Qu’a-t-il apporté de positif, ce méchant coronavirus ?

Avec toute la peur-panique et l'insécurité que la crise du coronavirus est en train de répandre, il est difficile d'imaginer que cette pandémie puisse induire des effets positifs. Pourtant, on en observe déjà quelques-uns d’assez significatifs

Par exemple, les écologistes ont constaté que la nature est en train de se rétablir. Grâce aux mesures de sécurité adoptées et appliquées dans le monde entier - annulation de vols, diminution du trafic due aux couvre-feux et à la quarantaine, fermeture d'industries de production -, une réduction des émissions de CO2 et de la pollution atmosphérique a déjà été constatée en Chine.Ses émissions de CO2 en février ont baissé de 25 %.

Qu’on se rappelle qu’en 2019, la planète avait battu le record d’émissions de gaz à effet de serre. Avant que la pandémie ne pousse les nations fortement industrialisées à l’arrêt, il n’existait aucun signe que le réchauffement climatique pouvait régresser. Mais les voyages en avion en février ont aussi diminué de 4,3 % par rapport à l’an dernier. Le plus important est le pronostic de « l’Agence internationale de l’énergie » (AIE) concernant la demande du pétrole, ce produit pourrait régresser jusqu’à 0,7 %.

En Italie, en raison de la fermeture du trafic maritime, l'eau des canaux de Venise sont à nouveau d’une limpidité cristalline, rapportent les écologistes. Résultat : des bancs entiers de poissons y sont visibles. Pour la première fois depuis des années, même les dauphins font des cabrioles dans les ports. Jusqu'à présent, il fallait aller loin en mer pour pouvoir les voir.

Cette crise sanitaire aura toutefois montré que les États et les citoyens peuvent réagir assez rapidement et de manière déterminée lorsqu’ils sont confrontés à un risque d’extinction de masse. D’un coup, tout ce qui il y a peu, paraissait impossible devient possible : les émissions de gaz responsables du réchauffement climatique ont reculé au niveau mondial. C’est bien la première fois depuis la crise financière de 2008 lorsque le PIB des États-Unis avait chuté de 4,3 %. À l’époque, les émissions avaient décru, mais seulement de 0,45 gigatonne. Après, les États ont alors tout fait pour que celles-ci remontent. Malheureusement.

Les écologistes espèrent que ces facteurs positifs vont durer et que le coronavirus n’accorde pas seulement un répit au réchauffement climatique, mais qu’il occasionnera un changement de paradigme. Mais connaissant l’avidité des compagnies multinationales, ce répit pour la nature et pour l'environnement peut être de courte durée et une fois la pandémie maîtrisée, l’humanité reprendra ses mauvaises habitudes.

L’autre avantage du coronavirus est que les mesures d'hygiène simples sont devenues comme allant de soi pour nous. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Les médias - sociaux ou traditionnels - expliquent à qui mieux mieux comment se laver soigneusement les mains, par exemple, peut réduire le risque d'infection par le coronavirus ainsi que par la grippe et les rhumes légers. Qu’il faut tousser dans le coude. Qu’il convient de booster son système immunitaire pour faire face au virus et à tous autres agents pathogènes. Plus que jamais l'hygiène et quelques produits naturels comme l’ail, la cannelle, le gingembre, etc. sont donc pris au sérieux.

On remarque aussi une amélioration au niveau des relations interpersonnelles. Malgré l’isolement, la cohésion sociale est plus perceptible. L’homme est un animal social. Malgré le confinement, les interdictions de contact, la quarantaine et la distance, les gens ne perdent pas leur instinct grégaire. En particulier, les personnes âgées ou les personnes souffrant de maladies préexistantes appartenant au groupe à risque se voient offrir un soutien. On leur propose de l’aide pour faire leurs achats ou leur procurer des médicaments. Les familles peuvent compter sur l'aide des voisins pour la garde des enfants, etc. Sans compter les applaudissements dont est l’objet le personnel de santé tous les soirs, à partir de 20 heures, que ce soit en Allemagne, en France, en Italie, en Espagne ou en Belgique. La notion de voisinage est redevenue une réalité. L'utilité et la considération sont donc à nouveau plus importantes. Des valeurs morales de base qui ont malheureusement trop perdu de leur importance dans la vie quotidienne normale.

Relations internationales

Si dans les rapports interindividuels, les choses se sont quelque peu améliorées, au niveau des relations internationales, la solidarité n’est pas aussi claire. Comme toujours, elle dépend des intérêts nationaux bien que la pandémie ainsi que les catastrophes écologiques soient de nature globale.Depuis le déclenchement de la pandémie, on a constaté par exemple que l'Occident s’est replié sur lui-même. L’Amérique de Trump est même allée jusqu’à supprimer ses subventions de 400 millions de dollars à l’OMS, accusant cette organisation de n’avoir pas prévu cette pandémie et d’être à la solde de la Chine. Pourtant le président américain a, lui-même, mis du temps avant de prendre au sérieux le danger cette pandémie : au début il parlait de fake news. Après, il a qualifié le Covid-19 de « virus chinois », sans se soucier de l’effet négatif que cette désignation abusive pouvait avoir pour l’image de la communauté asiatique des États-Unis.

En revanche, la Chine, pays par lequel le scandale est arrivé, essaie de refaire peau neuve. Elle s’est glissée dans le fossé de solidarité creusé par l’Occident. Une fois que ce pays s’est rétabli, il fait tout pour faire oublier d’où était venu le virus. Le gouvernement chinois a offert une aide d'urgence à 83 pays. La Grèce a reçu des masques de protection, l'Italie des respirateurs et l'Ukraine, des désinfectants. La Chine a envoyé des experts médicaux en Irak et des kits de tests en Indonésie. Alors que la fondation d'Alibaba, Jack Ma, envoie des secours (soit 20.000 kits de tests, 100.000 masques et 1000 combinaisons de protection) à chacun des 54 pays du continent africain. Le gouvernement chinois annonce son intention de construire des salles d'isolement individuelles dans les hôpitaux. Il négocie avec le Pérou pour fournir l'un des hôpitaux préfabriqués comme ceux réalisés à Wuhan.

Jamais auparavant, depuis sa fondation, dit-on à Pékin, la République populaire n'a autant fourni une aide humanitaire d'une telle ampleur. Accusée de discrimination envers les Africains sur son territoire, la Chine a promis « d’améliorer » ses méthodes. Rejetant tout « racisme », les responsables chinois se sont engagés la semaine dernière à tout faire pour « améliorer » le traitement des Africains dans la ville de Canton où certains ont subi l’ostracisme. À cause de tous ces efforts, beaucoup d’observateurs pensent qu’il se peut qu’après la crise, les relations de la Chine avec les pays en difficulté modifient l'équilibre des pouvoirs dans le monde. Pas étonnant, car la générosité paie mieux que le repli sur soi et l’égoïsme.

Suite à l’appel de 18 chefs d’État européens et africains, le G20 suspend pour une durée d’un an la dette de 40 pays africains « pour les aider contre le Covid-19 ». Il s’agit de 20 milliards de dollars environ. Malheureusement il ne s’agit que d’un report de la dette, et non d’une annulation. Pour le président français Emmanuel Macron qui plaide en faveur d’une suppression totale, ce moratoire est cependant « une étape indispensable » en attendant soneffacement. Selon les données de la Banque mondiale datant d’octobre 2019, l’encours de la dette des pays en développement s’est alourdi à 7 800 milliards de dollars en 2018.

En ce qui concerne les programmes d'aide pour les pays de l'Union européenne, le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller, a demandé à la Commission économique européenne d’élargir le plan Marshall de lutte contre le coronavirus à l'Afrique. Il a également réclamé la fermeture du camp de réfugiés de Moria sur l'île grecque de Lesbos dans les plus brefs délais. « Une horreur », selon lui. Conçu à l'origine pour seulement 3 000 personnes, aujourd’hui environ 20 000 réfugiés y vivent dans les pires conditions, dont la moitié sont des enfants, dénonce-t-il.Il met en garde contre une propagation du virus qui risque de faire des centaines de victimes. « Il faut éviter cette catastrophe ! ». Cet appel sera-t-il entendu par ceux qui ont les moyens d’épargner au monde cette dérive ?

Huguette Hérard
 

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