Coronavirus: situation inquiétante à la prison des Gonaïves

En pleine pandémie de coronavirus, les conditions sanitaires de détention se détériorent à la prison de la ville des Gonaïves, a observé Le National. L’espace est complètement bondé. Impossible d’appliquer les gestes barrières à l’intérieur d’une cellule. Craignant une éventuelle contagion de la pandémie, des militants de droit de l’homme et des avocats lancent un cri d’alarme.

Conçue pour accueillir au moins une dizaine de détenus, la garde à vue du commissariat Toussaint Louverture est transformée en une cellule de détention. Bizarrement, plus d’une cinquantaine de personnes y sont incarcérées actuellement. C’est la conséquence de la dernière tentative d’évasion enregistrée à la prison civile de la juridiction, a laissé croire Me Adisson Diogène, substitut commissaire du gouvernement.

Face à la menace du Covid -19, le président de la République, M. Jovenel Moise, avait décrété l’état d’urgence sanitaire. Apparemment, le centre carcéral de la cité de l’Indépendance semble n’être pas concerné par cette mesure. Les détenus n’ont absolument aucun moyen de se protéger contre la pandémie. Ces derniers reçoivent, à longueur de journée, des visites. Le risque de contamination est plutôt élevé. Même les policiers ne sont pas épargnés. Me Sixto Mondesir s’est montré très préoccupé. L’homme de loi exige aux autorités concernées de prendre les mesures qui s’imposent en vue de protéger la population carcérale.

À l’intérieur de cette minuscule cellule, c’est la promiscuité, a argué Me Wilgaisse Antoine, jeune avocat au barreau des Gonaïves. « Il n’y a pas si longtemps, j’ai eu un client qui souffrait de toux à l’intérieur de la prison et c’est bien moi qui avais fait des démarches auprès du commissaire du gouvernement pour transporter le malade à l’hôpital », a déploré l’homme de loi tout en dénonçant l’irresponsabilité des autorités.

En temps normal, les conditions de détention ont toujours été considérées comme une violation flagrante de droit de l’homme aux Gonaïves, s’est indigné Me Michelet Dorgilles qui ne cesse de plaider en faveur de la construction d’une prison civile répondant aux normes internationales. Cette crise sanitaire ne fait qu’aggraver la situation des personnes placées en détention, poursuit le défenseur des droits humains, Me Dorgilles. Par ailleurs, il demande que les autorités prennent des mesures urgentes afin de garantir la santé des détenus qui risquent de contracter la maladie.

Le directeur départemental de l’Office de protection du citoyen (OPC), s’est montré, lui aussi, préoccupé par la situation actuelle des détenus au garde à vue du commissariat Toussaint Louverture. Déjà surpeuplée, les moyens préventifs pour se protéger du virus sont quasiment impossibles à mettre en application à l’intérieur de la cellule, estime M. Lejeune Louis. Le responsable promet de sensibiliser les autorités concernées sur la nécessité de régulariser cette situation le plus vite possible afin d’éviter le pire.

La construction d’une prison civile standard dans la juridiction des Gonaïves représente de plus en plus une nécessité. Il y a de cela six (6) mois, 13 femmes détenues ont malheureusement payé la conséquence de l’inconséquence des autorités. Ces dernières ont été victimes de viol collectif à l’enceinte même de la prison. Cette action a provoqué la colère et l’indignation de plus d’un, particulièrement les organisations de femmes. Sans surprise, ce même espace inapproprié d’après certains militants des droits de l’homme est en cours de réaménagement. Les autorités de la place annoncent incessamment le retour des détenus à ce centre carcéral contesté.

Dieulivens JULES,
jdieulivens@gmail.com

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