Le 3 mai a marqué la Journée mondiale de la liberté de la presse. À l’occasion de cette journée mondiale, célébrée sous le thème : « le journalisme sans crainte ni complaisance », l’UNESCO a rappelé aux gouvernements la nécessité de respecter leurs engagements envers la liberté de la presse. En Haïti, malgré les nombreux affronts dont les professionnels des médias en sont l’objet, cette journée n’a pas été célébrée.
C’est une Journée mondiale de la liberté de la presse sans aucune activité symbolique en Haïti pour marquer cette date. En dépit de la violation des droits des journalistes dans le pays, les associations de médias et de journalistes n’ont pas su profiter de cette journée pour tirer la sonnette d’alarme sur les dérives survenues au cours de ces derniers jours. S’il est vrai que le Covid-19 fait ralentir la plupart des activités, cependant les professionnels de la presse continuent d’exercer leurs métiers. Le président de l’Association nationale des médias haïtiens a quand même relaté sur son compte Twitter que la liberté de la presse n’est ni un cadeau ni un privilège. Pour lui, cette liberté est une conquête fragile qu’il faut entretenir.
Du côté du Gouvernement haïtien, il en a profité de cette journée pour saluer le travail et la mémoire de ces vaillants travailleurs de la presse fauchés par le coronavirus, ou dans d’autres circonstances liées à l’exercice de leur profession ont perdu la vie, dont tous ceux et toutes celles qui ont combattu pour la liberté de la presse en Haïti. Conscients du travail des médias dans la lutte contre le Covid-19, le ministre de la Culture et de la Communication et le secrétaire d’État à la Communication ont souligné le rôle des médias haïtiens dans la lutte contre le Covid-19 dans le pays. Ils ont indiqué que la célébration de ce 3 mai s’est réalisée dans l’ombre du Covid-19 qui a déjà emporté la vie de plus d’une cinquantaine de journalistes à travers le monde.
D’un autre côté, l’Ambassade des États-Unis en Haïti a fait part de son souhait pour une presse sans crainte ni complaisance en Haïti. « En ce moment où nous célébrons la Journée pour l’année 2020, le rôle d’une presse libre et indépendante est plus important que jamais. Le thème de cette année, « le journalisme sans crainte ni complaisance », donne le ton à un moment où la communauté internationale s’unit dans la lutte contre le Covid-19 », publie la représentation des USA en Haïti sur ses comptes officiels.
Faut-il souligner que dans le classement de la liberté de la presse de reporters sans frontières pour l’année 2020, Haïti est classée en 83e sur 180 pays. La liberté de la presse est menacée de jour en jour par les comportements illégaux des forces de l’ordre qui considèrent les journalistes comme des ennemis. Et, les groupes armés illégalement qui n’épargnent pas aussi les travailleurs de la presse dans leur assaut. Jean Léopold Dominique, Brignol Lindor, Jacques Roche, Vladjimir Legagneur et Rospide Pétion sont, entre autres, des journalistes lâchement assassinés au cours de ces 20 dernières années. Jusqu’à présent, la justice haïtienne tarde encore à rendre justice à leur mémoire et à la corporation.
Souventes fois, les médias et les journalistes sont aussi l’objet de menaces graves pour leur ligne d’éditorial et leur opinion. Certains médias et journalistes sont accusés de proche de tel groupe. La tendance à polariser la presse met en doute l’information même que produisent les journalistes. La liberté de la presse devient de plus en plus menacée dans le pays.
Woovins St Phard
