Coronavirus : que souhaitent les autorités pour le pays ?

La gestion inefficace du coronavirus dans le pays fait que la majeure partie de la population ne croit pas encore que ce fléau qui est en train de ravager le monde est présent sur le sol haïtien. Pourtant, toutes les raisons poussent à y croire. En Haïti, la maladie a déjà fait au moins 6 morts pour plus de 70 cas répertoriés. Partout où cette maladie est présente, les dirigeants font tout ce qui est en leur pouvoir pour l’endiguer, tout en rassurant la population. Par contre, en Haïti, les dirigeants ne font que des prédictions de malheur, sans tenir compte de la psychose de peur que cela puisse provoquer.

La première sortie hasardeuse et angoissante de l’État haïtien était la déclaration scandaleuse d’un ministre expliquant que l’État est en train de préparer des fosses communes afin de mettre en terre 1 000 à 1 500 personnes par jour dès la fin du mois de mai. À ce moment, le pays était à seulement 25 cas de coronavirus pour zéro mort. C’était une déclaration de trop et peu réfléchie. Personne ne pouvait s’attendre à une déclaration pareille comme prévision dans un contexte aussi délicat. Au contraire, la prévision par rapport à la maladie serait d’empêcher à la pandémie d’atteindre un chiffre exagéré, en faisant tout ce qui est possible pour le respect des gestes barrières.

Vendredi dernier, la cellule scientifique créée par le président de la République a avancé que le pays pourrait connaitre 20 000 morts. À ce moment précis, le bilan était de seulement 72 cas testés positifs pour 5 décès. Pour une population d’environ 12 millions habitant, 72 cas de coronavirus et 5 décès représentent peu. Ce n’est pas si désastreux comme bilan. Alors, pourquoi pas un effort supplémentaire afin de limiter les dégâts ? Pourquoi à chaque prise de parole les personnes impliquées dans la gestion du Covid-19 en Haïti ne parlent que des milliers de morts d’ici fin mai ? Pourquoi cette envie d’alimenter la panique dans leur façon de communiquer avec la population ? Pourtant, l’essentiel serait d’utiliser les millions déjà collectés en faveur d’Haïti à bon escient, de façon à renforcer les hôpitaux et limiter les dégâts que pourrait causer cette maladie.

On a l’impression qu’un travail de préparation est en train d’effectuer à la base. Ce jour-là, les prévisions de 20 000 morts en Haïti de l’épidémiologiste Patrick Delly ont été relayées par plusieurs médias internationaux. Dans beaucoup de pays sévèrement touchés par le coronavirus, les dirigeants, même en ayant conscience que les dégâts seraient énormes, n’ont jamais pris la liberté de faire ces types de déclarations, même par respect pour la population. Il est vrai que certaines institutions internationales comme l’OMS ont toujours fait des prédictions un peu alarmistes par rapport à la maladie, mais c’est dans un cadre mondial.

Dans le meilleur des cas, au lieu des prédictions de milliers de morts par-ci et par-là le pouvoir central ferait mieux d’intensifier la lutte contre le coronavirus en Haïti. Car, le fait de faire prédire plus de 20 000 morts, alors que rien n’est fait pour endiguer la propagation du virus ressemble à une volonté du Gouvernement de compter des cadavres au lieu d’une réponse proportionnelle à la menace du Covid-19 en Haïti. Aujourd’hui, plus d’un mois après la déclaration de la présence de la maladie sur le territoire même une distribution globale des masques, éléments essentiels dans la lutte du coronavirus, n’a jamais été effectuée. L’ensemble des mesures adoptées par le chef de l’État afin d’accompagner la population reste encore au stade de promesses.

Evens REGIS

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES