Coronavirus : l’État haïtien joue avec la menace

En dépit de l’annonce d’un train de mesures, le pays continue de fonctionner comme avant. Même les institutions publiques sous-estiment la menace du Covid-19. Les institutions étatiques continuent de fournir les services comme avant, sans respecter les mesures prises par le pouvoir en place. Certaines entreprises privées et le secteur du transport en commun font peu de cas de la menace.

L’administration publique fonctionne comme à l’ordinaire, même avec l’imposition d’un roulement pour le personnel. Dans certaines institutions, la rotation annoncée par Jovenel Moïse n’est pas effective. Les employés continuent de travailler dans des espaces coincés sans pouvoir respecter la distanciation. Les marchés publics, le transport en commun continuent de fonctionner comme avant. C’est comme si on joue avec la menace du Covid-19. Le secteur sanitaire est sans armes face au coronavirus. De nombreux citoyens haïtiens sont préoccupés par l'incapacité du système sanitaire haïtien à répondre aux urgences.

Plusieurs hôpitaux publics ont annoncé qu’ils ne seront pas impliqués dans la prise en charge de malades du Covid 19. Au niveau du département du Nord, des hôpitaux choisis par le pouvoir pour recevoir les cas qui nécessitent des soins dans un établissement de santé n’ont pas été informés de la décision. Outre des matériels appropriés, les médecins et infirmières des hôpitaux publics réclament un ajustement de salaire afin de continuer à donner de leur personne. Dans le cadre de leurs revendications, d’autres membres du système sanitaire sont en grève depuis plusieurs jours. L'absence de logistique appropriée à l’HUEH comme dans d’autres hôpitaux du pays fait redouter une contamination à grande échelle en Haïti.

L’État haïtien même est en train de jouer avec la menace. Les autorités ne jouent pas le de la transparence, en ce qui concerne la diffusion des informations sur le Covid-19. Quand ils annoncent la détection d’un nouveau, ils indiquent seulement le département où il se trouve. À part cela, aucune information sur la commune, la section communale où ce cas a été détecté en vue d’alerter la population de cette zone pour une augmentation plus sévère des mesures de précautions. L’État bafouille même à propos de l’aide internationale, en prenant pour preuve l’annonce du déploiement d’une brigade sanitaire cubaine.

La zone de Saint-Michel de l’Attalaye où le premier cas a été recensé est mise dans une fausse quarantaine. Elle est encore libre d'accès, selon les riverains de la zone, sur une station de radio de la capitale. Les mesures de prévention adoptées par l'État ne sont pas respectées. Aucun travail de désinfection n'a été effectué au niveau de l'orphelinat du Belge qui a atterri en Haïti avec cette maladie. Pourtant, les autorités veulent donner l’impression qu’ils ont le contrôle de la situation et qu’ils sont en train de tout faire pour éviter la propagation de la maladie. Mais la réalité des couches vulnérables de la population prouve le contraire. Et cela devait nous inquiéter face à cette menace qui plane sur le monde entier.

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