À moins d’un mois de la saison cyclonique 2020, soit le premier juin, les conséquences des pluies diluviennes se font déjà ressentir dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et dans d’autres régions du pays en pleine crise du Covid-19. Annoncée, selon les experts, comme plus active que la moyenne, cette saison cyclonique risque de compliquer davantage la tâche du Gouvernement haïtien dans sa riposte au Covid-19 en raison de la vulnérabilité accrue du pays.
Après avoir franchi récemment la barre de 100 cas confirmés en Haïti, le Coronavirus (Covid-19) continue à faire son petit bonhomme de chemin, et ceci à moins d’un mois de la saison cyclonique 2020, le premier juin. En effet, à en croire les prévisions des chercheurs de la North Carolina State University (États-Unis), la saison cyclonique s’annonce particulièrement active si l’on tient compte de la moyenne. Ils prévoient entre 18 et 22 tempêtes tropicales sur l'océan Atlantique, le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes.
Avec le pic de l’épidémie qui n’est pas encore atteint, la vulnérabilité environnementale que fait face le pays laisse croire que la saison cyclonique risque de compliquer davantage les efforts du gouvernement haïtien dans sa riposte au Covid-19. La faiblesse du système sanitaire ainsi que des établissements étatiques, l’insécurité alimentaire, le problème de sécurité publique avec les bandits armés conjugués avec le manque de ressources économiques et financières viennent s’ajouter aux défis que le gouvernement se doit de relever pour mettre à l’abri la population.
Cette situation alarmante dont se trouve la population haïtienne ne laisse pas indifférente la directrice de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), le Dr Carissa Étienne, qui a été en conférence mardi 5 mai 2020. Pour la directrice qui tire la « sonnette d’alarme face à une crise humanitaire imminente » dans le pays, il existe un « vrai danger d’une épidémie à grande échelle ». Tout comme la saison cyclonique est pour bientôt, Mme Étienne craint que les nombreux Haïtiens qui reviennent de la République dominicaine, où il y a une grande transmission communautaire, représentent une menace.
Les pluies diluviennes ont déjà touché durement certaines zones du pays, particulièrement la région métropolitaine de Port-au-Prince, avant même le début de la saison cyclonique. Le matin du lundi 4 mai 2020, certains quartiers comme Turgeau , Martissant, Carrefour Rita ont été impraticables en raison d’immondices de toutes sortes, d’alluvions déposées sur la chaussée suite aux averses de la veille au soir.
« Ces pluies qui se sont abattues sur la capitale haïtienne constituent un énième rappel que l’environnement ne doit nullement être négligé, même en période de lutte contre le Covid-19 », a rappelé, 4 mai, l’Association des citoyens protecteurs de l’environnement (Col-Vert Haïti) aux autorités concernées tout en appelant la population à la prudence a moins d’un mois de la saison pluvieuse et cyclonique. En ce mercredi 6 mai encore, faut-il, noter, diverses zones de la région métropolitaine se sont réveillées sous les détritus suite aux orages de la veille.
Comme à l’accoutumée, la moindre goutte de pluie se transforme en piqûre de rappel pour mettre le focus sur l’environnement du pays qui se dégrade de plus en plus et l’incapacité des élus, bref, des gouvernements, à œuvrer pour de bon pour la préservation de l’environnement. En pleine période du Covid-19, les mesures de confinement semblent ne pas être vraiment compatibles avec celles à prendre pour se protéger d’un cyclone comme le fait de trouver refuge chez un ami.
Avec les maisons surpeuplées (distanciation physique difficile) dans les quartiers populaires au temps du Covid-19 et en pleine saison cyclonique, la quarantaine et l’isolement peuvent représenter tout un grand défi.
Wisly Bernard Jean-Baptiste
