Coronavirus en Haïti: les doutes de la République dominicaine

Le ministre dominicain de la Santé publique, Rafaël Sánchez Cárdenas, ne fait pas confiance aux données fournies par les dirigeants haïtiens en ce qui a trait à la quantité de personnes atteintes du coronavirus en Haïti. Selon les dirigeants dominicains, les conditions de précarité du pays devraient faire plus de victimes que ceux officiellement annoncés.

L’information a été relayée par le journal dominicain Diario libre, après une conférence de presse du ministre de la Santé. En faisant un mis à jour des cas de coronavirus dans son pays, le ministre a donc profité pour apporter un démenti aux autorités haïtiennes qui, selon lui, manipulent les chiffres.

Ainsi, Rafaël Sánchez Cárdenas, appelle à une vigilance accrue le long de la frontière pour empêcher l’entrée sur le sol dominicain des personnes infectées en provenance d’Haïti. Pourtant, son pays compte plus de cas qu’Haïti selon les données officielles. Alors qu’Haïti est à seulement 108 cas de coronavirus, la République dominicaine compte déjà plus de 9 000 cas.

Le ministre indique avoir déjà porté à l’attention de l’Organisation panaméricaine de la santé que les données fournies par les autorités haïtiennes sur COVID-19 ne correspondaient pas aux cas enregistrés dans ce pays. Son appel à la communauté internationale est dans le but d’éviter une catastrophe sanitaire dans le pays.

En effet, ce mercredi, en conférence de presse hebdomadaire, la directrice de l’OPS/OMS, Carissa Étienne, avait effectivement attiré l’attention sur Haïti. Mme Étienne a fait part de son inquiétude et invite les autorités à agir en conséquence. « Nous sommes particulièrement inquiets pour Haïti et je veux tirer la sonnette d’alarme d’une crise humanitaire imminente », a-t-elle déclaré. Une déclaration qui explique ce manque de confiance aux données fournies par les dirigeants haïtiens.

Une déclaration inopportune

Les déclarations du ministre dominicain ont secoué le sentiment nationaliste de la plupart des Haïtiens qui n’ont pas tardé à cracher leur frustration sur les réseaux sociaux. Aussi, des personnalités du corps diplomatique haïtien ont qualifié cette déclaration de M. Cárdenas d’inopportune. L’ancien consul haïtien à Barahona, Nickenson Florial, a vivement critiqué les propos du ministre dominicain de la Santé publique, Rafaël Sanchez Cardenas, notamment pour avoir proposé un renforcement des mesures sécuritaires à la frontière.

Pour le diplomate, il s’agit de déclarations déplacées, inopportunes, démesurées et imprudentes, tout en rappelant les stigmatisations dont sont victimes certaines personnes atteintes du Covid-19 en République dominicaine. Quelques jours de cela, les chanceliers haïtien et dominicain Claude Joseph et Miguel Vargaz avaient évoqué la nécessité de travailler ensemble d’un commun accord pour une lutte plus efficace contre le coronavirus sur l’île. Ces déclarations ont peut-être mis fin à ce projet qui n’a même pas eu le temps de voir le jour.

Il faut toutefois rappeler que depuis l’apparition du coronavirus en Haïti le 19 mars dernier, les pays dits amis d’Haïti, plus particulièrement les États-Unis, ne cessent de déporter les Haïtiens en situation irrégulière. Il faut ajouter à cela, les retours volontaires de 17 000 ressortissants haïtiens. 5 000 autres devraient suivre dans les deux à trois prochaines semaines, selon les prévisions de l’Organisation panaméricaine de la santé. Parmi ces individus, plusieurs ont été en contact avec la maladie. Ce qui ne fait qu’augmenter le risque de propagation de la maladie dans le pays.

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