Covid-19 : le couvre-feu sert de prétexte pour violer le droit des journalistes, selon le CARDH

Dans un communiqué daté du 4 avril 2020, portant sur la Journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) est catégorique. « Les journalistes sont victimes physiquement et moralement durant la période du Covid-19 en Haïti ». Pour le CARDH qui croit que le couvre-feu peut servir de motif pour violer le droit des journalistes, le respect des droits de l’homme sera indispensable pour garantir le succès des mesures de santé publique et juguler le Covid-19.

Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’Homme (CARDH), à travers un communiqué de presse du 4 avril 2020, ne passe pas par quatre chemins pour dire que l’administration Moïse-Jouthe viole la liberté de la presse et des droits des journalistes ainsi que tant d’autres citoyens en cette période liée au Covid-19. Pour le CARDH, « le Covid-19 peut servir de prétexte pour faire obstruction à l’exercice de ce droit (NDLR : liberté) et donner lieu à une série de violations de droits humains et des libertés fondamentales ».

Pour l’instance qui lutte pour le respect et la promotion de la dignité humaine, « en cas de circonstance exceptionnelle mettant en péril la vie des citoyens, un gouvernement peut, dans la stricte mesure, prendre des dispositions restrictives de libertés, conformément aux prescrits des articles 4 et 27 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention américaine relative aux droits de l’homme auxquels Haïti est État partie ».

Cependant, le CARDH précise que, « ces mesures exceptionnelles doivent cependant se conformer à des fondamentaux obligatoires, notamment l’adoption d’un texte juridique les justifiant (proportionnalité) ainsi que : leur portée temporelle ; leurs limites (droits intangibles et obligations de droit international) ; les sanctions aux contrevenants ». Pour l’instance de droits humains, l’instauration de l’état d’urgence de l’administration Moise-Jouthe, « laisse comprendre que c’est une administration « prédatrice » des droits humains et des libertés fondamentales ».

Au sens de la Déclaration sur les groupes et organes de la société pour promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus, dit le CARDH, les journalistes sont considérés comme une catégorie de défenseurs des droits humains vulnérable, ils « sont victimes physiquement et moralement pendant la période du Covid-19 en Haïti ». En guise d’exemple, le CARDH a expliqué le cas « de Georges Emmanuel Allen, gravement et lâchement battu et humilié par des policiers et agents attachés au ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, dans la nuit du mardi 28 avril 2020 ».

Tout en se montrant conscient de la dégringolade d’Haïti à la 83e place du classement de la liberté de la presse de Reporter sans frontière (RSF), le CARDH a affirmé que « le couvre-feu illégal et arbitraire instauré par l’administration Moïse-Jouthe aggrave la situation ; il sert de prétexte légal à certains policiers et hommes et femmes armés pour s’attaquer à l’intégrité physique et morale des citoyens : journalistes, petits commerçants, filles de joie… ».

Toutefois, faut-il remarquer, le centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme, demandant à la justice de restaurer les personnes victimes et condamner les auteurs, a rappelé à l’administration Moïse-Jouthe que l’état d’urgence doit obligatoirement être encadré par le droit international des droits de l’homme, exigeant le respect et la protection des droits et de la dignité de la personne humaine pendant la période d’urgence mondiale liée au COVID-19 ». Pour le CARDH l’heure est à la solidarité.

« Le respect des droits de l’homme dans tous les domaines, y compris les droits économiques, sociaux et culturels et les droits civils et politiques, sera indispensable pour garantir le succès des mesures de santé publique et se rétablir de cette pandémie », conclut le CARDH.

Wisly Bernard Jean-Baptiste
 

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