l’instance de droits humains qui en a proposé certaines recommandations, de janvier à avril 2020, soixante-cinq personnes ont été tuées par balle ou à l’arme blanche, dont sept policiers.

Dans un rapport daté du 5 mai 2020 dont une copie a été acheminée à la rédaction du journal Le National, le Réseau national de défense de Droits humains (RNDDH) a dressé un panorama sombre de la situation des droits humains en Haïti dans le contexte lié à la Covid-19. Selon le Réseau, le système de santé haïtien ne peut, en l’état, faire face à la Covid-19. En effet, l’institution s’est contentée d’analyser douze centres hospitaliers à travers le pays. « Seul le personnel médical de cinq d’entre eux dispose, en quantité insuffisante, de matériels de protection tels que gants et cache-nez », affirme le RNDDH.

D’un autre cote, le réseau a mis en exergue le fait que les deux cents lits disponibles ainsi que les rares services de soins intensifs ne sont pas suffisants pour une population de plus de onze millions d’Habitants. Selon le RNDDH, le manque de « matériels dans les centres de santé et les hôpitaux constitue une violation grave des droits à la vie et à la sécurité du personnel qui y est affecté ».

Faut-il signaler, en date du jeudi 7 mai, le Gouvernement avait reçu une première commande de 500 lits complets, 100 respirateurs artificiels avec accessoires, 250 000 viseurs, 137 000 lunettes de protection, 200 000 masques chirurgicaux, 50 000 masques N95 et 100 chariots de ventilateurs destinés dans la lutte contre le Covid-19. Et en lundi 11 mai, le Gouvernement avait enregistré l’arrivée d’une 2e cargaison contenant 75 500 équipements de protection individuelle (EPI), 25 000 surblouses médicales, 500 lits et 150 000 masques N95.

En outre, pour le RNDDH, dans les marchés et les véhicules de transport en commun, les risques de propagation de la Covid-19 sont très élevés. Se basant sur l’analyse de 14 marchés dans son rapport, le RNDHH croit que les mesures prises par les autorités locales sont disparates et ne peuvent être respectées à la lettre. « …compte tenu de l’exiguïté et la disposition des places dans le bus de transport en commun, la Covid-19 peut facilement être propagée, car les mesures pour réduire le nombre de passagers-ères par convoi ne sont pas suffisants », a souligné le RNDDH qui salue la décision du Gouvernement de rendre obligatoire le port de masque.

En raison du risque énorme de contamination de la Covid-19 qui plane sur les prisons, le Gouvernement haïtien a pris la décision de libérer certains détenus vulnérables dont leurs infractions ne sont pas graves. Le RNDDH est clair. « Le nombre de détenus libérés ne peut permettre le désengorgement des prisons ». Selon l’instance de droits humains, « du 23 mars au 15 avril 2020, la population carcérale haïtienne a bougé en raison de la libération de cinq cent treize détenus-es qui se trouvaient incarcérer dans douze prisons et trois commissariats du pays. Ils ne représentent que 4.61 % de la population carcérale du 23 mars 2020 ».

Pour ce qui a trait à la situation sécuritaire du pays, le RNDDH estime que c’est préoccupant. « Le RNDDH et ses structures en région ont recensé de janvier à avril 2020 soixante-cinq (65) personnes tuées par balle ou à l’arme blanche, dont sept (7) policiers », a précisé le rapport qui estime que la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée dans le contexte lie à la Covid-19 et l’on continue à banaliser la vie humaine.

Par ailleurs, le RNDDH a aussi touché les nombreux cas de bastonnade, d’agressions physiques et verbales perpétrées par des agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) sous prétexte de faire respecter le couvre-feu instauré par les autoritésétatiques. Pour le RNDDH, le pays risque de basculer vers l’état de siège si les autorités gouvernementales ne mettent pas un frein aux dérives.

En guise de recommandations, le Réseau suggère, entre autres, d’ « augmenter la capacité du pays en unités de soins intensifs dans le but de pouvoir maintenir envie et en même temps plusieurs personnes malades », de « s’assurer que les ordres de libérations des détenus-es respectent les critères fixés par les autorités judiciaires ». Le RNDHH exhorte, également, d’enquêter sur les cas de bastonnade et agression tout en prenant des sanctions, d’ « aménager des espaces de quarantaine dans les centres hospitaliers du pays , pour l’isolement des personnes infectées » à la Covid-19.

Wisly Bernard Jean-Baptiste

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