L’ONU appelle à examiner les moyens de libérer des prisonniers vulnérables au Covid-19

La haute-commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme, Michelle Bachelet, est claire. Dans les centres de détention, le coronavirus (Covid-19) risque de causer des « ravages ». Les autorités devraient examiner les moyens de libérer les détenus les plus âgés, ceux malades ainsi que les délinquants présentant un risque faible. Mme Bachelet a indiqué cela dans un communiqué de l’ONU réclamant des mesures urgentes pour les prisons. Or, Haïti, déjà avec une surpopulation carcérale, des gangs armés qui s’exhibent sur les réseaux sociaux avec des armes de guerre, cela pourra compliquer la tâche du gouvernement.

Depuis bien avant l’apparition du coronavirus (Covid-19), Haïti fait face à une surpopulation carcérale énorme. Dans une lettre adressée au président du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN) d’alors, en l’occurrence Jean Michel Lapin, datant du 7 février 2020, le directeur exécutif du Réseau national de Défense des droits humains (RNDDH), Pierre Esperance, a souligné les « problèmes de surencombrements cellulaires, de galle, de grattelle, de tout autres maladies contagieuses qui font rage en prison », en Haïti. Aussi bien, M. Esperance a relaté les problèmes de détention préventive illégale et arbitraire ainsi que l’incapacité de l’État a fourni à manger aux détenus. Des jours ont passé, et le Covid-19 vient s’ajouter au lot de problèmes existants.

Pour la haute-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, la pandémie du Covid-19 risque de causer des « ravages » dans les prisons. « Dans de nombreux pays, les centres de détention sont surpeuplés, et représentent même un danger dans certains cas. Les gens sont souvent détenus dans de mauvaises conditions d’hygiène et les services de santé sont insuffisants, voire inexistants. L’éloignement physique et l’isolement sont pratiquement impossibles dans de telles conditions », a alerté Mme Bachelet dans un communiqué de presse en date du 25 mars 2020.

Selon Mme Bachelet, les gouvernements et les autorités compétentes devraient travailler pour protéger et réduire le nombre de personnes en détention dans leur plan d’action. Ainsi, elle croit que les autorités devraient examiner les moyens de libérer les détenus les plus âgés, ceux malades ainsi que les délinquants présentant un risque faible. « Aujourd’hui plus que jamais, les gouvernements devraient libérer toute personne détenue sans fondement juridique suffisant, y compris les prisonniers politiques et les personnes détenues simplement pour avoir exprimé des opinions critiques ou dissidentes », a indiqué Mme Bachelet.

En effet, faut-il signaler que suite à l’annonce des deux premiers cas du Covid-19 sur le territoire haïtien, le Premier ministre Joseph Jouthe avait demandé au ministère de la Justice et de la Sécurité publique d’entamer le processus permettant de libérer les détenus qui ont commis un délit léger.

Intervenant ce matin 26 mars 2020 sous les ondes, le doyen près le tribunal civil de Jacmel, Wando Saint-Villier croit avec l’état d’urgence sanitaire déclaré sur le territoire national qu’il y a « urgence »de décongestionner les prisons, mais cela ne peut se faire de n’importe quelle manière. Pour lui, la menace du Covid-19 est sérieuse et les citoyens doivent prendre leurs responsabilités.

À côté de la menace du Covid-19 qui tient l’actualité internationale et nationale en haleine, l’insécurité sur toutes les formes est toujours présente en Haïti. Des hommes armés continuent de commettre leurs forfaits dans certaines zones. Un policier a été tué mercredi 25 mars, suite à une altercation avec un collègue à Pétion-Ville. En outre, force est de constater tout au début de cette semaine, des bandits armés qui n’entendent pas chômer et qui sont recherchés par la Police nationale d’Haïti (PNH) s’exhibent à travers des vidéos sur les réseaux sociaux avec des armes de guerre.

Si la responsabilité revient à l’État central de protéger tous les citoyens, certains estiment, que les propositions qui sont à l’étude en vue de gracier des détenus comme l’a indiqué le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Bernard Saint-Vil, doivent se faire en toute prudence et dans la protection de chacun.
 

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